Evénement historique
Insurrection de Berlin-Est – 1953
Contexte
  • Avec l’effondrement de l’Allemagne nazie, suite à la Seconde Guerre mondiale, Berlin-Est se voit occupée par un gouvernement du parti socialiste unifié (SED) inspiré de l’Union soviétique. Cette zone d’occupation appartient à l’État de la RDA, fondé le 7 octobre 1949, dont le président est Walter Ulbricht, premier secrétaire du SED, un proche de Joseph Staline.
  • L’objectif du Congrès du SED de juillet 1952 est la « construction du socialisme » en RDA. Aussi réorganisent-ils la politique agricole (réquisition des terres des Junkers, nobles propriétaires terriens, au profit de l’État), nationalisent l’industrie, etc. De nombreuses répressions sont menées, contre les associations d’étudiants et les groupes religieux notamment. En outre, le niveau de vie de la population baisse considérablement.
  • Mais la mort de Staline, le 5 mars 1953, laisse la place à Lavrenti Beria. Dès lors, une politique de détente s’amorce.
  • Le 9 juin 1953, Ulbricht reconnaît dans le Neues Deutschland, quotidien du parti politique, certaines erreurs commises par le parti et annonce de nouvelles réformes, notamment envers la liberté de culte, le traitement de la classe paysanne, etc. Pour autant, il ne change rien à la condition ouvrière, oppressée, qui se sent exclue de ce nouveau programme.
Déroulement

Le 16 juin 1953, les ouvriers qui travaillent sur le chantier de la Stalinallee – soit l’avenue de Berlin-Est, fer de lance de la RDA – manifestent contre les nouvelles donnes imposées par le gouvernement. En effet, ce dernier exige, à la mi-mai pour la fin juin, d’accroître de 10 % la production sans augmentation de salaire. Une dizaine de milliers d’ouvriers se réunit devant le siège du gouvernement afin de parler aux autorités en vigueur (Otto Grotewohl et Walter Ulbricht). Un appel à la grève générale est lancé, notamment par Ernst Scharnowski, responsable du DGB (confédération des syndicats de l’industrie) qui réclame la démission du gouvernement et des élections à bulletin secret. Cette rébellion se propage le lendemain à toutes les villes de la RDA. La grogne augmentant, de nombreux bâtiments d’État sont incendiés. L’état de siège est décrété.

Ulbricht, allié à la Stasi (Sécurité de l’État), envoie les chars de l’Armée rouge et réprime la révolte dans le sang. On compte une centaine de morts. Une vingtaine de personnes est condamnée à mort. Parmi la dizaine de milliers de personnes qui sont arrêtées, environ 2 000 sont condamnées à faire de la prison. Certaines purgeront leurs peines dans des goulags en Union soviétique. Les autorités mettront plus de deux jours à rétablir l’ordre.

Ce soulèvement coûte à Beria sa place, le 26 juin ; il sera exécuté six mois plus tard sur les ordres de Nikita Krouchtchev.

Conséquences
  • La RFA ainsi que l’Occident, occupées à panser les blessures causées par la Seconde Guerre mondiale, ne se mêlent pas du conflit. Dès lors, des milliers d’Allemands passent à l’Ouest pour éviter la répression, ce qui engendrera l’érection du mur – symbole du rideau de fer – au cœur de Berlin, le 13 août 1961.
  • La RFA décrétera le 17 juin comme jour férié en hommage à l’insurrection berlinoise.