- Le 9 décembre 1905, Aristide Briand fait voter la loi de séparation des Églises et de l’État. La IIIe République, né en 1870 après la guerre franco-prussienne, met fin au Concordat que Napoléon avait mis en place en 1801. Les Républicains favorables à la laïcité, comme Jules Ferry, ne sont pas forcément des athées. Ils souhaitent combattre le conservatisme de l’Église, associé à celui de l’Ancien Régime (l’Église avait soutenu sans réserve l’Empire napoléonien).
- En 1882, la loi Ferry rend l’enseignement obligatoire, mais aussi laïque. Dès 1901, des mesures anti-congréganistes préfigurent cette séparation : les congrégations n’ont plus le droit d’enseigner, et se voient confisquer leurs biens.
- La loi de 1905 « assure la liberté de conscience », tout en garantissant « le libre exercice des cultes ». Mais elle « ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». L’État n’intervient plus dans les affaires religieuses, et la liberté de culte doit s’exercer dans le respect de l’ordre public. Cette loi ne s’applique pas en Alsace-Moselle, ou encore en Guyane.
La loi touche directement le monde religieux d’un point de vue financier, car l’État français ne rémunère plus les ministres des cultes, et les biens des Églises deviennent propriétés de l’État : c’est sur cette question que des crispations vont se faire sentir.
En effet, Aristide Briand avait assuré que l’application de la loi se ferait sans problème. Puisque l’État devient propriétaire des biens matériels, il doit établir un inventaire. La loi prévoit que l’inventaire des biens se fasse en présence des deux partis, pour que tout vol ou abus soit évité. Mais les députés catholiques montent au créneau, et cet inventaire est considéré comme un viol d’objets sacrés. Des affrontements ont lieu, et un mort est à déplorer au cours de ces inventaires.
Si les évêques n’adoptent pas une position de refus, le pape condamne fermement en février 1906 la loi de séparation. L’arrivée de Clemenceau à la tête du gouvernement apporte un certain apaisement.
- Les débats et tensions entre catholiques et républicains ne s’estompent pourtant pas totalement. Les querelles idéologiques continuent au cours de la première moitié du XXe siècle. Les relations diplomatiques avec le Vatican reprennent à partir de 1921. Le principe de laïcité est constitutionnalisé lors de la Constitution de 1958.
- Aujourd’hui encore, la loi de séparation de 1905 régit le rapport des Français à la religion. L’État, par exemple, est propriétaire des églises en France, mais les laisse gratuitement à disposition des institutions religieuses. L’État se charge d’entretenir le bâtit, qui a valeur de patrimoine. En revanche, toute nouvelle construction doit être financé par le culte, et non par l’argent public.