- Depuis les années 1970, des régimes autoritaires régissent les pays du monde arabe. La société est écartée des prises de décision. Entre 1990 et 2000, les politiques publiques sont en forte baisse, les infrastructures sont vieillissantes, le domaine de l’éducation en pâtit pleinement.
- Dans les années 2010, les moins de 24 ans représentent entre 50 et 70 % de la population. Cette vague de naissances des années 1980 arrive sur un marché du travail saturé, et rencontre le chômage de masse. La jeunesse des pays arabes se politise : elle boycotte les produits israéliens lors de la seconde Intifada (2000), et dénonce l’intervention américaine en Irak en 2003.
- L’expression « Printemps arabe » fait écho au « Printemps des peuples » européen (1848) ou encore au « Printemps de Prague » (1968).
C’est au début de l’année 2011 que le Printemps arabe démarre : un jeune diplômé tunisien, vendeur ambulant, s’immole en décembre 2010 alors que sa marchandise est saisie par la police. Des contestations démarrent et gagnent Tunis le 11 janvier. L’ampleur est telle que le président Ben Ali fuit le pays pour l’Arabie Saoudite. Les mouvements se diffusent, comme un effet domino, mais les réponses et les aboutissements divergent selon les pays. En Égypte, Moubarak quitte le pouvoir et laisse place à un régime démocratique. En Algérie, en Arabie saoudite, au Maroc ou en Jordanie, les gouvernements en place font des concessions et des annonces sociales (création de postes dans la fonction publique, levée de l’état d’urgence, réforme constitutionnelle) pour désamorcer le mouvement contestataire. En revanche, en Lybie, la situation tourne à la guerre civile, et la Syrie, elle, entre dans une logique de répression sévère.
Les pays occidentaux tâtonnent dans leurs positions diplomatiques face aux mouvements de contestation : Michelle Alliot-Marie, ministre des Affaires étrangères, propose de partager le savoir faire des forces de sécurité française aux autorités tunisiennes en janvier 2011, propos qui feront alors polémiques.
Les mobilisations massives sont d’une nature nouvelle pour les dirigeants arabes : les mots d’ordre sont apolitiques, et les slogans, comme « Dégage » ou « Pain, Dignité, Humanité, Liberté », fédèrent une masse importante de jeunes sur une longue durée, malgré les forces de police fortement mobilisées. L’utilisation de nouvelles technologies et des réseaux sociaux permet une communication et une médiation qui dépasse les censures gouvernementales.
- Si la seule année 2011 a vu d’importants changements, le Printemps arabe s’inscrit dans la longue durée : la Tunisie a mis en place un régime démocratique avancé, et la Syrie est toujours en proie à une violente guerre civile.
- Des vagues de migrations importantes ont lieu au moment du Printemps arabe : l’île de Lampedusa, en Italie, accueille alors un grand nombre de réfugiés.
- Une intervention militaire en Lybie, initiée par la France et validée par l’ONU, est lancée le 27 mars 2011, et aboutira à la chute de Kadhafi.