L’Allemagne s’enlise dans le premier conflit mondial. L’arrivée massive des forces américaines achève de convaincre l’état-major de l’impossibilité d’une victoire. Si, dans les deux camps, les efforts sont colossaux, Outre-Rhin, la situation économique est catastrophique en raison notamment du blocus de la Triple Entente. L’inflation engendre des pénuries qui s’ajoutent à la misère des combats… Des manifestations jaillissent à travers tout le pays.
Les révoltes ouvrières, initiées par des syndicalistes comme Richard Müller, apparaissent en janvier 1918 à Berlin. Non contents de souhaiter la fin du conflit, les grévistes réclament une démocratisation des institutions. Les manifestations contaminent de nombreuses villes. Les modérés du parti social-démocrate (SPD) prônent une voie révisionniste par la réforme, tandis que le parti social-démocrate indépendant (USPD) pousse à la révolution, notamment le groupe radical de la Ligue spartakiste dirigé par Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg. Philipp Scheideman et Otto Braun (SPD), soutenant l’effort de guerre, obtiennent la reprise de l’industrie.
Le 28 octobre 1918, l’état-major demande aux marins basés à Whilhemshven et Kiel une bataille pour l’honneur, déclenchant une mutinerie sans précédent. On parle des mutineries de Kiel. Ils sont rejoints d’abord par les ouvriers des chantiers, puis l’insurrection s’étend au pays entier. Des conseils d’ouvriers et de soldats se créent dans les villes principales, engendrant un double pouvoir ; c’est la révolution de Novembre. Pour sauver l’Allemagne d’une révolution « à la russe », le SPD réclame la création d’un système parlementaire et l’abdication de l’empereur, qui a lieu le 9 novembre 1918. Le lendemain, la Commission des Commissaires du Peuple est créée (CCP).
La République de Weimar, présidée par Friedrich Ebert, signe l’armistice le 11 novembre. Courant décembre, de nouvelles manifestations ouvrières sont organisées par les spartakistes, soutenues par de très nombreux marins de Kiel qui marchent sur Berlin. Lors de ce « Noël sanglant », Gustav Noske écrase la rébellion. Les spartakistes créent le premier parti communiste d’Allemagne (KPD), le 1er janvier 1919. L’éviction du préfet Emil Eichhorn (appartenant à l’USPD) par Paul Hirsch, déclenche le 5 janvier des émeutes, à Berlin, où un appel à la grève générale est lancé. La révolte spartakiste s’achève par l’assassinat de Liebknecht et Luxemburg (15 janvier 1919) par des militaires. Le 19 janvier est votée l’Assemblée constituante de la République de Weimar. De nouvelles grèves ont lieu entre février et mars, mais le manque d’organisation entre les différents conseils empêche la révolution d’aboutir.
Ces différentes vagues révolutionnaires qui inondent l’Allemagne à partir de 1918 affaiblissent le pouvoir et provoquent la chute de l’empire allemand. Cet état d’esprit insurrectionnel ébranlera aussi la République de Weimar naissante qui, chancelante, laisse s’installer les extrêmes. Ainsi, le parti communiste tentera un putsch en octobre 1923 suivi, trois semaines plus tard, par le nationaliste Hitler, au cœur d’une République faible qui ne peut que s’éteindre.