Les Mille et Une Nuits regroupent plus de 150 contes d'origines indienne, perse et arabe, racontés puis écrits entre le Ve et le Xe siècles.
Ces contes ont été traduits en Français par Antoine Galland, diplomate en poste en Turquie. Il les fait publier pour la première fois entre 1704 et 1717.
L’histoire originelle de ces contes est celle du sultan Shariar et de sa femme Shéhérazade. Celle-ci s’est portée volontaire pour épouser Shariar car elle souhaitait mettre fin à la folie de son mari qui mettait à mort chacune de ses épouses au matin de la nuit de noces.
Shéhérazade propose au sultan de lui conter une histoire. Lorsque l’aube paraît, l’histoire n’étant pas terminée, le sultan lui laisse la vie sauve afin de connaître la suite du récit. Ainsi, chaque soir, Shéhérazade poursuit son récit qui est interrompu chaque matin.
Cette histoire sert donc de cadre à tous les autres contes qui sont enchâssés les uns dans les autres. Chaque morceau d'histoire correspond à une Nuit.
Entre les nuits 69 et 90, Shéhérazade propose l’histoire de Sindbad, riche marchand, qui va lui raconter comment il est devenu riche, au travers de ses aventures, au nombre de 7.
Shéhérazade : Shéhérazade est la femme du sultan ; c’est la conteuse de toutes les histoires. Shariar : Shariar est le sultan qui écoute les récits de sa femme, en attendant que l’aube se lève. Hindbad : Hindbad est le porteur de l’histoire de Shéhérazade, celui à qui Sindbad raconte son aventure. Sindbad : Sindbad est un marchand qui fait du commerce d’épices et de produits qu’il récupère d’île en île. Il est marin. Mihrage : Mihrage est le roi de l’île sur laquelle accoste Sindbad et avec qui il va se lier.
Le merveilleux : Les Mille et Une Nuits sont des contes merveilleux. Les voyages de Sindbad regorgent donc d’événements, de personnages ou d’animaux extraordinaires.
Ainsi la première île est en fait une baleine géante. Immobilisée très longtemps car endormie, des arbres ont poussé sur son dos !
De même, il est question des juments du roi Mihrage, qui sont fécondées par un cheval marin qui sort de l’eau.
Le voyage : Les voyages de Sindbad sont ancrés dans une réalité géographique. Sindbad vient de Bagdad. Il embarque au port de Bassorah et part vers les Indes Orientales, en traversant le Golfe Persique.
Ces éléments tendent à rendre le récit réel.
Le lexique des épices et des produits exotiques : Sindbad est un marchand. Son commerce fonctionne par troc : il échange des produits de chez lui contre des produits des pays et contrées qu’il visite. En rentrant chez lui, il pourra revendre ces produits exotiques plus cher.
Dans ce récit, on trouve de l’aloès, du camphre, des clous de girofle, du gingembre, de la muscade, du poivre et du santal.
Sindbad, qui a dépensé tout l’héritage de son père, décide de partir en mer pour tenter de reconquérir sa fortune.
Son capitaine et l’équipage accostent sur ce qu’ils croient être une île. En réalité, c’est une baleine géante qui, réveillée, plonge. Certains se noient. Le capitaine et une partie de son équipage rembarquent sur leur bateau et fuient, laissant Sindbad qu’ils n’ont pas vu, accroché à un bout de bois.
Sindbad dérive alors jusqu’à une île, celle du roi Mihrage, avec qui il va nouer des liens amicaux. Cette île regorge de richesses dont Sindbad peut profiter. Il guette toujours l’opportunité de retourner à Bagdad en regardant les bateaux qui transitent par le port de l’île.
Et un jour, c’est son capitaine qui accoste. Celui-ci ne le reconnaît pas tout de suite. Mais grâce à d’autres membres de l’équipage, il va pouvoir récupérer ses biens et rentrer chez lui, non sans emporter les présents qui lui ont été offerts et quelques produits locaux qu’il pourra revendre dans son pays. C’est le début de sa fortune.
Début du récit de Sindbad :
« J’avais hérité de ma famille des biens considérables, j’en dissipai la meilleure partie dans les débauches de ma jeunesse ; mais je revins de mon aveuglement, et rentrant en moi-même, je reconnus que les richesses étaient périssables, et qu’on en voyait bientôt la fin quand on les ménageait aussi mal que je faisais. Je pensai de plus que je consumais malheureusement dans une vie déréglée, le temps, qui est la chose du monde la plus précieuse. Je considérai encore que c’était la dernière et la plus déplorable de toutes les misères, que d’être pauvre dans la vieillesse. Je me souvins de ces paroles du grand Salomon, que j’avais autrefois ouï dire à mon père : ‟Il est moins fâcheux d’être dans le tombeau que dans la pauvreté.” »
Shéhérazade interrompt son histoire à un moment crucial pour donner envie au sultan de connaître la suite et donc, pour qu’il ne l’exécute pas :
« Mais dans le temps que nous nous divertissions à boire et à manger, et à nous délasser de la fatigue de la mer, l’île trembla tout-à-coup, et nous donna une rude secousse…
À ces mots, Shéhérazade s’arrêta, parce que le jour commençait à paraître. Elle reprit ainsi son discours sur la fin de la nuit suivante. »
Un épisode de merveilleux :
« Il y a sous la domination du roi Mihrage, une île qui porte le nom de Cassel. On m’avait assuré qu’on y entendait toutes les nuits un son de timbales ; ce qui a donné lieu à l’opinion qu’ont les matelots, que Degial y fait sa demeure. Il me prit envie d’être témoin de cette merveille, et je vis dans mon voyage des poissons longs de cent et de deux cents coudées, qui font plus de peur que de mal. Ils sont si timides, qu’on les fait fuir en frappant sur des ais. Je remarquai d’autres poissons qui n’étaient que d’une coudée, et qui ressemblaient par la tête à des hiboux. »Sindbad est avant tout un marchand :
« Mais avant mon embarquement, j’échangeai les marchandises qui me restaient contre d’autres du pays. J’emportai avec moi du bois d’aloës, de santal, du camphre, de la muscade, du clou de girofle, du poivre, et du gingembre. Nous passâmes par plusieurs îles, et nous abordâmes enfin à Balsora, d’où j’arrivai en cette ville avec la valeur d’environ cent mille sequins. »Le récit de Shéhérazade se poursuit avec d’autres aventures de Sindbad, qu’elle continue de raconter à travers lui :
« Sindbad s’étant arrêté en cet endroit, ordonna aux joueurs d’instruments de recommencer leurs concerts, qu’il avait interrompus par le récit de son histoire. On continua jusqu’au soir de boire et de manger ; et lorsqu’il fut temps de se retirer, Sindbad se fit apporter une bourse de cent sequins, et la donnant au porteur : ‟Prenez, Hindbad, lui dit-il, retournez chez vous, et revenez demain entendre la suite de mes aventures.” »