Fiche de lecture
« Vassilissa-la-très-belle », Alexandre Afanassiev
Contexte

« Vassilissa-la-très-belle » est un conte populaire russe dont on connait plusieurs versions, russes et ukrainiennes. Alexandre Afanassiev, qui s’intéressait beaucoup au folklore, a entrepris de collecter et rédiger ce conte qui ne circulait jusque-là que de façon orale, et l’a publié dans un recueil de contes russes.

Personnages

Vassilissa : C’est une très belle jeune fille. Orpheline de mère, elle est aidée par sa poupée magique.
Le père : Riche marchand, il se remarie après la mort de sa femme.
La belle-mère : La nouvelle femme du père est une veuve méchante qui a deux filles aussi mauvaises qu’elle.
Baba Yaga : C’est la sorcière traditionnelle des contes russes. Elle mange de la chair humaine, elle connaît la magie et elle est effrayante, mais elle ne se montre pas toujours cruelle.
La vieille femme : Elle aide Vassilissa en lui donnant un toit près d’elle.
Le tsar : Le tsar est le chef du royaume. Il tombe amoureux de Vassilissa.

Thèmes

Le conte traditionnel : Ce conte suit le schéma traditionnel des contes de fées : une situation initiale est rapidement rattrapée par un élément perturbateur, qui entraîne une série d’actions, jusqu’à la résolution qui permet la situation finale, toujours harmonieuse.
La trame narrative fonctionne grâce à des personnages (adjuvants et opposants), qui viennent aider ou contrarier l’héroïne. Un intérêt de ce conte est le statut ambigu de Baba Yaga : en tant que sorcière cannibale, qui confie à Vassilissa des tâches impossibles, elle est un opposant (c’est-à-dire qu’elle s’oppose à l’héroïne) ; mais elle sympathise pourtant avec la jeune fille, discute avec elle, et lui confie un crâne magique, ce qui en fait aussi un adjuvant (c’est-à-dire un personnage qui aide l’héroïne).
Le merveilleux : Le genre du conte s’exprime ici par la présence du merveilleux : les étranges cavaliers qui apparaissent et disparaissent brusquement, les bras qui travaillent pour la sorcière, le crâne à la fois source de lumière et de mort. Toute la magie n’est cependant pas concentrée entre les mains de la sorcière puisque Vassilissa elle-même, grâce à sa mère, possède des pouvoirs magiques par l’intermédiaire de sa poupée.
L’initiation : Le déroulement du conte ne présente pas seulement la destinée d’un personnage : on voit très nettement ici comment il s’agit avant tout d’une série d’épreuves, qu’il faut surmonter afin d’accomplir une initiation. Le parcours de Vassilissa, de la maison paternelle à la maison magique de la forêt jusqu’à la grande ville, indique que la jeune fille grandit et s’accomplit.

Résumé

La mère de Vassilissa est morte en la laissant seule avec son père, mais avant de mourir, elle lui a donné une poupée qu’elle devra garder cachée et qui l’aidera lorsqu’elle en aura besoin. Son père se remarie avec une veuve qui a deux filles : les trois femmes jalousent et maltraitent Vassilissa, qui doit accomplir toutes les corvées de la maison. Mais sa poupée l’aide dans ses travaux.

Un jour, alors que le père est en voyage, sa belle-mère prend pour prétexte que le feu se soit éteint pour envoyer Vassilissa chez Baba Yaga, une sorcière cannibale, afin que la jeune fille rapporte du feu.

En chemin, Vassilissa rencontre un cavalier blanc à l’aube, un cavalier rouge à l’aurore et un cavalier noir à la nuit tombée.

La maison de Baba Yaga est sinistre et couverte d’ossements.

Baba Yaga prend Vassilissa à son service et lui demande de lui faire à manger. Elle lui donne l’ordre, pour le lendemain, de ranger et nettoyer la maison et de trier un boisseau de blé.

Le lendemain, Vassilissa n’a rien à faire car sa poupée se charge du travail et les tâches sont accomplies lorsque la sorcière revient. Baba Yaga lui donne une tâche plus lourde encore à accomplir pour le lendemain. Elle appelle également ses serviteurs pour moudre le blé, et ceux-ci apparaissent sous la forme étrange de trois paires de bras.

Le lendemain, Vassilissa est à nouveau aidée par sa poupée. Le soir venu, Vassilissa interroge la sorcière sur les trois cavaliers qu’elle avait rencontrés : il s’agit, lui dit Baba Yaga, de son jour clair, de son soleil ardent et de sa sombre nuit. Comme Vassilissa ne l’interroge pas sur les trois paires de bras qui viennent aider la sorcière, Baba Yaga la félicite de ne pas l’interroger sur ce qu’il se passe dans la maison.

Vassilissa confie à la sorcière qu’elle est aidée dans son travail par sa mère qui lui a donné sa bénédiction : à ces mots, la sorcière est prise de dégoût et chasse la jeune fille. Toutefois, comme celle-ci était venue lui emprunter du feu, elle lui donne, avant de la renvoyer, un crâne aux yeux ardents fichés sur un bâton.

Alt texte

Le crâne éclaire le chemin à travers la nuit. Arrivée près de sa maison, Vassilissa veut le jeter mais le crâne lui dit de le garder. Or, une fois à la maison, les yeux du crâne brûlent et tuent la belle-mère de Vassilissa et ses filles.

Vassilissa, qui est maintenant seule, part à la ville pour attendre le retour de son père. Elle est recueillie par une vieille femme. Grâce à sa poupée, elle entreprend de tisser une magnifique toile de lin. La vieille femme, prise d’admiration, décide d’offrir la toile au tsar.

Le tsar voudrait se faire tailler des vêtements dans ce tissus, mais ses tailleurs n’y parvenant pas, il fait venir la jeune fille qui l’a tissée pour qu’elle lui confectionne une chemise. Lorsqu’il la voit, il tombe amoureux d’elle et l’épouse.

Le père rentre de voyage pour trouver sa fille heureuse et mariée. Il reste vivre près d’elle, de même que la vieille femme.

Citation

« Écoute mes dernières paroles, obéis à mes dernières volontés. Je te donne cette poupée avec ma bénédiction maternelle ; garde-la, ne la montre à personne. Si quelque mal t'advient, offre à manger à ta poupée et demande-lui conseil. Elle t'aidera dans le malheur. »
« Ce n'est qu'au soir tombant que Vassilissa atteignit la clairière où vivait Baba Yaga. La clôture de sa maison était faite d'ossements, des crânes avec des yeux ornaient cette clôture, comme montants de portail des jambes humaines, pour loquets des bras avec des mains, et en guise de cadenas une bouche avec des dents pointues. »
« - C'est bien, approuva Baba Yaga. Tu interroges sur ce que tu as vu dehors, pas sur ce qui se passe dedans. J'entends laver mon linge en famille, et les trop curieux, je les mange ! Et maintenant c'est mon tour de te poser une question : comment arrives-tu à faire tout le travail que je te donne ?
- La bénédiction maternelle me vient en aide, grand-mère.
- C'est donc ça ? Eh bien, fille bénie, va-t-en, et tout de suite ! Je n'en veux pas, de bénis, chez moi ! »
« Bientôt le père de Vassilissa revint de voyage, il fut tout heureux du bonheur de sa fille et resta vivre près d'elle, la vieille femme demeura aussi avec eux. Et toute sa vie la tsarine Vassilissa porta sa poupée sur elle, dans sa poche. »