Le XIXe siècle est marqué par une croyance très forte en la valeur du progrès et par de nombreuses innovations. Jules Verne a ainsi été témoin des premiers essais de voyage en ballon. Peu de temps après sera entrepris un premier vol en avion. Jules Verne s’inspire de ces découvertes pour imaginer le projectile spatial utilisé dans ce roman.
Le XIXe siècle connaît également un renouveau de l’astronomie. En 1846, une nouvelle planète, Neptune, a été découverte. De nombreux ouvrages popularisent cette discipline auprès d’un vaste public. La Lune est également mieux connue, notamment grâce à différents clichés. Il y a alors, en Europe comme aux États-Unis, un véritable engouement du grand public pour la Lune. Il était donc naturel que Jules Verne se penche sur cette question.
Impey Barbicane : Impey Barbicane est le président du Gun Club. C’est un ingénieur de quarante ans, sérieux et calme, d’un grand sang-froid et très réservé. Michel Ardan : Michel Ardan est un explorateur français très charismatique. Il a quarante-deux ans. Son nom indique déjà qu’il est plein d’ardeur. En effet, il est aussi exubérant et enthousiaste que Barbicane est calme et froid. Impétueux et courageux, il est passionné par la découverte de nouvelles connaissances. Nicholl : Le capitaine Nicholl est un autre membre du Gun Club. Il est également ingénieur. Dans le roman De la Terre à la Lune, il s’opposait à Barbicane, mais ils sont désormais réconciliés.
La conquête spatiale : L’astronomie et la conquête spatiale forment le grand thème de ce roman tout entier consacré au voyage dans l’espace. Jules Verne fait ici un travail de vulgarisation, s’inspirant des travaux et connaissances de son époque. Le progrès scientifique : C’est l’occasion pour Jules Verne de faire l’éloge du progrès scientifique et de l’industrialisation. Il est convaincu du génie humain et de la capacité des hommes à progresser dans leur connaissance de l’univers. La science et la connaissance apparaissent ici comme des valeurs en soi et non comme des moyens de pouvoir ou d’argent. L’utopie : Il y a une réelle dimension utopique dans ce roman. Non seulement parce que l’expédition qui est décrite n’est pas réalisable telle quelle – bien que Jules Verne soit ici à bien des aspects un visionnaire – mais surtout parce que les trois voyageurs imaginent le nouveau monde idéal qui pourrait prendre forme sur la Lune.
Autour de la Lune est la suite de De la Terre à la Lune.
L’histoire commence au moment où se termine De la Terre à la Lune.
Le projectile conçu par le Gun Club a été tiré depuis le gigantesque canon Columbiad. À son bord prennent place Barbicane, Nicholl et Ardan, qui entament un voyage de cinq jours jusqu’à la Lune. À peine ce périple a-t-il commencé que le projectile manque d’être percuté par un astéroïde qui passe à quelques centaines de mètres d’eux. L’astéroïde s’est en effet retrouvé capturé dans l’aire d’attraction terrestre, ce qui fait de lui une seconde Lune de la Terre.
Durant leur voyage, les trois hommes vivent d’autres péripéties. Ils sont en effet intoxiqués par différents gaz qui les empêchent momentanément de respirer. Se trompant dans leurs calculs, ils pensent momentanément que leur course a été déviée et qu’ils se dirigent désormais vers la Terre. Plus tard, ils comprennent que leur rencontre avec l’astéroïde les a effectivement fait dévier du trajet initialement prévu : alors qu’il était prévu que le projectile se pose sur la Lune, il entre en orbite avec elle.
Barbicane, Ardan et Nicholl en profitent pour faire des observations, grâce à une petite longue vue, de la géographie de la Lune. Puis, le projectile se dirige vers l’hémisphère nord de la Lune, c’est-à-dire dans la partie maintenue dans l’ombre. Il fait désormais extrêmement froid et tout est plongé dans l’obscurité. Enfin, le projectile parvient à nouveau à la lumière et retrouve la chaleur. Il se dirige maintenant vers l’hémisphère sud. Les trois hommes, bien en sécurité dans leur abris, peuvent observer la vue spectaculaire de Tycho, l’un des plus grands cratères de la Lune. Les voyageurs s’interrogent sur la possibilité d’une vie sur la Lune, puis concluent par la négative. Ils tombent cependant d’accord pour dire qu’elle a dû être habitée par le passé.
Le projectile s’éloigne maintenant de la Lune et se rapproche du point mort, le point où la gravité de la Lune et celle de la Terre sont à force égale. Michel Ardan a une idée : il s’agit d’utiliser la force de recul des fusées, situées sous le projectile et qui devaient servir à amortir leur alunissage, pour se propulser jusqu’à la Lune et mener à bien leur mission.
Lorsque le projectile atteint le point mort, ils lancent plusieurs fusées, mais cette opération a été effectuée trop tard. Le projectile commence sa course vers la Terre et s’apprête à l’atteindre à une vitesse prodigieuse. Tous les espoirs semblent perdus pour les trois explorateurs.
Mais quatre jour plus tard, l’équipe d’un vaisseau de l’US Navy repère la chute d’une météore en direction de la mer. C’est en fait le projectile, qui est repêché : les trois hommes sont vivants et en bonne santé. Ils sont accueillis et fêtés avec enthousiasme : ils sont les premiers hommes à avoir quitté la Terre.
« Lorsqu’ils observèrent la Terre par la vitre inférieure, elle ne leur apparut plus que comme une tache sombre, noyée dans les rayons solaires. Plus de croissant, plus de lumière cendrée. Le lendemain, à minuit, la Terre devait être nouvelle, au moment précis où la Lune serait pleine. Au-dessus, l’astre des nuits se rapprochait de plus en plus de la ligne suivie par le projectile, de manière à se rencontrer avec lui à l’heure indiquée. Tout autour, la voûte noire était constellée de points brillants qui semblaient se déplacer avec lenteur. Mais à la distance considérable où ils se trouvaient, leur grosseur relative ne paraissait pas s’être modifiée. Le Soleil et les étoiles apparaissaient exactement tels qu’on les voit de la Terre. Quant à la Lune, elle avait considérablement grossi ; mais les lunettes des voyageurs, peu puissantes en somme, ne permettaient pas encore de faire d’utiles observations à sa surface, et d’en reconnaître les dispositions topographiques ou géologiques. »
Chapitre VI
« À minuit, la Lune était pleine. À ce moment précis, les voyageurs auraient dû y prendre pied, si le malencontreux bolide n’eût pas dévié leur direction. L’astre arrivait donc dans les conditions rigoureusement déterminées par l’Observatoire de Cambridge. Il se trouvait mathématiquement à son périgée et au zénith du vingt-huitième parallèle. Un observateur placé au fond de l’énorme Columbiad braquée perpendiculairement à l’horizon, eût encadré la Lune dans la bouche du canon. Une ligne droite figurant l’axe de la pièce, aurait traversé en son centre l’astre de la nuit.
Inutile de dire que pendant cette nuit du 5 au 6 décembre, les voyageurs ne prirent pas un instant de repos. Auraient-ils pu fermer les yeux, si près de ce monde nouveau ? Non. Tous leurs sentiments se concentraient dans une pensée unique : voir ! Représentants de la Terre, de l’humanité passée et présente qu’ils résumaient en eux, c’est par leurs yeux que la race humaine regardait ces régions lunaires et pénétrait les secrets de son satellite ! Une certaine émotion les tenait au cœur et ils allaient silencieusement d’une vitre à l’autre. »
Chapitre X
« En effet, cette chute épouvantable commençait. La vitesse conservée par le projectile l’avait porté au-delà du point mort. L’explosion des fusées n’avait pu l’enrayer. Cette vitesse, qui à l’aller avait entraîné le projectile en dehors de la ligne neutre, l’entraînait encore au retour. La physique voulait que, dans son orbe elliptique, il repassât par tous les points par lesquels il avait déjà passé.
C’était une chute terrible, d’une hauteur de soixante-dix-huit mille lieues, et qu’aucun ressort ne pourrait amoindrir. D’après les lois de la balistique, le projectile devait frapper la Terre avec une vitesse égale à celle qui l’animait au sortir de la Columbiad, une vitesse de “seize mille mètres dans la dernière seconde” !
Et, pour donner un chiffre de comparaison, on a calculé qu’un objet lancé du haut des tours de Notre-Dame, dont l’altitude n’est que de deux cents pieds, arrive au pavé avec une vitesse de cent vingt lieues à l’heure. Ici, le projectile devait frapper la Terre avec une vitesse de cinquante-sept mille six cents lieues à l’heure.
“Nous sommes perdus, dit froidement Nicholl.” »
Chapitre XIX
« On se rappelle l’immense sympathie qui avait accompagné les trois voyageurs à leur départ. Si au début de l’entreprise ils avaient excité une telle émotion dans l’ancien et le nouveau monde, quel enthousiasme devait accueillir leur retour ? Ces millions de spectateurs qui avaient envahi la presqu’île floridienne ne se précipiteraient-ils pas au-devant de ces sublimes aventuriers ? Ces légions d’étrangers, accourus de tous les points du globe vers les rivages américains, quitteraient-elles le territoire de l’Union sans avoir revu Barbicane, Nicholl et Michel Ardan ? Non, et l’ardente passion du public devait dignement répondre à la grandeur de l’entreprise. Des créatures humaines qui avaient quitté le sphéroïde terrestre, qui revenaient après cet étrange voyage dans les espaces célestes, ne pouvaient manquer d’être reçus comme le sera le prophète Élie quand il redescendra sur la Terre. Les voir d’abord, les entendre ensuite, tel était le vœu général. »
Chapitre XXIII