Roald Dahl, norvégien d'origine ayant grandi au Pays de Galles, a beaucoup voyagé et parcouru le monde. Pilote de chasse pendant la guerre, il est déclaré inapte après un accident. Envoyé aux États-Unis en 1942 comme diplomate, il rencontre là-bas Ian Fleming (futur créateur de James Bond), l'écrivain Forester, puis Walt Disney et Hitchcock.
C'est en 1953 qu'il écrit le recueil, alors qu'il vient d'épouser l'actrice Patricia Neal.
Coup de gigot est un recueil de nouvelles policières dont la nouvelle principale, éponyme, a d'abord été publiée dans le recueil Bizarre Bizarre. Cette nouvelle fut réécrite en 1961 et republiée.
Ce recueil comporte également les nouvelles :
- « Tous les chemins mènent au ciel »
- « La Logeuse »
- « William et Mary »
Mary Maloney : Mary Maloney est une femme au foyer et une épouse modèle. Elle est enceinte de 6 mois. Elle est mariée à Patrick Maloney. Patrick Maloney : Patrick Maloney est le mari de Mary Maloney. Il est policier. Mme Foster : Mme Foster est une femme retraitée. Elle est très angoissée par le temps : elle a toujours peur d'être en retard. Elle est mariée à M. Foster.
M. Foster : M. Foster est le mari de Mme Foster. Il aime l'ennuyer sur sa phobie et traîne quelquefois pour l'angoisser davantage. Billy Weaver : Billy Weaver est un jeune homme de 17 ans. Il se rend à Bath pour trouver son premier travail.
La logeuse : La logeuse est propriétaire d'un « bed and breakfast » (une chambre d’hôte). C'est une femme de 45 à 50 ans. Elle se montre très sympathique et chaleureuse. Mary Pearl : Mary Pearl a été une femme soumise qui n'a jamais contrarié son mari, William Pearl, jusqu’à la mort de ce dernier. William Pearl : William Pearl vient de décéder. Il a été un mari assez autoritaire qui imposait des règles de vie strictes à sa femme.
Le couple : Trois des quatre nouvelles portent sur le thème du couple marié, assez traditionnel. Chaque texte présente une femme au foyer, une épouse parfaite, qui s'occupe de son mari, qui le suit, l'écoute ou obéit. Et chaque histoire bascule dans une vengeance de l'épouse qui se rebelle, se venge et se débarrasse de son mari.
La quatrième nouvelle est assez proche puisqu'il s'agit aussi pour une femme de se débarrasser d'un jeune homme.
L'ambiance anglaise des années 40-50 : Les quatre nouvelles proposent une ambiance typique, un peu bourgeoise, avec une narration parfois une peu surannée, désuète, notamment dans « La Logeuse » et « Tous les chemins mènent au ciel ». On retrouve dans les textes la mentalité un peu vieillotte et étouffante des familles bourgeoises où la femme est dominée par son mari, où elle reste au foyer et se tient au service de celui-ci.
L'humour noir : Ce qui unit également les quatre nouvelles, c'est le ton d'humour noir lié à la chute : chaque histoire est construite sur le suspense et l'angoisse qui montent et qui préparent la chute. Ce n'est qu'à la fin qu'on devine que la logeuse a empoisonné le jeune homme ou qu'on comprend que M. Foster est resté coincé dans l'ascenseur. Mary Maloney a fait disparaître l'arme du crime et se moque des enquêteurs, sous leur nez, quand Mary Pearl (même prénom) se moque de son mari qu'elle nargue avec sa fumée de cigarette.
« Coup de gigot »
« Coup de gigot »
Mary Maloney, l'héroïne, est femme au foyer et épouse modèle. Enceinte de six mois, elle attend que son mari, policier, rentre du travail.
Lorsque celui-ci arrive, il semble perturbé et finit par lui avouer qu'il veut la quitter.
Mary n'arrive pas à croire la nouvelle et souhaite lui préparer malgré tout son repas : du gigot. Elle descend à la cave pour le récupérer dans le congélateur. C'est une arme parfaite, qu'elle abat sur le crâne de son mari qui tombe, mort.
Elle met ensuite le gigot à cuire au four et va acheter quelques légumes et un gâteau chez l'épicier.
En rentrant, elle feint de découvrir le corps inerte de son époux et appelle les collègues policiers de ce dernier.
Alors qu'ils mènent l'enquête, sans se douter que la veuve éplorée est la coupable, elle leur propose de rester dîner car le gigot est cuit. Alléchés, ils acceptent, faisant ainsi disparaître l'arme du crime.
« Tous les chemins mènent au ciel »
« Tous les chemins mènent au ciel »
Mme Foster est une angoissée du temps : elle craint toujours d'être en retard.
Elle doit prendre l'avion qui la conduira à Paris, chez sa fille et son gendre, pour passer quelques semaines avec ses petits-enfants.
Son mari, qui n'ira pas à Paris, mais l'accompagne pour prendre son avion, la nargue avec sa phobie et aime la faire languir.
L'attente est encore accentuée par le report du vol, pour causes de mauvaises conditions météorologiques.
Le lendemain, au moment du départ, le mari se souvient qu'il a oublié le cadeau pour leur fille. Il remonte dans l'appartement pour aller le chercher. Après quelques minutes d'attente, fébrile, n'y tenant plus, Mme Foster remonte dans le taxi et part seule.
À son retour, au bout de six semaines, elle appelle le service de dépannage de l'ascenseur. C’est à ce moment-là que le lecteur comprend qu’elle savait que son mari était resté coincé à l'intérieur pendant tout ce temps.
« La logeuse »
« La logeuse »
Billy Weaver a 17 ans et arrive à Bath par le train. Jeune énergique, il vient pour trouver du travail. Alors qu’il se rend à l’hôtel « La Cloche et le dragon », recommandé par le contrôleur, il tombe sur une « chambre avec petit déjeuner » dont la propriétaire, très sympathique et chaleureuse, annonce un tarif dérisoire.
Mais curieusement, Billy est le seul pensionnaire. Et il va multiplier les découvertes étonnantes qui vont finir par le mettre mal à l’aise.
La logeuse n’a en effet eu que deux autres clients qui ressemblent Billy. De plus, il est persuadé d’avoir déjà vu leurs noms quelque part, peut-être en première page d’un journal.
Le chat, le perroquet et le chien qui vivent avec la logeuse ont été empaillés par elle car c’est son passe-temps.
Billy découvre aussi que les deux anciens locataires « sont ensemble, au quatrième étage » selon la propriétaire, alors qu’ils ont laissé, tout comme lui, un petit mot dans le livre de l’accueil pour la remercier de ce séjour.
Quant au thé qu’elle lui a servi, il a « un petit goût d’amandes amères » qui laisse supposer au lecteur qu’il s’agit d’un poison.
« William et Mary »
« William et Mary »
William Pearl, qui vient de mourir, a laissé à sa femme Mary une longue lettre dans laquelle il lui explique qu'il a participé à une expérience médicale : le sachant condamné par un cancer, son ami, le neurochirurgien John Landy lui a proposé d'extraire et de préserver son cerveau dans un liquide, ainsi que son œil, connecté au cerveau. Choqué et réticent au début, il a fini par accepter.
Mary se présente alors à l'hôpital où se trouvent les restes de son mari. Elle demande au professeur Landy de ramener William chez elle. Elle tient là un moyen de se venger et d'ennuyer son mari qui a été plus ou moins tyrannique avec elle tout au long de leur vie commune.
Toute sa vie, elle a été soumise et n'a jamais contrarié son mari. Elle va donc l'installer sur la télé qu'elle vient d'acheter et souffler la fumée de sa cigarette dans son œil par provocation : les deux choses qu'il détestait.
« Coup de gigot »
Voici les paroles finales entre les policiers qui mangent le gigot et parlent de l'arme du crime :
« - À mon avis, la chose doit se trouver ici, sur les lieux mêmes.
- Probablement. Nous devons l'avoir sous le nez. Tu ne crois pas, Jack ?
Dans la pièce voisine, Mary Maloney se mit à ricaner. »
« Tous les chemins mènent au ciel »
Cet extrait présente le moment où Mme Foster hésite entre attendre son mari ou partir sans lui :
« Elle se tenait là, la clef à la main, l’air de vouloir entrer, mais qui n’entrait point. Elle semblait au contraire vouloir mieux entendre et identifier les sons qui lui parvenaient faiblement de l’intérieur de la maison. Puis, soudain, elle se ranima. Elle retira la clef et redescendit les marches en courant.
‟Il est trop tard ! cria-t-elle. Je ne peux plus attendre, je vais manquer mon avion ! Vite, chauffeur, faites vite ! À l’aéroport.” »
« La logeuse »
Il s’agit de la fin de la nouvelle, des derniers échanges entre le pensionnaire et la logeuse :
« Pardonnez ma question mais n’avez-vous pas eu d’autres pensionnaires que ces deux messieurs, pendant ces dernières années ?
Tenant bien haut sa tasse de thé, elle inclina légèrement la tête, le regarda du coin de l’œil et lui fit un de ses charmants petits sourires.
– Mais non, mon cher petit monsieur. Rien que vous. »
« William et Mary »
Voici les recommandations du mari de Mary dans sa lettre, recommandations qu’elle va volontairement transgresser :
« P.S. - Après mon départ, ayez la bonté de ne pas oublier qu’il est plus difficile d’être une veuve qu’une épouse. Ne buvez pas de cocktails. Ne dépensez pas trop d’argent. Ne fumez pas. Ne mangez pas de pâtisserie. Ne mettez pas de rouge à lèvre. N’achetez pas la télévision […] Et, incidemment, je vous suggère de faire couper le téléphone maintenant que je n’aurai plus à m’en servir. »