Ce roman est paru en feuilleton en 1865 avant de faire l’objet d’un livre. Il s’agit d’un roman d’aventures et d’anticipation, genres chers à Jules Verne. L’auteur reprend un thème déjà bien ancré dans la littérature qui est celui d’un voyage sur la Lune. Son originalité est de mobiliser de très nombreuses et précises connaissances scientifiques. Certains chapitres sont même de véritables moments de vulgarisation scientifique, dans lesquels Jules Verne explique par exemple ce qu’est une mise en orbite. Les recherches des membres du Gun-Club pour mettre en place leur expédition scientifiques sont l’occasion pour le lecteur d’acquérir des connaissances physiques et astronomiques.
Bien avant que les hommes ne réussissent effectivement à envoyer un satellite en orbite autour de la Lune, Jules Verne avait donc fait l’état des connaissances et des possibilités.
Impey Barbicane : Impey Barbicane est le président du Gun-Club, un club de vétérans de guerre. C’est un ingénieur de quarante ans, sérieux et calme, d’un grand sang-froid et très réservé. Michel Ardan : Michel Ardan est un explorateur français très charismatique. Il a quarante-deux ans. Son nom indique déjà qu’il est plein d’ardeur. En effet, il est aussi exubérant et enthousiaste que Barbicane est calme et froid. Impétueux et courageux, il est passionné par la découverte de nouvelles connaissances. Nicholl : Le capitaine Nicholl est un autre membre du Gun-Club. Il est également ingénieur. Au début du roman, il est l’ennemi de Barbicane mais ils se réconcilient grâce à Ardan.
La guerre et le paix : La guerre et la paix sont les thèmes implicites de ce roman. En effet, l’histoire se déroule après la guerre de Sécession. Jules Verne dresse le portrait d’hommes meurtris par la guerre et désireux d’y mettre définitivement fin. Ce message de paix est d’autant plus fort qu’il est porté par d’anciens combattants et par des spécialistes de l’armement. La science : La science est présentée comme ce qui peut unifier les hommes. Les ingénieurs, qui jusque-là fabriquaient les meilleures armes possibles, se consacrent désormais à un autre projet. La science doit être avant tout la recherche des connaissances. La conquête des territoires et des richesses est remplacée par celle du savoir et des découvertes scientifiques. La science est donc chez Jules Verne un objet d’utopie, permettant de dépasser les rivalités. Ainsi, les deux ennemis Barbicane et Nicholl se réconcilient grâce à leur projet commun.
Mais au-delà de cette vision humaniste, Jules Verne cherche à faire un véritable travail de vulgarisation et résume les connaissances de son époque. Son but est d’instruire le lecteur et de lui apporter des connaissances en matière d’astronomie et d’artillerie. Il s’efforce de respecter le plus grand réalisme.
L’élaboration du projet
L’élaboration du projet
L’histoire se déroule juste après la guerre de Sécession. Le Gun-Club de Baltimore est un club constitué d’anciens combattants. Impey Barbicane en est le président. Pour mettre à profit les compétences du Gun-Club en matière d’artillerie, il a un projet : envoyer un boulet de canon sur la Lune.
Les membres du Gun-Club sont enthousiastes face à cette idée, à l’exception de Nicholl, grand adversaire de Barbicane.
La première étape du club est de rassembler des fonds : ils lancent un appel à contribution à l’échelle de toute la planète. Il s’agit avant tout d’unifier la Terre autour d’un projet porteur de paix.
Une fois l’argent rassemblé, il faut maintenant fixer les détails techniques et scientifiques. Les membres du club construisent un canon immense qui ressemble aux Columbiad américains.
Ils choisissent les États-Unis comme lieu de lancement du boulet de canon. Mais ils se renseignent aussi auprès des scientifiques de l’observatoire de Cambridge : ils ont besoin d’informations sur la vitesse et la gravité pour choisir très précisément le lieu et le moment du lancement. Les avis des experts leur permettent aussi de choisir le projectile et l’explosif qui seront utilisés. Finalement, ils se décident pour Tampa, en Floride, comme base de tir. Ils font également construire un télescope dans les Rocheuses afin de pouvoir suivre la trajectoire du projectile.
L’arrivée de Michel Ardan
L’arrivée de Michel Ardan
Un jour, le Gun-Club reçoit un télégramme du français Michel Ardan. Celui-ci leur propose d’utiliser un boulet de canon creux plutôt que plein : ainsi, des hommes pourront y prendre place et parvenir jusqu’à la Lune. Barbicane propose à Ardan de venir aux États-Unis exposer son projet. Les membres du Gun-Club sont convaincus, sauf Nicholl, une nouvelle fois, qui pense que le projet n’est pas réalisable.
Ardan réussit à le faire changer d’avis en lui proposant que Nicholl, Barbicane et Ardan lui-même effectuent le voyage sur la Lune ensemble. Nicholl accepte.
Arrive le jour prévu pour le tir du projectile. Tout se passe comme prévu, dans le plus grand enthousiasme. Cependant, des nuages empêchent de suivre la trajectoire du boulet de canon. On le retrouve quelques jours plus tard en orbite autour de la Lune.
Le livre se termine sur un suspense. La suite du voyage est racontée dans Autour de la Lune.
« Or, quand un Américain a une idée, il cherche un second Américain qui la partage. Sont-ils trois, ils élisent un président et deux secrétaires. Quatre, ils nomment un archiviste, et le bureau fonctionne. Cinq, ils se convoquent en assemblée générale, et le club est constitué. »« L’incident le plus inattendu, le plus extraordinaire, le plus incroyable, le plus invraisemblable vint fanatiser à nouveau les esprits haletants et rejeter le monde entier sous le coup d’une poignante surexcitation. Un jour, le 30 septembre, à trois heures quarante-sept minutes du soir, un télégramme, transmis par le câble immergé entre Valentia (Irlande), Terre-Neuve et la côte américaine, arriva à l’adresse du président Barbicane. Le président Barbicane rompit l’enveloppe, lut la dépêche, et, quel que fût son pouvoir sur lui-même, ses lèvres pâlirent, ses yeux se troublèrent à la lecture des vingt mots de ce télégramme. Voici le texte de cette dépêche, qui figure maintenant aux archives du Gun-Club : FRANCE, PARIS. 30 septembre, 4 h matin. Barbicane, Tampa, Floride, États-Unis. Remplacez obus sphérique par projectile cylindro-conique. Partirai dedans. Arriverai par steamer Atlanta. »« Le président Barbicane prit donc le parti, bien que l’entreprise fût américaine, d’en faire une affaire d’un intérêt universel et de demander à chaque peuple sa coopération financière. C’était à la fois le droit et de le devoir de la Terre d’intervenir dans les affaires de son satellite. »« Le lendemain, le soleil se leva sur un horizon chargé de nuages épais, lourd et impénétrable rideau jeté entre le ciel et la Terre, et qui, malheureusement, s’étendit jusqu’aux régions des montagnes Rocheuses. Ce fut une fatalité. Un concert de réclamations s’éleva de toutes les parties du globe. Mais la nature s’en émut peu, et décidément, puisque les hommes avaient troublé l’atmosphère par leur détonation ils devaient en subir les conséquences. »