Emmanuel Lévinas, de confession juive, traverse tout le XXe siècle et fait l’expérience des deux guerres mondiales et de la Shoah. Il se propose de réfléchir sur la tradition hébraïque, et face à elle au nazisme, pour révéler que selon lui, elle porte en elle les paroles de la vraie sagesse. L’ouvrage Difficile Liberté, Essais sur le judaïsme rassemble une cinquantaine d’articles de Lévinas publiés entre 1950 et 1960, rassemblés en six chapitres.
Lévinas aborde la question de la liberté, et plus particulièrement la liberté difficile accordée au judaïsme.
Pour Lévinas, la liberté n’existe qu’en fonction d’autrui. L’autre est celui qui heurte et limite la liberté d’un individu, il est celui qui peut persécuter cette liberté. Rencontrer autrui, c’est donc mettre en question sa propre liberté, sa spontanéité de vivant, son emprise sur les choses. L’autre peut aller jusqu’à persécuter la liberté, pour le salut de sa propre liberté. Il faut donc être responsable avant d’être libre, responsable devant l’autre.
Il définit ensuite la religion juive, à partir de ses textes sacrés. Pour lui, le message de la religion juive est avant tout de « ramener le sens de toute expérience à la relation éthique entre les hommes ». Il veut interroger la place et l’avenir du judaïsme dans un monde d’après-guerre, après Hitler et les exterminations. Pour lui, la religion juive doit se tourner vers ses sources, vers les textes sacrés, porteurs d’une sagesse éternelle.
L’homme juif est avant tout un homme nomade. Selon les textes sacrés, la terre n’est pas possédée par des individus, elle est la terre de Dieu. La relation entre les hommes passe donc devant la notion de propriété. Originellement, le peuple juif est un peuple nomade. Selon Lévinas, c’est peut-être ce nomadisme qui n’a pas été pardonné aux juifs, qui se considèrent comme des hommes libres vis-à-vis de toute chose.
« Ma liberté n’a pas le dernier mot, je ne suis pas seul ».