L’avènement puis le règne d’Auguste marque pour Rome le début d’une période de gloire sans précédent. Pour asseoir sa puissance, l’empereur commande à Virgile, l’auteur renommé des Géorgiques et des Bucoliques, une épopée exposant les origines mythiques de Rome, capable de rivaliser avec l’Illiade et l’Odyssée. Le poète s’attèlera à cette tâche pendant onze ans, dont les trois dernières seront consacrées à des recherches documentaires sur le site de Troie, mission au retour de laquelle Virgile perdra la vie. L’œuvre lui apparaissant comme inachevée, son dernier souhait est de voir brulée cette Énéide imparfaite, mais Auguste lui-même intervient pour que le texte soit revu et publié par une autre poète, Lucius Varius.
Énée : Le héros est chargé par les dieux de sauver l’âme de Troie en emportant les Pénates de la ville. Lancé sur les mers jusqu’au Latium, il a pour destinée de fonder Rome. Il est caractérisé, outre son courage, par une grande piété. Didon : La reine de Carthage accueille les Troyens en fuite avant de nouer une liaison avec Énée. Elle se suicide lorsque celui-ci l’abandonne mais ils se croiseront à nouveau quand Énée descendra aux enfers et Didon pardonnera finalement à son ancien amant. Ascagne : Le fils d’Énée, aussi nommé Iule, est promis à un avenir glorieux, notamment parce qu’il fonde la ville d’Albe. Junon : L’épouse de Jupiter est la protectrice des grecs et de la ville de Carthage, qu’Énée sera amené à détruire. Elle ne cesse de semer des embûches sur la route des Troyens qu’elle poursuit de sa colère. Vénus : Déesse de l’amour et de la beauté, elle est la véritable mère d’Énée qu’elle n’a de cesse de protéger et de guider sur la bonne voie, celle qui le mènera à la fondation de Rome. Anchise : Le père d’Énée que son fils a sauvé en le transportant sur dos hors de la ville en flammes. Latinus : Roi des Aborigènes, peuple mythique du Latium, père de Lavinia qui épousera Énée, il fait partie des alliés des Troyens car un oracle du dieu Faunus lui a révélé qu’un étranger apporterait la gloire à son peuple. Turnus : Roi des Rutules, il devient le rival d’Énée lorsque Latinus accorde la main de sa fille à celui-ci. Il lance plusieurs offensives contre les Troyens, avant d’être tué par Énée en combat singulier. Évandre et Pallas : Le roi Évandre et son fils Pallas font partie des souverains locaux favorables au Troyens. Palinure : Ce marin habile est le pilote de la flotte troyenne qu’il mène de Troie vers l’Italie. Il sera précipité à la mer par le dieu Sommeil et plus tard massacré par des habitants du rivage italien. Lorsqu’Énée le rencontre aux enfers, il lui demande de donner une sépulture à son corps.
L’épopée : L’épopée est le récit en vers des actions héroïques des rois. Suivant l’influence d’Homère, dont Virgile tente de se détacher, elle chante la naissance d’un peuple ou d’une grande nation, l’Empire romain dans le cas présent. Parce qu’il s’agit de donner un héros à Rome, l’épopée doit se démarquer de ses racines grecques, pourtant Virgile se place dans le sillage d’Homère. Enée est ainsi emprunté à l’Iliade, la description de son bouclier renvoie à celle du bouclier d’Achille, etc. Virgile s’est attaché à sous-tendre cette action unique par une grande unité de ton et de couleur, et une solide harmonie et proportion entre les parties. Le héros romain : Contrairement au rusé Ulysse, Énée est un personnage réfléchi et peu enclin aux accès de violence. Il est extrêmement respectueux des dieux et de leurs messages, à tel point que les critiques l’ont accusé de manquer de vie, de n’être qu’un instrument du destin. Auguste ayant souhaité à Rome un exemple à suivre, il eût été malvenu de la part de Virgile de lui prêter l’emportement d’Achille. À travers Énée se dessine le guerrier romain, respectueux de l’ordre imposé et plein de sang froid. La destinée : Parmi les motifs qui permettent l’homogénéité du texte, celui de la destinée prend le pas sur tout le reste. C’est le leitmotiv qui pousse Énée sur les mers, escale après escale, celui que lui rappelle différents messages à divers moments de l’épopée, celui qui prime sur tout le reste, y compris l’amour qui le lie à Didon.
Chant I
Chant I
Après la chute de Troie, Énée, son fils Ascagne et son père Anchise fuient par la mer. Poursuivis par la colère de la déesse Junon, alliée des grecs, la flotte essuie une terrible tempête qui les force à accoster à Carthage, sur les terres de la reine Didon. Pendant ce temps, sur l’Olympe, Vénus s’inquiète du sort de son fils, jusqu’à ce que Jupiter lui assure que le troyen a pour destinée de fonder la toute-puissante Rome. Les rescapés sont accueillis au palais et la reine Didon demande à Énée de lui narrer ses aventures.
Chant II
Chant II
Ce récit enchâssé permet de revenir sur le sac de Troie et les malheurs essuyés par Énée et ses compagnons. Virgile rattache ainsi son épopée à l’Iliade en relatant l’épisode du cheval de Troie du point de vue des Troyens, et celle de la mort de Priam. Énée, qui a vu mourir sa femme Créuse, s’enfuit de la ville en flamme.
Chant III
Chant III
Ce chant est consacré aux errances du groupe de troyens sur la mer Égée, à leurs différentes escales avant d’accoster en Italie. Tout au long du chemin, Énée se pose en fondateur de ville et reçoit différents oracles qui lui affirment la grandeur de son destin.
Chant IV
Chant IV
Grâce à une machination de Cupidon et Vénus, Didon est tombée amoureuse d’Énée. Junon et Vénus interviennent dans les amours du troyen et de la reine et provoquent la rencontre des deux amants dans une grotte. Leur idylle est de courte durée, car la déesse de la renommée divulgue leur liaison, provoquant la colère d’un ancien prétendant de la reine. Jupiter, par la voix de Mercure, rappelle à Énée que son destin est de fonder un empire en Italie et celui-ci part en secret. Folle de douleur et de rage, Didon se donne la mort.
Chant V
Chant V
Les Troyens trouvent refuge en Sicile, où est célébrée une fête en mémoire d’Anchise, père d’Énée. Virgile relate les différents jeux funèbres et les épreuves sportives qui agrémentent la célébration. Malgré de nouvelles épreuves imposées par Junon, Énée reprend la route vers Cumes pour interroger la sibylle. Le pilote Palinure perd la vie pour que tous les compagnons soient sauvés.
Chant VI
Chant VI
La sibylle annonce au troyen qu’il lui faudra mener de nombreuses guerres avant de connaître le succès. Énée décide de descendre aux enfers pour consulter son père Anchise. Accompagné de la sibylle, il traverse les différentes régions infernales et retrouve d’anciens compagnons et alliés (Palinure, Didon), et des victimes de la guerre de Troie. Anchise retrouvé raconte à son fils la longue et glorieuse lignée qui l’attend, des jumeaux Romulus et Rémus à César Auguste.
Chant VII
Chant VII
Les Troyens arrivent dans le Latium et Ascagne fait comprendre à son père que la prophétie est accomplie car ils sont arrivés sur la terre promise par les dieux. Latinus, roi local, marie sa fille Lavinia à Énée, ce qui provoque la colère du prétendant de la jeune fille, Turnus, roi des Rutules. Celui-ci se saisit d’un prétexte pour déclarer la guerre aux Troyens, sans savoir que Junon a envoyé la furie Alecto pour attiser sa rage guerrière.
Chant VIII
Chant VIII
Alors qu’il est parti chercher des renforts, Énée rencontre en songe le dieu Tibérius qui lui annonce la fondation d’Albe par Ascagne, avant de remonter le Tibre jusqu’à l’emplacement de la future Rome, royaume du roi Évandre. Les deux hommes font alliances, tandis que Vénus, inquiète de la tournure des événements, demande à Vulcain de forger des armes pour Énée. Le chant se clôt sur une description du bouclier d’Énée.
Chant IX
Chant IX
Ce chant est consacré au rutule Turnus, à ses différentes offensives contre les Troyens et à leurs échecs. Il permet également d’entrevoir la destinée d’Ascagne, surnommé « petit Jupiter ».
Chant X
Chant X
Jupiter a réuni les dieux de l’Olympe pour leur rappeler la destinée glorieuse d’Énée. Vénus puis Junon plaident tour à tour pour et contre Énée. Les Rutules assiègent toujours le camp troyen et les premiers combats se préparent. Pallas, fils de Latinus, encourage les Troyens au combat, avant d’être tué par Turnus. La vengeance d’Énée est impitoyable. Il combat en particulier Mézence et son fils Lausus, combat dont il sort vainqueur.
Chant XI
Chant XI
Les combats reprennent après les funérailles de Pallas et un moment de concertation chez les Latins. Turnus accepte l’aide de la guerrière Camille, reine de Volsques, mais celle-ci sera tuée et les Rutules mis en déroute.
Chant XII
Chant XII
Énée et Turnus se préparent à se battre en duel. Comprenant la supériorité de son adversaire, Turnus implore sa pitié. Énée refuse de la lui accorder et le tue sans merci, concluant l’épopée sur une note d’une grande violence.
« Je chante les combats et ce guerrier pieux »
Chant I« Mais les ordres des dieux, qui maintenant me contraignent
à parcourir ces lieux répugnants parmi les ombres,
dans une nuit profonde, ont par leurs ordres dirigé mes pas ;
jamais je n’ai cru que mon départ te causerait une si grande peine. »
Chant V« Des épreuves qui surgissent, ô vierge,
aucune n’est pour moi ni nouvelle ni inattendue ;
j’ai tout prévu et d’avance en pensée, j’ai tout accompli. »
Chant VI« Ils allaient obscurs sous la nuit solitaire parmi l’ombre, à travers les palais vides de Dis et son royaume d’apparences ; ainsi par une lune incertaine, sous une clarté douteuse, on chemine dans les bois quand Jupiter a enfoui le ciel dans l’ombre et que la nuit noire a décoloré les choses. »
Chant VI