Fiche de lecture
Gargantua, François Rabelais
Contexte

Cette fiche de lecture fait partie du programme pour le bac de français 2024.

Cours sur Gargantua en 1ère

Gargantua est un roman écrit par Rabelais (sous le pseudonyme de Alcofribas Nasier, anagramme de François Rabelais) en 1534. S’il fait suite à Pantagruel publié en 1532, il est néanmoins chronologiquement antérieur dans le cycle, puisque Pantagruel est le fils de Gargantua. Il s’agit donc de la deuxième partie d’une œuvre romanesque qui comptera cinq livres (bien que des doutes aient longtemps subsisté sur ce cinquième opus posthume).

À cette époque, Rabelais vit à Lyon, grand centre culturel où les librairies sont légion. Il a fini ses études de médecine et est nommé médecin. Il acquiert une grande renommée dans le domaine médical et commence à publier des œuvres, dont le cycle qui nous intéresse ici (Gargantua en étant le deuxième tome), parodiant l’épopée et les romans de chevalerie de la légende arthurienne.

Personnages

Gargamelle : Gargamelle est la fille du roi des Parpaillons, elle épouse Grandgousier et fait de lui un roi. Elle est la mère de Gargantua, qui est donc un prince.
Grandgousier : Grandgousier, fidèle à son nom, est un bon vivant et grand mangeur, tout comme son épouse. C’est d’ailleurs au cours d’un banquet donné pour mardi gras que cette dernière accouchera de leur fils, Gargantua.
Gargantua : Fils des géants Gargamelle et Grandgousier. Peu après sa naissance extraordinaire (11 mois de gestation pour finir par sortir de l’oreille de sa mère) il fait preuve d’une grande précocité et veut découvrir le monde qui l’entoure.
Thubal Holoferne : Premier précepteur de Gargantua, il est un maître aux méthodes antiques, dépassées et absurdes. Il impose à son pupille d’apprendre par cœur d’anciens traités afin de pouvoir les réciter à l’envers. Il mourra de la vérole.
Jobelin Bridé : Jobelin est l’assistant de Thubal Holoperne, il sera chassé par Grandgousier.
Eudémon : Successeur de Thubal et Jodelin. Il accompagnera Gargantua à Paris.
Ponocrates : Nouveau maître de Gargantua. Son père lui confie l’éducation de son géant de fils après la mort de son prédécesseur. Il sera un excellent maître, aux antipodes de Thubal. Pour suivre son enseignement, Gargantua devra aller à Paris. C’est un humaniste qui nettoiera littéralement l’esprit de Gargantua.
Janotus de Bragmardo : Doyen de la Sorbonne envoyé récupérer les cloches de Notre-Dame, empruntées par Gargantua pour orner sa jument. Il échoue à convaincre le héros, qui de toute manière les avait rendues avant l’intervention plus que maladroite de Janotus.
Frogier : Berger de Grandgousier, protégeant ses vignes. Il prendra part à l’altercation qui engendrera la guerre pircrochole.
Marquet : Fouacier de Picrochole. Il refusera de vendre ses produits aux bergers et les insultera. Il sera blessé part Frogier.
Picrochole : Roi de Lerné, seigneur des fouaciers. Il est mauvais, ambitieux sans moyens ni volonté. Sa façon de gouverner est agressive à l’absurde. Il entrera en guerre contre Grandgousier pour des raisons stupides, prétexte à sa politique de conquête et d’expansion.
Frère Jean des Entommeures : Brave moine de l’abbaye Seuillé, il la défendra contre les pillards de l’armée de Picrochole, en massacrant un grand nombre de soldats.
Ulrich Gallet : Messager de Grandgousier envoyé pour négocier la paix avec Picrochole.
Gymnaste : Écuyer, il est professeur d’équitation de Gargantua et Eudémon. Il sera leur compagnon durant la guerre.
Tripet : Chef des pillards que rencontrent Gymnaste et Gargantua. Il prendra peur à l’évocation des origines démoniaques de Gymnaste.Il sera tué au cours d’une altercation.
Tyravant : Chef de l’avant-garde des troupes de Picrochole.
Toucquedillon : Aide de camps de Picrochole. Il sera fait prisonnier par Gargantua puis libéré à l’issue du conflit.
Hastiveau : Conseiller de Picrochole.
Les pélerins : Six hommes qui se sont réfugiés dans les laitues du jardin des géants ; cinq hommes prisonniers de Picrochole et libérés par frère Jean.

Thèmes

Le savoir et l’éducation : Dans ce roman, Rabelais laisse libre cours à sa critique envers les institutions, telles la Sorbonne, qui prônent une approche rébarbative et insensée du savoir. Les personnages du doyen et de Thubal en sont des exemples frappants. Par opposition, il fait l’éloge de l’approche humaniste, incarnée par Ponocrates, méthode ludique et plein de sens, ouverte sur le monde et liée autant au corps qu’à l’esprit.
La guerre : Là encore, deux modèles s’affrontent. D’un côté, la guerre de conquête, absurde et sans fondement menée par Picrochole, de l’autre celle défensive, qui n’est que le dernier recours lorsque la diplomatie de Grandgousier a échoué. Pour Rabelais, la guerre est parfois nécessaire, mais elle ne doit jamais être un moteur de destruction ou d’attaque, seulement de protection. Elle doit être soumise à un respect de l’adversaire et de ses droits.
La religion : Les pèlerins sont présentés comme des individus peu fréquentables et égarés sur des voies spirituelles pernicieuses et dévoyées. Rabelais critique l’aspect formel et organisé de la religion, pour lui la relation avec Dieu est personnelle et directe. On peut y voir le résultat d’une influence protestante chez l’érudit.
La satire et le pastiche : En utilisant le format de geste médiévale, Rabelais espère intéresser le grand public qui en est familier à son propos nettement plus profond qu’il n’y paraît.

Résumé

Un paysan découvre un livret contenant la généalogie des Géants, peuple très ancien. Le récit qui va suivre en est directement issu.

Enfance de Gargantua (chapitres 1 à 24)

Grandgousier est un géant bon vivant menant une vie simple. Il se marie à Gargamelle, fille du roi Parpaillons. De leur union naîtra Gargantua, après 11 mois de gestation, au milieu du grand banquet que le couple donne pour mardi gras. La naissance est extraordinaire à plus d’un titre puisque l’enfant sort non pas du ventre mais de l’oreille de sa mère, et qu’il réclamera d’entrée à boire, ce qui lui vaudra son nom.

Très vite, il apparaît comme étant un enfant précoce et prédisposé à l’érudition et aux sciences. En l’absence de son père, il découvre quel oiseau est le meilleur « torchecul », ce qui force l’admiration de Grandgousier. Ce dernier, décidant de lui offrir une éducation princière, engage Thubal Holoferne et Jobelin Bridé pour l’instruire. Avec le temps, il apparaît que cette décision n’était pas bonne, les méthodes des deux précepteurs étant très anciennes et rébarbatives à l’absurde. Holopern finit par contracter la vérole, alors même que c’est un théologien qui de ne devrait pas faire face à ce genre d’infections. Grandgousier en profite pour chasser Bridé et se met en quête d’un autre mentor pour son fils. C’est alors que Eudémon évoque la figure bien connue de Ponocrates, un grand professeur parisien qui pourrait offrir à Gargantua les clés du savoir universel. Gargantua prend alors la jument que son père a reçu du roi de Numidie et part pour Paris. Cette dernière, aux proportions de son cavalier, détruira la forêt la Beauce avec sa queue.

Une fois arrivé, Gargantua va d’abord créer de la confusion au sein de la capitale. Au cours de sa visite, il urine sur les parisiens en guise de cadeau et dérobe les cloches de Notre-Dame pour en orner l’encolure de sa jument. Le doyen de la Sorbonne, Janotus de Bragmardo, décide alors d’intervenir. Il surestimera grandement ses capacités, d’autant que les négociations sont inutiles, puisque le géant a restitué les cloches entre temps. Janotus exigera néanmoins que l’on reconnaisse son rôle dans cette affaire, honneur qui lui sera refusé, ce qui l’amènera à intenter des procès contre tous ces collègues de la Sorbonne.

Cet incident clos, Gargantua rencontre enfin Ponocrates. Ce dernier décide de l’observer pour se faire une idée de son futur élève, avant de commencer son apprentissage. Le maître ne peut alors que constater les ravages occasionnés par l’enseignement rétrograde prôné par Holopern et Bridé. Il décide donc de lui donner une éducation humaniste. Mais avant cela, il lui fait boire une potion qui lui fera oublier tous ces errements. Il enseignera donc à Gargantua les arts et sciences (métallurgie, alchimie, rhétorique…) mais l’incitera aussi à pratiquer l’exercice (équitation, escrime…), cette partie de son éducation sera confiée à Gymnaste. Il choisit aussi une journée particulière, au cours de laquelle il emmène son élève à l’extérieur de la ville et où ils passent la journée à s’amuser tout en apprenant, ce qui motivera Gargantua à suivre ses dures leçons toute l’année durant. Il fera donc de son pupille géant un érudit.

La guerre (chapitres 25 à 49)

Entre temps, la saison des vendanges a débuté au pays des géants. Des bergers, engagés par Gradgousier pour surveiller ses vignes, rencontrent des fouaciers venus du pays voisin de Lerné. Ils désirent acheter leur marchandise pour se sustenter. Mais les fouaciers refusent et les insultent. La situation dégénère, au point de Frogier, un berger, et Marquet, un fouacier, se blessent mutuellement. Les fouaciers fuient et rapportent l’incident à leur roi, Picrochole. Celui-ci, en seigneur belliqueux et avide de conquête, voit là le parfait prétexte pour envahir son voisin Grandgousier. Il mobilise donc ses armées dans l’instant et marche sur les terres du père de Gargantua.

L’abbaye de Seuillé se trouvant sur la route des hommes de Picrochole, ils décident de la piller. Mais c’était sans compter sur l’adversité de Frère Jean des Entommeures. Il refusera de les laisser faire et, alors que ses confrères se réfugient dans l’enceinte, il fera un carnage dans les rangs de l’armée de Picrochole. Malheureusement, le reste du royaume doit endurer, en plus de la peste, le pillage intensif des soldats ennemis. Devant la fureur de Jean, Picrochole se retire dans un château, ce qui ralentit quelque peu la progression de ses troupes. Apprenant cela, Grandgousier tente une ultime manœuvre diplomatique. Il envoie un de ses hommes, Ulrich Gallet, demander à Picrochole les raisons de ce conflit et un dédommagement. Picrochole refuse. Devant le refus de Picrochole, Grandgousier envoie une importante somme d’argent au Picrochole, en guise de paiement pour les fouaces. Ce tribut est vu comme un aveu de faiblesse et de culpabilité par le roi en guerre, quid décide de reprendre l’offensive de plus belle. Dans le même temps, une lettre est envoyée de la part de son père à Gargantua, l’appelant à l’aide face à cette situation critique. Ce dernier tourne bride vers sa terre natale pour prêter main forte aux siens.

Alors que l’état-major de Picrochole se réjouit d’une prochaine et facile victoire, Gargantua et sa compagnie reviennent sur leurs terres. Dès lors, le cours de la guerre va se renverser. Gargantua remportera un grand nombre de victoires, notamment grâce à son compagnon et professeur Gymnaste, qui se fait passer pour un diable, ce qui terrifie les armées adverses. Tripet et ses hommes en feront les frais. Alors que Gymnaste est en reconnaissance, il tombe sur l’officier et ses hommes qu’il fait fuir avant de l’abattre. Il utilisera sa taille et sa jument comme atouts en provoquant un crue meurtrière en la faisant uriner dans une rivière ou encore en rasant un château à lui tout seul. Il finit par rejoindre son père, et, en se peignant, se rend compte que ses cheveux sont plein des boulets de canons que les défenseurs du château du Gué de Vède.

Un festin est alors organisé pour fêter les victoires et le retour de Gargantua. Ce dernier a envie de salade, des laitues sont alors récoltées dans les jardins, alors que des pèlerins s’y sont réfugiés. Heureusement, ils se sont accrochés aux dents du vorace géant et ont fini par toucher un point sensible, forçant Gargantua à utiliser un cure dent pour les déloger. Tout au long du repas, Grandgousier raconte à son fils les derniers événements, en évoquant le courage de Frère Jean. Ce dernier est appelé à table par un Gargantua curieux. Ils deviennent bien vite amis et s’enivrent ensemble. Eudémon s’interroge alors sur les pèlerins et leur fonction. Gargantua lui répond alors que ces derniers n’en ont aucune, qu’ils ne sont que des parasites vivant des péchés de leurs semblables. Finalement, Gargantua et son nouveau camarade s’endorment, plein de vin. Jean a néanmoins toujours le rythme de vie des moines, et se lève à minuit pour l’office de Matines, réveillant tout le monde et les enjoignant à prendre les armes.

La fin de la guerre est proche. Rendu prudent par les déclarations de ses hommes sur l’armée de démons censée accompagner Gargantua, Picrochole envoie une avant-garde ointe d’eau bénite. Si les simples soldats sont effrayés par les diatribes blasphématoires de Frère Jean, leur meneur, Tyravant monte seul à l’assaut. Il sera assommé par le bâton de Frère Jean, qui décidera de continuer seul, affrontant l’armée en déroute. Il sera fait prisonnier, ce qui poussera l’avant garde à faire volte-face et attaquer Gargantua, qui reprend rapidement le dessus. Jean à réussi à se débarasser de ses gardes et en profite pour capturer Toucquedillon, l’aide de camp de Picrochole, resté à l’arrière. Gargantua est triste pour lui, avant de le voir arriver avec son prisonnier. Grandgousier fera libérer le second de Picrochole, afin qu’il puisse le ramener à la raison. Il refusera l’aide des pays amis, considérant que ses forces sont suffisantes pour sortir vainqueur. Toucquedillon est exécuté à son retour au château de Picrochole. Un ultime assaut est alors lancé sur la forteresse.

Voyant la défaite approcher, Picrochole décide de fuir. Son cheval fait une mauvaise chute, ce qui le pousse à l’achever, de rage. Il essaie alors de s’emparer d’un âne appartenant à des paysans des environs. Ceux-ci réagissent brutalement et le détroussent, le laissant errer dans la campagne, sans le sou. On n’en entendra plus jamais parler. Gargantua laisse les soldats adverses repartir chez eux avec une importante solde, indemnise les paysans victimes du conflit et célèbre sa victoire avec un mémorable festin.

Thélème (chapitres 50 à 56)

En remerciement des services rendus par son ami frère Jean, Gargantua lui offre l’abbaye utopique de Thélème, qui va est à l’opposé de toutes les autres. Sa règle est « Fais ce que voudra » et elle constitue un refuge pour tous les croyants évangéliques persécutés.

Citation

« Le savoir hydrate et nourrit. »

Prologue de l’auteur
« Comment pourrais-je gouverner autrui, moi qui ne sait me gouverner moi-même ? »

Chapitre 43
« Jamais je ne m’assujettis aux heures : les heures sont faites pour l’homme, et non l’homme pour les heures. »

Chapitre 36
« Sire, ce n’est pas le moment de faire de tels dons. Attendez la fin de cette guerre, car l’on sait ce qu’il peut arriver, et guerre faite sans bonne provision d’argent n’a que peu de vigueur. Le nerf de la guerre, c’est l’argent. »

Chapitre 41