Germinal est un roman naturaliste d’Émile Zola, publié en 1885, qui fait partie de la série des Rougon-Macquart. C’est la treizième œuvre sur les vingt que compte le cycle.
Ce roman est celui de la lutte des classes, de la révolte sociale et plaide en faveur des exploités de la mine. Zola rêve alors d’un « seul peuple fraternel ». En attendant, il faut se battre pour arriver à faire évoluer les choses : la germination dont parle Émile Zola est celle des ouvriers qui luttent pour une vie meilleure et qui réussissent à s’organiser pour se révolter.
Zola est un écrivain engagé. Dans Germinal, la révolte ouvrière, violemment réprimée, échoue. La situation de départ du roman est donc inchangée à son terme et les injustices sociales ont plus que jamais cours. Néanmoins, le germe du changement a été semé. C’est là toute la symbolique voulue par Zola et intégrée dans le titre de son œuvre.
Étienne Lantier : C’est le héros de l’histoire, fils de Gervaise Macquart et d’Auguste Lantier. Au début du roman, sans travail et sans un sou, il réussit à être engagé suite au départ d’un mineur. Bon ouvrier, intéressé par le socialisme, les idées germent en lui. Il se révolte contre les conditions de travail et parvient à rassembler les ouvriers des mines pour une grève. Il tombe amoureux de Catherine, l’aînée de la famille Maheu mais ne peut la conquérir puisqu’elle part vivre chez Chaval. Catherine Maheu : Elle est chargée de pousser les wagons à la mine. Elle tombe amoureuse d’Étienne Lantier, mais devient l’amante de Chaval. Elle s’offre à Lantier juste avant de mourir dans la mine sous les eaux Antoine Chaval : Homme brutal et colérique, Chaval convoite Catherine Maheu. Il lui offre de nombreux cadeaux et lui fait miroiter des conditions de vie plus confortables que celles qu’elle connait chez ses parents. Catherine finit par aller vive chez lui. Chaval refuse de soutenir la grève et dénonce ses collègues aux gendarmes. Lorsque la mine s’effondre, il fait partie des mineurs coincés sous terre aux côtés de Catherine et d’Étienne Lantier. Les deux hommes, rivaux, se battent et Chaval finit par être tué. Bonnemort : C’est le surnom de Vincent Maheu, le père de Toussaint Maheu. C’est le premier mineur rencontré par Étienne Lantier. Âgé, il est atteint de silicose et a miraculeusement échappé à trois accidents dans la mine, ce qui lui vaut son surnom. Après la catastrophe de la grève, il devient fou et tue Cécile Grégoire, la fille des propriétaires de la mine. Toussaint Maheu : Ouvrier respecté par ses pairs et par ses employeurs, Maheu accueille Étienne Lantier lors de son arrivée à la mine et lui propose de le loger. D’abord peu attentif à l’esprit de révolte qui monte de plus en plus en Étienne, il finit par être l’un des porte-parole des mineurs. Il meurt durant la grève, lors d’une confrontation avec les gendarmes. La Maheude : L’épouse de Toussaint Maheu s’occupe des plus jeunes enfants de la famille tandis que le grand-père, le père et les ainés vont à la mine. Lorsque la grève éclate, elle la soutient activement. À la fin du roman, lorsque les ouvriers ont échoué et que la mine est rouverte, elle a perdu son mari et trois de ses enfants. Elle doit alors redescendre sous terre pour gagner de quoi nourrir le restant de sa famille. Souvarine : Anarchiste russe exilé en France. C’est lui qui va saboter la mine pour déclencher l’accident qui causera la mort d’Étienne et de Catherine.
La révolte sociale : Le personnage qui incarne la révolte est Étienne Lantier. C’est l’un des thèmes les plus importants du roman. La révolte a pour origine la misère extrême dans laquelle vivent les ouvriers. C’est la seule solution pour changer de situation ; parce qu’elle est celle d’un ouvrier, la révolte est nourrie d’idées socialistes. Lantier souhaite l’élaboration d’un monde meilleur où l’amélioration de l’existence serait possible, même lorsqu’on est né simple ouvrier. L’amour : Lantier, Chaval et Catherine forment un triangle amoureux. L’amour existe sous plusieurs aspects entre eux. Lantier éprouve le sentiment amoureux, Chaval envisage l’amour uniquement comme la possession charnelle. Avec le couple Maheu, Zola présente l’amour conjugal, admis par la société. L’adultère, que la société n’encourage pas, est pratiqué dans le monde ouvrier et à peine voilé. Le monde ouvrier : Le monde ouvrier est décrit de manière réaliste via l’usage d’un champ lexical riche sur les techniques et le monde de la mine. Plus qu’une histoire, Zola a poussé son roman dans le sens d’un véritable reportage journalistique du milieu social. La violence : Verbale dans les propos des ouvriers ou physique durant les combats entre les différents personnages, la violence est aussi celle imposée par la mine, un véritable monstre personnifié avec sa gueule qui avale les ouvriers, les rend malades, les recrache noircis de charbon et les tue parfois. La violence est également perceptible dans la lutte des classes ; le personnage anarchiste de Souvarine prône la destruction totale comme moyen d’action. Durant la grève, la violence est perceptible chez les manifestants, et c’est la violence qui leur répond puisque c’est l’armée vient réprimer les manifestations.
Germinal est un roman naturaliste et social sur la condition des ouvriers de la mine. Il se divise en sept parties et quarante chapitres. Comme dans beaucoup de romans de Zola, le schéma romanesque commence avec l’arrivée d’un étranger, ici Étienne Lantier. Ce personnage arrive dans un milieu inconnu pour lui (ici la mine). Il le fait découvrir au lecteur objectivement par sa description et son observation, avant d’y déclencher un bouleversement. L’ensemble se termine avec son départ et le milieu initial retrouve un certain équilibre.
Première partie
Première partie
Une nuit de mars 1866, Étienne Lantier, un jeune ouvrier au chômage, erre sur les routes du nord de la France à la recherche d’un travail. Il finit par arriver aux mines de Montsou. Attiré par les feux qui brûlent là, il va se réchauffer et rencontre Vincent Maheu, un vieux mineur malade. On apprend de leur conversation la misère de cette région et les difficiles conditions de travail des mineurs. Le chapitre dépeint les conditions de travail déplorables des mineurs : les ouvriers sont payés au nombre de wagons, la sécurité est négligée au profit de la rentabilité ; les contremaitres menacent de baisser les salaires. Étienne, qui a vraiment besoin de travailler, réussi à se faire embaucher comme « herscheur ». C’est là qu’il fait la connaissance de la famille Maheu. Il tombe amoureux de Catherine, la fille aînée et devient le rival de l’homme qui la convoite, Chaval.
Deuxième partie
Deuxième partie
L’action se passe le même jour. On suit la vie de la Maheude, l’épouse de Toussaint Maheu, qui fait son possible pour trouver de quoi nourrir sa famille. Elle passe d’abord chez l’épicier qui lui fait crédit, mais celui-ci refuse de lui donner à nouveau quoi que ce soit tant qu’il n’a pas été payé. Il propose à la Maheude de l’exonérer d’une partie de sa dette à condition qu’elle lui envoie sa fille Catherine. Feignant de ne pas avoir saisi le sous-entendu, la Maheude se rend alors chez les propriétaires de la mine, les Grégoire. Elle implore leur aide et Cécile, leur fille, lui donne les restes du repas et quelques vêtements usagés, heureuse de pouvoir faire la charité. Au Coron, la vie continue au milieu de la pauvreté.
Troisième partie
Troisième partie
Étienne rencontre Souvarine, un anarchiste russe exilé en France. Ils prennent contact avec un ancien contremaitre, Pluchard, secrétaire d’un syndicat ouvrier, L’internationale. L’idée de créer une section de L’internationale à Montsou est lancée. Les ouvriers craignent le chômage et préfèrent accepter les baisses de salaire. En août, Étienne s’installe chez les Maheu et commence à introduire ses idées révolutionnaires dans le milieu. Il crée une caisse de Prévoyance en cas de grève. En octobre, la crise industrielle se durcit et les salaires continuent de descendre. Les mineurs sont révoltés et votent pour une grève.
Quatrième partie
Quatrième partie
Le 15 décembre, personne ne descend dans les mines. On annonce une délégation de mineurs chez les Grégoire qui clame leurs revendications et exige une hausse des salaires.
Le soutien d’Étienne, le plus engagé et vindicatif des grévistes, permet aux autres mineurs de tenir le mouvement alors qu’ils ont faim et qu’on les menace de licenciement.
Cinquième partie
Cinquième partie
La compagnie des mines refuse les négociations et le mouvement de grève se durcit. Les mineurs sabotent les mines, ils défient les non grévistes et les bourgeois. Une foule hystérique est rassemblée que seuls les gendarmes peuvent arrêter.
Sixième partie
Sixième partie
La grève continue et les mines sont maintenant gardées par des soldats armés. Un avis de recherche est lancé contre Étienne qui se cache dans une mine abandonnée. Les grévistes ont faim. La Compagnie des mines annonce la venue d’ouvriers belges pour remplacer les grévistes.
Les grévistes deviennent plus violents. Les soldats tirent dans la foule, faisant 25 blessés et 14 morts, dont Maheu.
Septième partie
Septième partie
Ce massacre met fin à la grève et Étienne est rejeté de tous. Il rencontre Souvarine qui va partir. Pourtant ce dernier prépare le sabotage d’une mine. Ainsi, lorsqu’au matin chacun retourne travailler, le cuvelage s’effondre et la mine est noyée sous les eaux. Pendant plusieurs semaines des survivants sont recherchés. Des mineurs sont coincés sous terre mais personne ne les entend. Chaval est mort, tandis que Catherine meurt à son tour dans les bras d’Étienne qui lui, sera délivré quelques jours plus tard. Puis, le travail aux mines reprend. Étienne décide de partir pour Paris. Il reste convaincu que le monde peut être changé et que c’est le peuple qui le permettra.
« Dans la plaine rase, sous la nuit sans étoiles, d’une obscurité et d’une épaisseur d’encre, un homme suivait seul la grande route de Marchiennes à Montsou ; dix kilomètres de pavé coupant tout droit, à travers les champs de betteraves. Devant lui, il ne voyait même pas le sol noir, et il n’avait la sensation de l’immense horizon plat que par les souffles du vent de mars, des rafales larges comme sur une mer, glacées d’avoir balayé des lieues de marais et de terres nues. Aucune ombre d’arbre ne tachait le ciel, le pavé se déroulait avec la rectitude d’une jetée, au milieu de l’embrun aveuglant des ténèbres. »
Première partie« Fichez-moi donc la paix, avec votre évolution ! Allumez le feu aux quatre coins des villes, fauchez les peuples, rasez tout, et quand il ne restera plus rien de ce monde pourri, peut-être en repoussera-t-il un meilleur. »
Troisième partie« N’était-ce pas effroyable : un peuple d’hommes crevant au fond de père en fils, pour qu’on paie des pots-de-vin à des ministres, pour que des générations de grands seigneurs et de bourgeois donnent des fêtes ou s’engraissent au coin de leur feu ! »
Quatrième partie« Les femmes avaient paru, près d’un millier de femmes, aux cheveux épars, dépeignés par la course, aux guenilles montrant la peau nue, des nudités de femelles lasses d’enfanter des meurt-de-faim. Quelques-unes tenaient leur petit entre les bras, le soulevaient, l’agitaient, ainsi qu’un drapeau de deuil et de vengeance. D’autres, plus jeunes, avec des gorges gonflées de guerrières, brandissaient des bâtons; tandis que les vieilles, affreuses, hurlaient si fort, que les cordes de leurs cous décharnés semblaient se rompre. Et les hommes déboulèrent ensuite, deux mille furieux, des galibots, des haveurs, des raccommodeurs, une masse compacte qui roulait d’un seul bloc, serrée, confondue, au point qu’on ne distinguait ni les culottes déteintes, ni les tricots de laine en loques, effacés dans la même uniformité terreuse. Les yeux brûlaient, on voyait seulement les trous des bouches noires, chantant la Marseillaise, dont les strophes se perdaient en un mugissement confus, accompagné par le claquement des sabots sur la terre dure. »
Cinquième partie