Fiche de lecture
Illuminations, Arthur Rimbaud
Contexte

Illuminations est un recueil de Rimbaud sur lequel ont pesé un certain nombre d’interrogations. Plusieurs versions s’affrontèrent concernant la période à laquelle les poèmes le constituant ont été composés. Certains plaident pour une composition antérieure à Une Saison en Enfer, ou un étalement de la production jusqu’après Une Saison en Enfer. Il fallut attendre 1949 pour que Henri Bouilane, grâce à des analyses graphologiques, prouve que les copies utilisées pour ce recueil étaient postérieures. Il se peut très bien que ces poèmes aient donc évolué pendant une longue période avant d’être transmis à Verlaine en 1875, à Stuttgart.

Cette période est riche en événements pour Rimbaud. Sa relation tumultueuse avec Verlaine, qui culmine avec une altercation violente à Bruxelles, au cours de laquelle ce dernier lui tirera dessus, l’amènera à se ressourcer dans la maison familiale. Il y écrira le recueil Une Saison en Enfer. À partir de 1874, il commence à mettre au point la version définitive des Illuminations, assisté de son ami Germain Nouveau. Il se focalisera ensuite sur l’apprentissage de l’allemand, ce qui l’amènera à Stuttgart donc, et sur son baccalauréat. Il finira peu à peu par abandonner la poésie pour voyager intensément, jusqu’à la fin de ses jours. Illuminations sera alors publié, à titre posthume, en 1895.

Thèmes

La religion : L’héritage de la culture chrétienne imprègne profondément l’imaginaire de Rimbaud. Tout comme Baudelaire, il se voit comme un barbare et un martyr. Il s’approprie ces images de l’inconscient collectif occidental pour développer sa propre dramaturgie poétique (« Après le Déluge »).
Les voyages et errances : On l’a dit, le recueil voit le jour dans un contexte de séjours à l’étranger. De ces expériences européennes, Rimbaud va tirer une forte présence de l’anglais dans son œuvre (« Bottom », « Being Beauteous ») et un goût pour des lieux exotiques précis, tantôt connus, tantôt imaginés (« Villes », « Promontoire », « Départ », « Bruxelles »).
Le passé : Le passé est une des grandes thématiques de l’univers de Rimbaud. Qu’il s’agisse du sien, souvent teinté d’horreur (« Enfance », « Après le déluge », « Honte ») ou de celui du monde, généralement glorieux et empreint de grandeur (« Ornières », « Antique »), Arthur Rimbaud en est le conteur. Il mélange souvent les deux, faisant du passé lointain un outil pour exorciser le sien. L’Orient des Mille et Une Nuits y figure en bonne place (« Conte »).
L’instantané : Les pièces qui composent l’ouvrage sont le plus souvent brèves. Elles sont sensorielles et se rapportent à des instants précis, comme des clichés ou des tableaux impressionnistes. (« Scènes », « Phrases », « Ouvriers »). Cet aspect de la poésie de Rimbaud est très important dans les Illuminations.
Les relations amoureuses : Les relations amoureuses sont toujours très présentes. Le plus souvent malheureuses, elles traduisent le rapport qu’entretient l’auteur avec ses contemporains. (« À une raison », « H », « Angoisse »). Mais il y a aussi de l’espoir et un idéal à atteindre, ne serait-ce qu’un instant (« Royauté »).

Résumé

Illuminations est constitué de 57 poèmes, dont certains furent publiés dans des revues avant d’être rassemblés dans ce recueil posthume. Il s’agit de courtes pièces en prose, très sensorielles.

Verlaine en signe la préface, où il explique la genèse de ces écrits, au cours de voyages entre France, Angleterre, Belgique et Allemagne. Il donne aussi le sens du titre : « illumination » serait un terme anglais désignant les gravures coloriées (coloured plates). Ce choix daterait de l’époque où Rimbaud lui aurait confié le manuscrit. S’ensuit alors une brève notice biographique sur l’auteur. Après quoi, la préface se termine sur l’annonce de publications futures concernant les œuvres de Rimbaud.

Il est difficile de résumer ces textes, aussi brefs que nébuleux, tout juste peut-on, au delà de l’aspect esthétique, en tirer des conclusions quant aux thématiques évoquées par le poète.

Citation

« On nous a promis d’enterrer dans l’ombre l’arbre du bien et du mal, de déporter les honnêtetés tyranniques, afin que nous amenions notre très pur amour ».

« Matinée d’ivresse »
« Ô saisons, ô châteaux,
Quelle âme est sans défauts ? »

« Ô saisons, ô châteaux »
« Le monde est vicieux,
Tu dis ? tu t’étonnes ?
Vis ! et laisse au feu
L’obscure infortune… »

« Âge d’or »
« Elle est retrouvée.
Quoi ? L’Éternité.
C’est la mer allée
Avec le soleil. »

« L’Éternité »