La pièce Iphigénie fut créée en 1674 et représentée dans le cadre somptueux de l’Orangerie de Versailles, le 18 août 1674, à l’occasion des fêtes données par Louis XIV pour célébrer la conquête de la Franche-Comté.
Racine emprunte son sujet à Euripide, qui porta ce personnage tragique à la scène vers 405 avant J.-C. dans son Iphigénie à Aulis.
À Versailles, jouée parmi les statues des dieux anciens qui peuplent le parc, la pièce rencontre un vif succès. Elle est à nouveau représentée l’année suivante, en janvier 1675, à l’Hôtel de Bourgogne, à Paris, où elle obtient le même accueil. Le succès de cette pièce est durable comme en témoignent ces vers consacrés à la pièce de Racine dans l’Épitre VII de Boileau en 1677 :
« Jamais Iphigénie en Aulide immolée
N’a coûté tant de pleurs à la Grèce assemblée
Quand dans l’heureux spectacle à nos yeux étalé
En a fait sous son nom verser la Champmeslé. »
Agamemnon : Il est le roi de Mycènes, l’époux de Clytemnestre et le père d’Iphigénie. Face à la question du sacrifice d’Iphigénie, il est tiraillé entre son amour paternel, qui lui dicte de sauver sa fille, et son devoir de roi envers les Grecs auquel il ne veut pas faillir. Achille : Célèbre héros de la mythologie grecque et de l’Illiade, rendu invincible après que sa mère l’ait plongé dans le Styx, son seul point faible est le talon par lequel sa mère le tenait en le plongeant dans l’eau du fleuve.
Dans la pièce, Achille est un grand guerrier, mais un oracle a prédit sa mort sur le champ de la victoire à Troie. Il est promis à Iphigénie, qu’il aime. Il est à la fois un grand guerrier et un amant fidèle et protecteur. Ulysse : Roi d’Ithaque et héros de l’Odyssée après la guerre de Troie, Ulysse est dans cette pièce celui qui rappelle à Agamemnon son devoir de se soumettre à l’oracle lorsqu’il est tenté de ne pas sacrifier sa fille. Il incarne le devoir. Clytemnestre : Elle est l’épouse d’Agamemnon et la mère d’Iphigénie. Elle s’emporte dès qu’il est question d’attenter à la vie de sa fille. Iphigénie : Elle est la fille d’Agamemnon et de Clytemnestre. Personnage féminin qui fait preuve de constance et de courage : elle a conscience d’un devoir plus grand qu’elle et accepte d’être sacrifiée au nom de la gloire des Grecs et pour la guerre de Troie. Ériphile : Elle est la fille cachée d’Hélène et de Thésée. Elle a grandi à Lesbos dans l’ignorance de son ascendance. Elle se sent infortunée et abandonnée. Arcas : Domestique d’Agamemnon. Il révélera à Clytemnestre le sort réservé à Iphigénie alors qu’Agamemnon cherchait à le lui cacher. Eurybate : Domestique d’Agamemnon. Aegine : Femme de la suite de Clytemnestre. Doris : Confidente d’Ériphile. Troupe de gardes : null
Le sacrifice : Toute la pièce tourne autour de cette question du sacrifice d’Iphigénie, demandé par les Dieux comme condition pour que la guerre de Troie ait lieu. C’est finalement le sacrifice d’Ériphile qui est attendu. Le dilemme : Le personnage d’Agamemnon est déchiré par le dilemme auquel il doit faire face en tant que roi et père. Il hésite et change d’avis à plusieurs reprises, ne parvenant pas à choisir entre ce que lui dicte son amour paternel et son devoir envers la Grèce. Le courage et le sens de l’honneur : Iphigénie est certainement le personnage le plus courageux et le plus fort de la pièce dans le sens où elle accepte d’être sacrifiée en se soumettant à la volonté de son père par amour filial et pour la gloire de la Grèce. Iphigénie sera sauvée par l’amalgame que les dieux ont fait entre elle et Ériphile. Sa grandeur pourrait être un élément participant de la grâce que les dieux finissent par lui accorder, comme un triomphe de l’innocence en défaveur de la noirceur d’Ériphile. L’amour familial : Dans la pièce, l’amour d’Agamemnon et Clytemnestre pour leur fille, ainsi que l’amour qu’Iphigénie porte à ses parents (et en particulier à son père) est particulièrement fort. La jalousie : Ériphile est jalouse d’Iphigénie parce qu’elle connaît ses parents et est aimée d’Achille. C’est d’ailleurs ce sentiment qui la pousse à informer Calchas du fait qu’Agamemnon souhaite organiser la fuite d’Iphigénie pour qu’elle échappe au sacrifice.
L’action se déroule en Aulide (Béotie), alors que les Grecs se préparent à embarquer pour Troie.
Acte I
Acte I
Agamemnon confie ses angoisses à Arcas : les oracles consultés par le grand prêtre Calchas exigent le sacrifice d’Iphigénie, pour que les vents se lèvent et que la flotte puisse partir pour Troie. Agamemnon explique qu’il a mandé sa fille sous prétexte de la marier à Achille. Regrettant sa décision, il demande à Arcas d’aller au-devant d’Iphigénie et de Clytemnestre pour leur porter une lettre dont le contenu les incitera à faire demi-tour. Ulysse et Achille s’opposent successivement à la décision d’Agamemnon de congédier l’armée. Achille, ignorant tout de la situation et du danger que court Iphigénie, souhaite faire cette guerre de Troie même s’il doit y mourir, pour connaître la gloire éternelle. Ulysse, qui connaît les oracles, sermonne Agamemnon sur sa faiblesse : seul le bien de la Grèce compte, la guerre est nécessaire. Devant l’indécision d’Agamemnon, un marché est conclu : si Iphigénie arrive à Arcas, elle sera sacrifiée, sinon, pour quelque raison que ce soit, elle sera sauve et l’armée congédiée. Mais on annonce l’arrivée d’Iphigénie, de Clytemnestre et d’Ériphile, qui, ayant fait un détour dans le bois, n’ont pas rencontré Arcas. Agamemnon s’incline devant la fatalité et la puissance des dieux.
Acte II
Acte II
Ériphile dévoile à sa confidente, Doris, les vraies raisons de sa venue : elle espère consulter Calchas sur le mystère de sa naissance, et retrouver Achille dont elle est tombée amoureuse bien qu’elle soit sa prisonnière. Iphigénie est troublée par l’accueil glacial que lui fait Agamemnon, son père. Clytemnestre apporte à Iphigénie la lettre d’Arcas, dans laquelle est expliqué qu’Achille ne veut plus se marier et que ces froideurs sont peut-être dues à Ériphile. Lorsqu’Achille se présente à Iphigénie, celle-ci sort brusquement de scène. Ériphile se retrouve en tête-à-tête avec Achille et tente de lui faire comprendre ses sentiments. Mais elle comprend vite qu’Achille ne l’aime pas ; il n’a d’yeux que pour Iphigénie.
Acte III
Acte III
Clytemnestre prie Agamemnon de hâter le mariage, mais celui-ci impose des délais et fait tout pour retarder la cérémonie. Achille accède à la demande d’Iphigénie de libérer Ériphile. Arcas, qui est venu conduire Iphigénie à l’autel pour le sacrifice, révèle toute la vérité. Achille s’emporte, mais Iphigénie consent aux volontés de son père par amour filial et pour le bien de la Grèce.
Acte IV
Acte IV
Clytemnestre reproche à Agamemnon son insensibilité et son orgueil, qui lui font préférer la gloire à l’amour de leur fille. Elle promet de se suicider. Achille menace le roi de faire soulever le camp contre lui. Agamemnon, ne supportant pas cette pression, se résout à sacrifier Iphigénie. Mais les préparatifs de la cérémonie le font changer d’avis : il veut organiser la fuite d’Iphigénie et de Clytemnestre. Ériphile s’empresse, par jalousie, de le révéler à Calchas.
Acte V
Acte V
Tandis que le camp tout entier s’oppose à la fuite d’Iphigénie, celle-ci accepte son sort avec dignité. Clytemnestre est désespérée. Achille tente de la sauver en combattant par les armes ceux qui tentent de la conduire à l’autel. Ulysse entre en scène et annonce la découverte de Calchas : la victime désignée par l’oracle n’était autre qu’Ériphile, née des amours clandestines de Thésée et Hélène, longtemps élevée sous le nom d’Iphigénie. Ériphile se suicide. Agamemnon peut organiser le mariage d’Iphigénie et d’Achille. Les vents se lèvent, la flotte va pouvoir partir vers les rivages de Troie.
« Cet Achille, l’auteur de tes maux et des miens,
Dont la sanglante main m’enleva prisonnière,
Qui m’arracha d’un coup ma naissance et ton père,
De qui jusques au nom tout doit m’être odieux,
Est de tous les mortels le plus cher à mes yeux. »
Ériphile à Doris
Acte II, scène 1« Lui ! Votre père ? Après son horrible dessein,
Je ne le connais plus que pour votre assassin. »
Achille à Iphigénie
Acte III, scène 6« Mon père,
Cessez de vous troubler, vous n’êtes point trahi.
Quand vous commanderez, vous serez obéi.
Ma vie est votre bien ; vous voulez le reprendre :
Vos ordres sans détour pouvaient se faire entendre.
D’un œil aussi content, d’un cœur aussi soumis
Que j’acceptais l’époux que vous m’aviez promis,
Je saurai, s’il le faut, victime obéissante,
Tendre au fer de Calchas une tête innocente,
Et respectant le coup par vous-même ordonné,
Vous rendre tout le sang que vous m’avez donné. »
Iphigénie à Agamemnon
Acte IV, scène 4« Ma fille, il faut céder. Votre heure est arrivée.
Songez bien dans quel rang vous êtes élevée.
Je vous donne un conseil, qu’à peine je reçois.
Du coup qui vous attend vous mourrez moins que moi.
Montrez en expirant de qui vous êtes née :
Faites rougir ces dieux qui vous ont condamnée.
Allez. Et que les Grecs, qui vont vous immoler,
Reconnaissent mon sang en le voyant couler. »
Agamemnon à Iphigénie
Acte IV, scène 4