L’École des femmes est inspiré d’une histoire espagnole de Maria de Zayas y Sotomayor, traduite et adaptée par Scarron sous le titre de La Précaution inutile. On y trouve déjà l’idée d’un homme terrorisé à l’idée d’être trompé par sa femme et qui décide, pour cette raison, d’épouser une jeune fille naïve. Cette pièce a été représentée un an après L’École des maris, à laquelle elle semble répondre : il s’agit dans les deux cas d’un mari jaloux.
Les critiques et commentateurs de l’époque ont trouvé cette dernière pièce plus faible car les personnages leur paraissaient moins cohérents. Aujourd’hui, ces incohérences sont perçues, au contraire, comme la marque d’une profondeur psychologique plus aboutie. En effet, le caractère d’Arnolphe, et plus encore celui d’Agnès, évoluent au fur et à mesure de la pièce, ce qui était contraire aux codes de l’époque.
Arnolphe : Arnolphe, alias M. de la Souche est un vieux bourgeois qui joue au noble. Il est terrorisé à l’idée d’être cocu. Son amour pour une fille considérablement plus jeune que lui le rend ridicule, mais aussi pathétique car ses sentiments sont sincères. Agnès : Agnès est une jeune ingénue, douce et innocente. Elle a été élevée par Arnolphe. Elle ne connaît rien du monde et tombe amoureuse dès qu’elle rencontre un jeune homme beau et aimable. Horace : Horace est le jeune amoureux d’Agnès. Impétueux et sincère, il fait tout pour pouvoir l’épouser. Oronte : Oronte est le père d’Horace et l’ami d’Arnolphe. Chrysalde : Chrysalde est l’ami d’Arnolphe. Il est plus raisonnable que lui. C’est également un ami prévenant, qui écoute Arnolphe et essaye de le faire changer d’avis. Alain et Georgette : Alain et Georgette sont les domestiques fidèles mais assez simples d’esprit d’Arnolphe.
La farce : L’École des femmes est d’abord une comédie qui joue avec les thèmes classiques de la farce : les maris trompés, les déguisement et les quiproquo qui s’en suivent. La condition des femmes : Mais on peut aussi y voir une réflexion sur la condition des femmes. Le père et le mari sont tout puissants et décident entièrement du destin des femmes. On voit Agnès séquestrée chez elle et courir le risque de passer sa vie dans un couvent, ce qui équivaut à une prison. Par ailleurs, l’éducation qu’elle a reçue, comme de nombreuses jeunes filles, est extrêmement sommaire. Arnolphe considère que les femmes sont des créatures jolies et charmantes mais incapables d’intelligence. La religion : Molière fait aussi une satire de la religion utilisée à des fins de surveillance. En effet, Arnolphe menace Agnès de l’enfer et ne parle de dogmes chrétiens que pour la terroriser et la convaincre de lui obéir.
Acte I
Acte I
Scène 1
Scène 1
Deux bourgeois, Arnolphe et Chrysalde, discutent sur la place d’une ville. Arnolphe veut se marier avec une jeune fille de 17 ans, Agnès, qu’il a recueillie et éduquée à cette fin. En effet, il a très peur de l’infidélité. Pour s’en garder, il a cherché une jeune fille de la campagne et l’a élevée de sorte à ce qu’elle ignore les choses de la vie.
Il doit l’épouser le lendemain. Chrysalde doute que la stratégie de son ami réussisse. Il pense qu’une femme est incapable de se comporter moralement.
Scène 2
Scène 2
Arnolphe dit à son ami qu’il a changé d’identité et se fait appeler monsieur de la Souche.
Scène 3
Scène 3
Arnolphe rend visite à Agnès qu’il n’a pas vue depuis dix jours et qu’il a laissée à la garde d’un valet et d’une servante, tous deux un peu simples d’esprit.
Scène 4
Scène 4
Après cette visite, il rencontre Horace, le fils de son ami Oronte. Arnolphe encourage le jeune homme à avoir des aventures sentimentales. Celui-ci lui répond qu’il s’est introduit chez une jeune fille appelée Agnès, protégée par un certain monsieur de la Souche, qu’il présente comme un vieil homme ridicule.
Acte II
Acte II
Scène 1
Scène 1
Arnolphe, dans un monologue, fait part de son intention de découvrir la vérité.
Scène 2
Scène 2
Il questionne ses domestiques, Alain et Georgette, et les accuse de trahison. Il apprend qu’un homme est effectivement venu en son absence.
Scène 3
Scène 3
Alain et Georgette discutent entre eux de la jalousie de leur maître.
Scène 4
Scène 4
Arnolphe explique dans un monologue qu’il va aller voir Agnès et la questionner.
Scène 5
Scène 5
Arnolphe interroge Agnès avec douceur. Celle-ci lui raconte avec naïveté ce qui s’est passé. Elle a rencontré un homme qui lui a avoué son amour. Il lui a demandé en cadeau un ruban qu’Arnolphe lui avait donné. Arnolphe pense que c’est l’innocence dans laquelle il a maintenu la jeune fille qui est responsable de la situation.
Il lui explique que ces relations ne sont possibles que dans le mariage, et qu’il va la marier dès ce soir, avec lui-même. Agnès est déçue. Il lui ordonne de chasser le jeune homme à coup de pierres s’il revient.
Acte III
Acte III
Scène 1
Scène 1
Arnolphe a observé en secret Agnès et vu qu’elle lui obéissait et jetait des pierres sur Horace. Il fait chercher un notaire pour préparer les actes de mariage.
Scène 2
Scène 2
Arnolphe apprend à Agnès ses devoirs d’obéissance en tant que femme mariée et lui décrit l’enfer qui l’attend si elle n’obéit pas. Il lui fait lire Les maximes du mariage ou les devoirs de la femme mariée.
Scène 3
Scène 3
Arnolphe se réjouit de pouvoir ainsi modeler Agnès à sa volonté. Il se moque des femmes indépendantes.
Scène 4
Scène 4
Arnolphe rencontre Horace qui lui raconte ses mésaventures. Celui-ci lui apprend qu’Agnès avait attaché des messages aux pierres qu’elle lui a jetées.
Scène 5
Scène 5
Arnolphe est furieux et malheureux. Il comprend qu’il est amoureux d’Agnès.
Acte IV
Acte IV
Scène 1
Scène 1
Arnolphe est décidé à tout faire pour prendre la place d’Horace dans le cœur d’Agnès.
Scène 2
Scène 2
Arnolphe parle tout seul tandis que le notaire arrive. Arnolphe ne l’a pas vu, ce que le notaire n’a pas compris, aussi croit-il qu’Arnolphe lui répond mais que ses propos sont incohérents.
Scène 3
Scène 3
Le notaire s’en va en expliquant à Alain et Georgette qu’Arnolphe est fou.
Scène 4
Scène 4
Arnolphe transforme sa maison en forteresse inaccessible à l’ennemi. Il enseigne à ses domestiques comment résister à Horace.
Scène 5
Scène 5
Arnolphe est satisfait des précautions prises pour éloigner Horace et s’en félicite.
Scène 6
Scène 6
Arnolphe rencontre à nouveau Horace qui lui raconte qu’Agnès l’a fait entrer par une porte dérobée et l’a fait monter dans sa chambre. Lorsque monsieur de la Souche est entré dans la chambre, Horace s’est caché dans l’armoire d’Agnès. Il lui confie aussi qu’il doit rejoindre Agnès dans sa chambre cette nuit à l’aide d’une échelle.
Scène 7
Scène 7
Arnolphe se lamente de la situation.
Scène 8
Scène 8
Arnolphe rencontre Chrysalde et se plaint au sujet de l’infidélité d’Agnès.
Chrysalde lui propose une autre version : il vaut mieux une femme infidèle qu’une femme acariâtre.
Scène 9
Scène 9
Arnolphe ordonne à ses domestiques de rouer Horace de coups lorsqu’il se montrera.
Acte V
Acte V
Scène 1
Scène 1
Les domestiquent informent Arnolphe qu’ils ont assommé Horace, lequel est inconscient dans le jardin.
Scène 2
Scène 2
Alors qu’Arnolphe s’apprête à constater ces faits, il rencontre Horace. Le jeune homme lui raconte qu’il a été frappé et qu’il a fait le mort pour pouvoir s’échapper. Il s’est enfui avec Agnès. Mais il ne veut pas la compromettre avant de l’épouser, et il demande à Arnolphe de la garder chez lui quelques temps. Arnolphe accepte.
Scène 3
Scène 3
Arnolphe récupère Agnès. Il a dissimulé son visage dans un replis de son manteau, si bien qu’elle ne le reconnaît pas.
Scène 4
Scène 4
Une fois seul avec Agnès, il se dévoile et lui fait des reproches plein de colère. Mais Agnès lui tient tête avec bon sens. Elle lui reproche de ne pas avoir été aimable alors qu’il voulait être aimé. Arnolphe supplie Agnès de l’aimer, et la menace de l’enfermer dans un couvent.
Scène 5
Scène 5
Arnolphe demande à Alain de surveiller Agnès le temps qu’il trouve un endroit sûre où l’emmener.
Scène 6
Scène 6
Arnolphe rencontre Horace qui l’informe que son père, Oronte, arrive en ville pour organiser le mariage d’Horace avec la fille unique d’un certain Enrique, qui vient juste d’arriver d’Amérique. Il supplie Arnolphe de dissuader son père de ce projet.
Scène 7
Scène 7
Enrique, Oronte et Chrysalde entrent. Enrique est le beau-frère de Chrysalde : il avait en effet épousé la sœur de celui-ci, qui est morte après avoir eu une fille.
Chrysalde et Arnolphe approuvent le mariage, Arnolphe va jusqu’à conseiller à Oronte de ne pas écouter les suppliques de son fils.
Horace, qui s’était dissimulé et a écouté la scène, comprendre que monsieur de la Souche et Arnolphe sont la même personne.
Scène 8
Scène 8
Arnolphe fait venir Agnès pour l’informer du prochain mariage d’Horace avec une autre femme. Mais Oronte la reconnaît : Agnès est justement la fille d’Enrique, celle qu’Horace doit épouser.
Arnolphe doit finalement s’incliner et accepter ce mariage.
« ARNOLPHE, reprenant haleine :
Passe pour le ruban. Mais je voulais apprendre
S’il ne vous a rien fait que vous baiser les bras.
AGNÈS :
Comment ? est-ce qu’on fait d’autres choses ? »
Acte II, scène 4
« ARNOLPHE (à Agnès) :
Votre sexe n’est là que pour la dépendance :
Du côté de la barbe est la toute-puissance.
Bien qu’on soit deux moitiés de la société,
Ces deux moitiés pourtant n’ont point d’égalité :
L’une est moitié suprême et l’autre subalterne ;
L’une en tout est soumise à l’autre qui gouverne »
Acte III, scène 2
« AGNÈS :
Je n’entends point de mal dans tout ce que j’ai fait.
ARNOLPHE :
Suivre un galant n’est pas une action infâme ?
AGNÈS :
C’est un homme qui dit qu’il me veut pour sa femme :
J’ai suivi vos leçons, et vous m’avez prêché
Qu’il se faut marier pour ôter le péché.
ARNOLPHE :
Oui. Mais pour femme, moi je prétendais vous prendre ;
Et je vous l’avais fait, me semble, assez entendre.
AGNÈS :
Oui. Mais, à vous parler franchement entre nous
Il est plus pour cela selon mon goût que vous.
Chez vous le mariage est fâcheux et pénible,
Et vos discours en font une image terrible ;
Mais, las ! Il le fait, lui, si rempli de plaisirs,
Que de se marier il donne des désirs. »
Acte V, scène 4
« ARNOLPHE :
La promenade est belle.
AGNÈS :
Fort belle.
ARNOLPHE :
Le beau jour !
AGNÈS :
Fort beau.
ARNOLPHE :
Quelle nouvelle ?
AGNÈS :
Le petit chat est mort. »
Acte II, scène 5