Flaubert a pris cinq ans pour rédiger L’Éducation sentimentale, qui paraît en 1869. Il en méditait cependant l’intrigue depuis sa jeunesse.
Comme souvent chez Flaubert, le récit reprend des éléments biographiques. Le personnage de Frédéric, jeune provincial victime d’une unique passion amoureuse malgré d’autres histoires sentimentales, perd peu à peu ses illusions au cours de sa vie parisienne. Dans ce roman, on retrouve le réalisme de Flaubert à travers la galerie de personnages qui représentent chacun un milieu social, avec ses codes, ses idées reçues, et sa façon de s’exprimer. Le roman est teinté d’ironie, car le réalisme, chez Flaubert, cherche à pointer les travers et les ridicules de la société. La bêtise et l’ignorance sont mises en évidence par la distanciation du narrateur et l’utilisation du style indirect libre où il fait s’exprimer ses personnages, par opposition aux descriptions objectives faites par le narrateur. Précurseur du naturalisme, avec L’Éducation sentimentale, Flaubert détourne les codes du roman d’apprentissage pour en faire un roman de la désillusion.
Frédéric Moreau : Personnage principal du livre, Frédéric Moreau est un jeune provincial qui espère faire fortune à Paris et y trouver l’amour. Madame Arnoux : Grand amour de Frédéric, elle repousse ses avances par respect pour son mari. Monsieur Arnoux : Marchand prospère puis criblé de dette, il demande souvent son aide à Frédéric sans savoir qu’il fréquente sa femme. Deslauriers : Ami de jeunesse de Frédéric, il s’éloigne plusieurs fois du jeune homme avant de le retrouver à la fin du roman pour faire le bilan de leur vie. Louise : Jeune femme séduisante, fille du père Roque, le voisin de Frédéric, elle est très amoureuse du jeune homme et espère se marier avec lui. Monsieur et Madame Dambreuse : M. Dambreuse est un banquier prospère. Sa femme noue une liaison avec Frédéric. Rosanette : Rosanette est une femme libre qui collectionne les amants, dont M. Arnoux, et plus tard, Frédéric. Regimbart : Membre du cercle de connaissances de Frédéric, qui fréquente souvent ses réceptions. Dussardier : Journaliste engagé, c’est un ami de Frédéric et de Hussonnet. Hussonnet : Il travaille aussi au journal, et fréquente le même cercle que Dussardier. Sénécal : Politicien habile et redoutable, c’est lui qui est responsable de la mort de Dussardier.
La jeunesse et la désillusion : À l’instar des héros balzaciens comme David dans les Illusions perdues, Frédéric est un personnage jeune, plein de projets et d’ambitions. Au lieu de les réaliser, il va d’échec en échec et réalise la vacuité de son idéalisme sentimental et social. L’amour : Principal sujet du livre et principal objet de la désillusion, l’amour demeure ici inaccessible, jamais réellement vécu. Frédéric passe de maîtresse en maîtresse essentiellement par intérêt, et sa relation avec Mme Arnoux, entre fantasme, désillusion, espoirs et déceptions, ne commence ni ne finit jamais vraiment.
Le roman raconte l’histoire de Frédéric et de sa désillusion, en amour comme en politique. Il dilapide sa fortune, trahit ses amis, et saborde ses relations amoureuses. Le titre du roman, L’Éducation sentimentale, a sans doute une portée ironique : Frédéric ne fait aucun progrès, et ses histoires d’amour ne connaissent aucun véritable aboutissement.
Première partie
Première partie
Chapitre 1
Chapitre 1
Frédéric fait la connaissance des Arnoux sur un bateau. Il tombe immédiatement sous le charme de M^me^ Arnoux.
Chapitre 2
Chapitre 2
Frédéric retrouve son ami Deslauriers, qu’il n’a pas vu depuis deux ans. Celui-ci lui recommande de prendre contact avec un riche banquier du nom de Dambreuse.
Chapitre 3
Chapitre 3
Frédéric fait ses premiers pas dans la vie parisienne. Il ne fait pas forte impression chez le banquier. Il prend un logement et entame des études de droit, sans grand enthousiasme. Frédéric s’ennuie, et son ami Deslauriers ne peut pas venir le rejoindre. Après un été chez sa mère, il retourne à Paris.
Chapitre 4
Chapitre 4
Lors d’une manifestation étudiante, Frédéric fait la connaissance d’un jeune étudiant, Dussardier, qui travaille pour le journal de M. Arnoux. Frédéric, qui a cherché depuis tout ce temps à revoir Mme Arnoux, lui demande de l’aider à entrer au journal. Il y rencontre un socialiste alcoolique, Regimbart, et un peintre désargenté. Enfin, Deslauriers annonce à Frédéric son intention de venir à Paris. Entre-temps, Frédéric est invité à dîner chez les Arnoux. Le jeune homme s’aperçoit qu’il est encore plus amoureux de Mme Arnoux.
Chapitre 5
Chapitre 5
Frédéric est obsédé par Mme Arnoux et s’éloigne progressivement de Deslauriers. Il échoue à ses examens, tandis que Mme Arnoux est absente, auprès de sa mère malade. Après son retour, les dîners reprennent. Frédéric se sent de plus en plus désabusé et ennuyé. Après un rapprochement avec Mme Arnoux, le jeune homme se remet au travail et cette fois, réussit ses examens. Il reçoit une lettre de sa mère lui demandant de revenir en province pour gérer les affaires familiales.
Chapitre 6
Chapitre 6
Frédéric passe trois ans à Nogent, où il fait la connaissance de Louise, la fille de son voisin. Il finit par recevoir un héritage d’un oncle, bien que ce dernier ne l’ait pas couché sur le testament. Saisissant aussitôt l’occasion, Frédéric repart pour Paris sans considération pour Louise, bouleversée par ce départ subit.
Deuxième partie
Deuxième partie
Chapitre 1
Chapitre 1
Aussitôt arrivé à Paris, Frédéric se rend chez les Arnoux, qui n’y sont plus. Frédéric se met alors à la recherche de ses connaissances et finit par tomber sur Regimbart. Celui-ci lui donne la nouvelle adresse des Arnoux. Frédéric est déçu en revoyant Mme Arnoux, qui a eu un enfant, car il ne retrouve pas ses anciens sentiments. Lors d’un bal costumé, Frédéric retrouve d’autres connaissances mais ne se sent pas à sa place.
Chapitre 2
Chapitre 2
Frédéric décide de mener la grande vie et de séduire la maîtresse d’Arnoux, tout en aidant ce dernier financièrement. De son côté, Deslauriers désapprouve ses actions, et lui demande de l’argent pour créer un journal. Frédéric cherche à obtenir une position par l’intermédiaire des Dambreuse, puis découvre que l’amante d’Arnoux, Rosanette, le trompe avec un acteur. Il décide d’en faire part à Arnoux, mais à son arrivée, il s’aperçoit que Mme Arnoux a découvert la trahison de son mari.
Chapitre 3
Chapitre 3
Arnoux et Deslauriers continuent de demander de l’argent à Frédéric. Le jeune homme finit par céder et prête quinze mille francs à Arnoux, certain d’être remboursé. Deslauriers apprend que Frédéric n’a plus d’argent à lui donner et, déçu, met fin à leur amitié. Frédéric tente de plaider la cause d’Arnoux auprès de Dambreuse, le banquier qui lui prête de l’argent. Le banquier lui offre une position que Frédéric accepte, mais ce dernier manque le rendez-vous. À la place, il se rend chez Mme Arnoux et tente de lui avouer son amour. Celle-ci se montre peu réceptive et détourne la conversation. En revenant chez lui, Frédéric reçoit une lettre de Rosanette qui veut le voir.
Chapitre 4
Chapitre 4
En emmenant Rosanette aux courses, il rencontre Cisy, un aristocrate qui finit par partir avec Rosanette. L’affaire se termine en confrontation et un duel est organisé. Lors du duel, Cisy s’évanouit sous l’effet de la peur, et M. Arnoux arrive pour mettre fin au duel, croyant que Frédéric cherche à défendre son honneur. La réputation de Frédéric est ensuite ternie par des amis à qui il a refusé de l’argent, tandis qu’il se réconcilie avec Deslauriers. Finalement, il retourne à Nogent sur les conseils de son ami et la demande de sa mère, qui souhaitent le voir épouser Louise.
Chapitre 5
Chapitre 5
Deslauriers se rend chez Mme Arnoux pour l’informer du prochain mariage de Frédéric. Louise, très amoureuse, affirme à Frédéric vouloir l’épouser. Le jeune homme accepte, mais s’échappe pour Paris à la première occasion.
Chapitre 6
Chapitre 6
Frédéric retrouve ses amis qui le reçoivent bien, et malgré ses résolutions, une affaire l’amène chez Mme Arnoux. Ils renouent leur relation, toujours platonique, et quand Frédéric en demande davantage, Mme Arnoux ne se rend pas au rendez-vous car son fils est malade. L’enfant, près de mourir, guérit miraculeusement et Mme Arnoux y voit un signe : elle ne se livrera plus à l’adultère. Désespéré, Frédéric renoue avec Rosanette, qui s’offre à lui.
Troisième partie
Troisième partie
Chapitre 1
Chapitre 1
La révolution de 1848 a commencé, et Frédéric retrouve ses anciens amis étudiants, Hussonnet et Dussardier. Frédéric se fait remarquer en rédigeant un article sur les événements politiques, et Dambreuse l’invite à ses présenter aux élections législatives pour la région de Nogent. Mais leurs idées diffèrent et Dambreuse décide de se présenter lui aussi pour la même circonscription. En allant voir Rosanette, il se dispute avec elle car elle ne croit pas à ses idées, et apprend qu’Arnoux entretient toujours une relation avec elle. Rosanette et Frédéric passent du temps ensemble, et Frédéric prend conscience de ses défauts. En revenant à Paris, il apprend que le père Roque, son voisin à Nogent, est monté à Paris avec sa fille Louise, et qu’ils sont impatients de le voir.
Chapitre 2
Chapitre 2
Lors d’un dîner chez les Dambreuse, Frédéric se retrouve entre Mme Arnoux et Louise. Cette dernière apprend sa liaison avec Rosanette. Frédéric se rend chez cette dernière tandis que Louise cherche à le voir, mais l’accès lui est refusé.
Chapitre 3
Chapitre 3
Malgré un état de bonheur relatif avec Rosanette, Frédéric a envie de revoir Mme Arnoux. Celle-ci lui révèle alors pourquoi elle s’est refusée à lui. Ils sont enlacés lorsque Rosanette les surprend. Frédéric se met en colère mais Rosanette lui apprend qu’elle est enceinte. Peu satisfait de cette nouvelle, il se met en tête de devenir l’amant de Mme Dambreuse afin de faciliter son ascension sociale. La femme du banquier se montre réceptive à ses avances. Frédéric plonge dans cette nouvelle histoire sans guère se soucier de Deslauriers, qui lui demande de l’aider à obtenir une position.
Chapitre 4
Chapitre 4
Deslauriers se passe de l’aide de Frédéric et obtient un poste. Peu de temps après, le banquier décède, laissant une considérable fortune à sa femme. Frédéric en est ravi, mais ils finissent par découvrir que Dambreuse a légué tout l’argent à sa fille illégitime. Partagé entre ses deux maîtresses, Frédéric jure à chacune un amour éternel. Le bébé de Rosanette meurt, ce qui soulage Frédéric. Peu de temps après, il apprend qu’Arnoux, toujours endetté, part pour l’Amérique.
Chapitre 5
Chapitre 5
Frédéric demande à Mme Dambreuse de l’argent pour payer les dettes d’Arnoux, ce qu’elle accepte. Cependant, elle apprend entre-temps pourquoi Frédéric tenait tant à aider Arnoux et pour se venger, vend les dettes à Sénécal, qui fait mettre en vente les biens d’Arnoux. Frédéric pense Rosanette responsable et rompt avec elle. Il quitte également Mme Dambreuse et retourne à Nogent dans l’espoir de voir Louise. Or, cette dernière s’est mariée avec Deslauriers. De retour à Paris, il est témoin de l’assassinat de Dussardier par Sénécal lors d’une émeute.
Chapitre 6
Chapitre 6
Seize ans plus tard, Frédéric reçoit la visite de Mme Arnoux. Elle lui raconte sa vie et lui déclare ses sentiments, lui laissant une mèche de cheveux blancs en cadeau.
Chapitre 7
Chapitre 7
Deux ans après, Deslauriers et Frédéric renouent. Deslauriers a divorcé et exercé toutes sortes de professions. Ils évoquent leur vie passée et les personnes qu’ils ont connues, dont M. Arnoux, décédé l’année précédente, et Rosanette, à présent veuve. Ils se souviennent d’anecdotes d’adolescence.
« Jamais il n’avait vu cette splendeur de sa peau brune, la séduction de sa taille, ni cette finesse des doigts que la lumière traversait. Il considérait son panier à ouvrage avec ébahissement, comme une chose extraordinaire. Quels étaient son nom, sa demeure, sa vie, son passé ? Il souhaitait connaître les meubles de sa chambre, toutes les robes qu’elle avait portées, les gens qu’elle fréquentait ; et le désir de la possession physique même disparaissait sous une envie plus profonde, dans une curiosité douloureuse qui n’avait pas de limites. »
Première partie, Chapitre 1 « La Seine, jaunâtre, touchait presque au tablier des ponts. Une fraîcheur s’en exhalait. Frédéric l’aspira de toutes ses forces, savourant ce bon air de Paris qui semble contenir des effluves amoureuses et des émanations intellectuelles ; il eut un attendrissement en apercevant le premier fiacre. Et il aimait jusqu’au seuil des marchands de vin garni de paille, jusqu’aux décrotteurs avec leurs boîtes, jusqu’aux garçons épiciers secouant leur brûloir à café. Des femmes trottinaient sous des parapluies ; il se penchait pour distinguer leur figure ; un hasard pouvait avoir fait sortir Mme Arnoux. »
Deuxième partie, Chapitre 1 « Les dames formaient un demi-cercle en l’écoutant ; et, afin de briller, il se prononça pour le rétablissement du divorce, qui devait être facile jusqu’à pouvoir se quitter et se reprendre indéfiniment, tant qu’on voudrait. Elles se récrièrent ; d’autres chuchotaient ; il y avait de petits éclats de voix dans l’ombre, au pied du mur couvert d’aristoloches. C’était comme un caquetage de poules en gaieté ; et il développait sa théorie, avec cet aplomb que la conscience du succès procure. »
Troisième partie, Chapitre 2 « Et ils résumèrent leur vie.
Ils l’avaient manquée tous les deux, celui qui avait rêvé l’amour, celui qui avait rêvé le pouvoir. Quelle en était la raison ?
- C’est peut-être le défaut de ligne droite, dit Frédéric.
- Pour toi, cela se peut. Moi, au contraire, j’ai péché par excès de rectitude, sans tenir compte de mille choses secondaires, plus fortes que tout. J’avais trop de logique, et toi de sentiment.
Puis, ils accusèrent le hasard, les circonstances, l’époque où ils étaient nés. »
Troisième partie, Chapitre 7