Entre 1901 et 1913, Bergson donne plusieurs conférences dans des universités et congrès, publiées dans des journaux et revues, en France et à l’étranger. De nombreux articles qu’il avait publié n’étant plus disponibles, Bergson accepte la proposition de ses amis de réunir ces publications et conférences dans un recueil en deux volumes : L’Énergie spirituelle, Essais et conférences. Divisé en sept chapitres qui correspondent à sept conférences et essais, l’ouvrage est dominé par la question de la métaphysique et de l’union de l’âme et du corps. Bergson y analyse les mécanismes de notre conscience.
Bergson propose une réflexion sur la conscience : elle est présente chez tous les êtres vivants, à différents degrés, mais pour lui, la conscience est une énergie spirituelle qui traverse la matière. Elle est constituée de l’attention que l’homme porte à la vie, c’est-à-dire les souvenirs et l’anticipation de l’avenir. Le présent n’existe pas, il est plutôt une « certaine épaisseur de durée » qui se compose de notre passé immédiat et de notre avenir imminent.
Il cherche aussi à expliquer les opérations de la conscience, comme la pensée, le rêve, ou l’interprétation. Dans le rêve, nous n’avons pas besoin d’agir, et nous assistons à la détente de l’esprit qui laisse émerger toutes les perceptions refoulées pendant que nous sommes éveillés. Ainsi, le cerveau est un organe qui nous adapte à la réalité. Le cerveau produit les mouvements nécessaires pour que la conscience, qui n’est pas de la matière mais une énergie métaphysique, puisse s’inscrire dans la matière et s’extérioriser. Il permet à la conscience de choisir entre toutes les perceptions ressenties, de réfléchir et de les exprimer. Ainsi, la conscience est considérée comme mémoire, et le cerveau comme un organe, intermédiaire qui nous adapte à la vie.
Bergson en conclut que la joie n’est pas une émotion produite par notre cerveau, mais plutôt la destination métaphysique de l’homme, ce à quoi nous sommes destinés. Cela se manifeste par la création : il y a toujours de la joie quand l’homme crée quelque chose. Ainsi, les hommes créent et développent leur nature à travers la joie.
« Disons donc, si vous voulez, que la conscience est un trait d’union entre ce qui a été et ce qui sera, un pont jeté entre le passé et l’avenir. »