Écrit entre 1954 et 1956 et paru à titre posthume en 1958, Le Guépard est l’unique roman de Lampedusa, aristocrate de Palerme, qui s’inspira de la vie de son grand-père. Son manuscrit fut refusé par les éditeurs auxquels il le proposa, à une époque davantage tournée vers la littérature de gauche : cette histoire se déroulant dans le milieu aristocratique de la fin du XIXe siècle n’était pas en phase avec son époque.
C’est l’écrivain Giorgio Bassani qui découvrit plus tard le manuscrit et, en reconnaissant la valeur, le fit publier. Le livre connut un immense succès d’édition puis fut adapté au cinéma en 1963 par Visconti
Le Guépard se déroule pendant le Risorgimento, c’est-à-dire la période révolutionnaire de la seconde moitié du XIXe siècle à l’issue de laquelle l’Italie, jusque-là composée de petits royaumes, fut unifiée.
Don Fabrizio Corbera, prince Salina : Cet aristocrate de 57 ans voit avec lucidité tout ce qu’il connaissait s’effondrer. Il est très doué dans le domaine de l’astronomie et des mathématiques. Tancredi Falconeri : Neveu du prince Salina. Bien que noble, il soutient la révolution garibaldienne. Son but est en fait de conserver ses privilèges aristocratiques. C’est un être joyeux et charmant, très aimé par son oncle. Don Calogero Sedara : Maire du village de Donnafugata et ancien paysan enrichi. Intelligent mais rustre et sans manière, il représente la nouvelle classe, celle des parvenus. Angelica Sedara : Fille de don Calogero. C’est une belle femme, sans éducation et qui cherche à s’élever socialement. Concetta Salina : Fille du prince. Elle est amoureuse de son cousin Tancredi, mais celui-ci épouse Angelica. Elle cachera toujours sa déception et montre une grande fermeté d’âme. Père Pirrone : Un père jésuite, proche de la famille Salina. Bendicò : Le chien fétiche du prince. Il représente un personnage à part entière, présent tout au long du livre et symbole de la déchéance de l’aristocratie.
L’Histoire : L’histoire est la trame essentielle de ce roman. C’est elle qui précipite les destinées individuelles et collectives, qui met en mouvement la plupart des péripéties, si bien qu’elle pourrait constituer un personnage à part entière. L’effondrement de l’aristocratie : Plus précisément, la période de l’unification italienne est le point de basculement du prince, qui assiste avec lucidité à la disparition d’un monde. Tandis que l’aristocratie s’effondre, il observe la montée de la bourgeoisie et des parvenus.
De son aveu, les opinions exprimées par le prince sont celles de Lampedusa lui-même. Si celui-ci voit sans plaisir l’arrivée d’une nouvelle classe sociale, il regarde d’un œil tout aussi critique le monde de la noblesse, perverti par la futilité et le goût du luxe : il était impossible que ce monde ne sombre pas.
Le roman raconte la vie de don Fabrizio Salina, prince sicilien.
Premier partie : mai 1860
Premier partie : mai 1860
Le prince Salina regarde avec désillusion la révolution garibaldienne. Il prévoit que l’ordre sera le même, la bourgeoisie ne faisant que remplacer l’aristocratie. Son neveu, Tancredi, rejoint pour sa part les troupes révolutionnaires.
On découvre les autres membres de la famille Salina.
Deuxième partie : août 1860
Deuxième partie : août 1860
La famille Salina arrive à sa résidence d’été de Donnafugata après un voyage fatigant. Elle est accueillie par la population, suivant l’usage féodal.
Lors d’une réception chez le prince, tout le monde est ébloui par Angelica, la fille de don Calogero Sedara, le maire. Le lendemain, le prince observe son neveu qui se dirige vers la maison d’Angelica.
Troisième partie : octobre 1860
Troisième partie : octobre 1860
Lors d’une partie de chasse, le prince Salina discute avec don Ciccio Tumeo de l’actualité italienne.
Il observe le vote en faveur de l’unification italienne et constate que l’élection est truquée.
À la demande de son neveu, parti se battre dans l’armée garibaldienne, il s’occupe de son mariage avec Angelica. Il négocie avec don Calogero et obtient l’assurance d’une dot importante en échange du nom et de l’honneur des Salina.
Quatrième partie : novembre 1860
Quatrième partie : novembre 1860
Angelica et Tancredi, qui sont désormais fiancés, se voient régulièrement.
Le chevalier Aimone Chevalley est envoyé pour demander à Salina de devenir sénateur, mais celui-ci refuse et c’est don Calogero qui prendra sa place.
On assiste parallèlement à l’évolution de la bourgeoisie sicilienne et au déclin de la noblesse.
Cinquième partie : février 1861
Cinquième partie : février 1861
Le père Pirrone vient passer quelques temps à San Cono pour la commémoration de l’anniversaire de la mort de son père.
Sa nièce est enceinte de trois mois de son cousin, Santino Pirrone. Ces deux branches de la famille sont pourtant ennemies depuis longtemps : Angélina a servi d’instrument de vengeance.
Le père Pirrone organise le mariage de sa nièce et de son neveu, ce qui implique de doter Angélina d’une grande partie des biens de la famille.
Sixième partie : novembre 1862
Sixième partie : novembre 1862
À l’occasion d’un bal, Angelica est présentée à la société de Palerme. Le prince est d’humeur sombre, agacé par les invités, mais il accepte de danser avec Angelica. On comprend qu’il est attiré par la jeune fille, ce qui explique qu’il encourage ce mariage qui représente pourtant une mésalliance pour sa famille.
Septième partie : juillet 1883
Septième partie : juillet 1883
21 ans ont passé. Le prince revient chez lui après un voyage à Naples où il se rendait pour des raisons médicales. En route, il est saisi d’un malaise et meurt dans un hôtel à Trinacria.
Huitième partie : mai 1910
Huitième partie : mai 1910
Les trois filles du prince, Concetta, Carolina et Caterina sont restées vieilles filles. Elles s’aperçoivent que les reliques qu’elles avaient installées dans leur chapelle, au cours de leur vie très pieuse, sont fausses.
Angélica est veuve depuis trois ans et rend visite à Concetta ; les deux femmes sont amies. Concetta apprend, par le sénateur Tassoni, qu’elle aurait pu épouser Tancredi, qu’elle aimait. Son univers s’effondre et elle jette le corps empaillé de Bendicò, le chien que son père adorait.
« Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change. »« Nous fûmes les guépards, les lions ; ceux qui nous remplaceront seront les chacals et les hyènes… Et tous, guépards, chacals et moutons, nous continuerons à nous considérer comme le sel de la Terre. »« Leurs contacts plus fréquents à la suite de l’accord nuptial firent naître chez don Fabrizio une curieuse admiration pour les mérites de Sedara. L’habitude finit par l’accoutumer aux joues mal rasées, à l’accent plébéien, aux vêtements farfelus et à l’odeur persistante de la sueur, et il eut ainsi tout loisir de se rendre compte de la rare intelligence de l’homme ; bien des problèmes qui semblaient insolubles au Prince étaient démêlés en moins de deux par don Calogero ; étant affranchi de certaines entraves que l’honnêteté, la décence et peut-être la bonne éducation imposent aux actions de beaucoup d’autres hommes, il avançait dans la forêt de la vie avec l’assurance d’un éléphant qui, déracinant les arbres et piétinant les tanières, progresse en ligne droite, sans prêter attention aux griffures des épines et aux gémissements des écrasés. »« Tu vois, Bendicò, toi, tu es un peu comme elles, comme les étoiles : d’un bonheur incompréhensible, incapable de produire de l’angoisse. »