Fiche de lecture
Le Jeu de l’amour et du hasard, Marivaux
Contexte

Comédie en prose et en trois actes de Marivaux, Le Jeu de l’amour et du hasard est représentée pour la première fois le 23 janvier 1730 à l’Hôtel de Bourgogne.

En 1720, Marivaux est ruiné par la faillite du système de Law. En 1723 débute le règne de Louis XV. Cette époque est marquée par le début d’une évolution de la société française qui aboutira à la Révolution. Des idées nouvelles se propagent dans les salons et ailleurs. Les philosophes (Montesquieu, Voltaire, Rousseau…) contestent la monarchie absolue, la religion et l’obscurantisme.

Personnages

Silvia : Fille de Monsieur Orgon, sœur de Mario et future amante de Dorante.
Dorante : Prétendant de Silvia qui se fait passer pour le valet Bourguignon.
Lisette : Femme de chambre de Silvia.
Arlequin : Valet de Dorante.
Monsieur Orgon : Père de Silvia et de Mario.
Mario : Fils de Monsieur Orgon et frère de Silvia.
Un laquais : null

Thèmes

Le déguisement, le travestissement : La pièce de Marivaux appartient à la comédie de sentiments ou comédie d’amour. Le thème du déguisement, du travestissement est central dans Le Jeu de l’amour et du hasard. Mais en plus du déguisement, il y a aussi inversion des rôles : maîtres – domestiques / domestiques – maîtres (stratagème déjà utilisé dans Les Précieuses ridicules de Molière).
L’amour : Les personnages de Silvia et Dorante n’acceptent pas le mariage de façon évidente. Ils veulent être certains de leur futur-e marié-e. Il y a donc ici une sorte de lutte contre les codes sociétaux. Silvia veut mettre à l’épreuve son futur époux, son père accepte et l’encourage même à user de cette ruse.

Ici, l’amour triomphe des préjugés sociaux. Silvia croit tomber amoureuse d’un valet, Dorante d’une servante. Et les deux servants, Lisette et Arlequin, d’aristocrates. Une fois au courant de la véritable identité de Dorante, celui qu’elle croyait être un valet, Silvia veut continuer à jouer son rôle de servante pour voir si son bien-aimé l’épousera malgré sa condition sociale.
Les positions sociales : Certes les positions sociales semblent être bousculées : les maîtres vivent la condition de leurs valets (renvoies, contraintes, humiliations), le fait de tomber amoureux d’un valet ou d’un maître pose de nombreuses questions (comment cela est possible ? Le mariage est-il concevable ?). Mais au final, les classes sociales n’ont pas été bousculées, les aristocrates se sont reconnus et aimés, il en va de même pour les domestiques : tout est à sa place ! À la fin de la pièce, tout est rentré dans l’ordre : les aristocrates restent avec les aristocrates, les serviteurs avec les serviteurs. Il y a dans cette pièce une certaine ambigüité : elle va dans le sens de l’idéal mondain, mais conteste en même temps cet idéal en affirmant que le sentiment prime sur la raison sociale.

Résumé

Cette comédie en 3 actes raconte l’histoire de Silvia et Dorante qui, sans se connaître, sont promis pour le mariage. Chacun de leur côté, ils vont mettre un stratagème en place pour être sûrs du choix qui a été fait pour eux : ils changent donc de rôle avec leur servant(e).

Acte I

Scène 1

La femme de chambre Lisette encourage sa maîtresse Silvia à se marier avec Dorante, choisi par son père Monsieur Orgon. Mais Silvia pense qu’il y a trop de mariages malheureux, que les hommes dissimulent leurs sentiments sous le masque de la mondanité.

Scène 2

Silvia demande à son père la permission de tester Dorante en échangeant son habit et sa fonction avec ceux de Lisette. Ainsi, elle pourra savoir qui il est. Monsieur Orgon accepte le stratagème, car il souhaite que sa fille soit heureuse en mariage.

Scène 3

Le frère de Silvia, Mario, annonce à sa sœur l’arrivée de Dorante.

Scène 4

M. Orgon explique à Mario qu’il a reçu une lettre du père de Dorante dans laquelle il explique que le garçon veut user du même stratagème que Silvia en se présentant sous le nom de son valet, Arlequin qui lui « jouera » le personnage de son maître. Monsieur Orgon et Mario décident de ne rien révéler.

Scène 5

Silvia, déguisée en femme de chambre, est déterminée à séduire Dorante sous ce costume.

Scène 6

Dorante se présente sous le nom du valet Bourguignon. Mario et M. Orgon les poussent à se tutoyer et à s’appeler par leur prénom. Les deux jeunes gens sont attirés l’un par l’autre.

Scène 7

Dorante est charmé par celle qui croit être une domestique et lui fait la cour. Silvia de son côté tombe aussi amoureuse, mais n’ose pas se l’avouer car elle croit être charmée par un domestique.

Scène 8

Lorsqu’Arlequin arrive, jouant mal le rôle du maître, Silvia le trouve grossier.

Scène 9

Seul avec Arlequin, Dorante reproche à son valet son manque de politesse.

Scène 10

M. Orgon accueille le faux Dorante et fait comme si de rien n’était, alors qu’il connaît la supercherie.

Acte II

Scène 1

Lisette joue parfaitement son rôle auprès d’Arlequin, le faux Dorante. Ils sont séduits. Lisette en avertit Monsieur Orgon qui lui déclare qu’il ne s’oppose pas à cette union.

Scène 2

Monsieur Orgon laisse Lisette et Arlequin s’entretenir.

Scène 3

Arlequin déclare son amour à Lisette.

Scène 4

Dorante les interrompt, car il veut que son valet paraisse distant, mais ce dernier n’en a que faire et en profite même pour se moquer de lui.

Scène 5

Dorante sort et Arlequin reprend ses déclarations. Il lui laisse entendre qu’il n’est peut-être pas celui qu’il paraît être. Lisette en fait de même.

Scène 6

Silvia les interrompt, car elle souhaite parler à Lisette.

Scène 7

Silvia demande à Lisette de calmer les ardeurs de son prétendant, mais la jeune femme lui explique que Monsieur Orgon l’a encouragée à faire tout le contraire. Silvia est encore plus désarmée lorsque sa servante lui rappelle qu’elle ne semble pas rester de marbre devant Bourguignon, le valet de Dorante. Comme le lui avait demandé Monsieur Orgon, Lisette critique Bourguignon.

Scène 8

Monologue de Silvia qui exprime son humiliation et son indignation, car elle n’a pu cacher son trouble devant Lisette.

Scène 9

Dorante revient pour lui exprimer encore son amour.

Scène 10

Monsieur Orgon et Mario interrompent l’entretien des deux jeunes gens. Ils accusent Dorante d’être un serviteur médisant, et ils affirment à Silvia qu’elle finira par épouser Dorante.

Scène 11

Silvia prend la défense de Dorante en s’efforçant de ne pas montrer ses sentiments. Elle est troublée.

Scène 12

Dorante avoue à Silvia qui il est réellement. Silvia décide de ne pas révéler sa véritable identité.

Scène 13

Silvia souhaite poursuivre cette mascarade pour voir si Dorante serait capable de franchir la barrière des conditions sociales pour l’épouser.

Acte III

Scène 1

Arlequin veut demander la main de Lisette bien qu’il ne soit qu’un valet (et qu’il la croit être une grande dame). Dorante donne son accord à condition qu’il révèle sa véritable identité.

Scène 2

Mario demande à Dorante, son rival, d’arrêter de faire la cour à Silvia.

Scène 3

Mario, devant Silvia, renvoie une nouvelle fois Dorante.

Scène 4

M. Orgon, Silvia et Mario discutent de ce qu’ils vont mettre en place. Silvia veut que Dorante lui demande sa main en la croyant femme de chambre.

Scène 5

Lisette demande à ses maîtres la permission d’épouser celui qu’elle croit être Dorante. M. Orgon accepte à condition qu’elle dise à Arlequin qui elle est.

Scène 6

Lisette et Arlequin se rencontrent pour s’avouer mutuellement qui ils sont. Ils se jurent un amour éternel.

Scène 7

Arlequin ne révèle pas à Dorante le secret du déguisement des jeunes femmes. Dorante s’étonne du succès qu’Arlequin a auprès de Lisette.

Scène 8

S’il souhaite tout d’abord partir, Dorante finit par laisser son orgueil de côté pour demander sa main à Silvia.

Scène 9

Silvia peut enfin révéler à Dorante qui elle est. La supercherie est bien prise par tout le monde, et les deux couples vont pouvoir se marier.

Citation

« Mon cœur est fait comme celui de tout le monde. De quoi le vôtre s’avise-t-il de n’être fait comme celui de personne ? »

Acte I, Scène 1
« Dans le mariage, on a plus souvent affaire à l’homme raisonnable qu’à l’aimable homme. »

Acte I, scène 1
« Un mari porte un masque avec le monde, et une grimace avec sa femme. »

Acte I, scène 2
« Renverse, ravage, brûle, enfin épouse, je te le permets, si tu le peux ! »

Acte II, scène 1