Dino Buzzati est né en Italie en 1906 et était journaliste. C'est dans son quotidien et les faits divers que l'auteur puise ses sujets d'écriture et qu'il aime faire surgir le fantastique.
Le K est un texte classé comme nouvelle fantastique. Il a été publié en 1966 dans un recueil intitulé Sessanta Racconti (« 60 histoires »). Le texte ressemble davantage à un conte initiatique qu'à une nouvelle à proprement parler.
Stefano Roi : On le voit évoluer depuis l'adolescence (il a 12 ans au début du récit) jusqu'à sa mort. Il fait des études brillantes en ville, mais revient, à 22 ans, à la mer. À force de travail, il crée une belle entreprise florissante. Mais il a passé toute sa vie à travailler, pour fuir le « K ». Le père : Le père de Stefano est celui qui va lui raconter la légende du « K » et instiller en lui sa crainte de la malédiction. La mère : Elle est heureuse de voir son fils revenir aux commandes de l'entreprise familiale et ignore la malédiction énoncée par son mari à leur fils. Le « K » : Il est vu comme un monstre craint par tous les navigateurs. C’est un « squale effrayant et mystérieux ». Il a un « mufle hideux » « de bison », une « gueule qui ne fait que s’ouvrir et se fermer spasmodiquement » et des « dents terribles ». En réalité, il est inoffensif.
La figure du père : Pour tout enfant, la figure du père symbolise l'autorité, celui qu'il faut écouter et suivre, comme modèle.
Or, dans cette histoire, il est celui qui va instiller la peur dans l'esprit de son fils. La peur de l'inconnu, de la malédiction, à travers la légende d'un monstre marin.
Tout n'est pas négatif dans la figure du père : il est malgré tout celui qui veut protéger son fils, qui l'éloigne de la mer et l'envoie faire ses études en ville.
Il est encore celui qui le pousse à réussir ses études. Et si l'entreprise de Stefano progresse, se développe et qu'il montre une belle ambition, c'est grâce à sa ténacité et aux conseils de son père.
Un conte initiatique : Le conte initiatique met en scène l'évolution d'un protagoniste sur une longue période, souvent sur toute sa vie. Cette évolution peut être vue de manière positive ou négative. L'objectif de cette évolution est que le personnage prenne conscience du monde qui l'entoure et qu'il ait une meilleure connaissance de lui-même.
Le héros traverse un certain nombre d'épreuves, supporte des souffrances, des craintes… et en ressort grandi, devient un nouvel homme, même vieux et sur le point de mourir.
Stefano, enfant, part découvrir la mer avec son père, marin. Il aperçoit un monstre marin, appelé « le K ». Son père évoque une malédiction à fuir et l’envoie travailler loin de la mer.
Mais l’appel de la mer et du « K » se font sentir et Stefano reprend l’entreprise familiale. Toute sa vie, il parcourt le monde sur son bateau et développe une belle entreprise maritime, tout en prenant soin d’éviter le « K » et de le fuir.
Devenu vieux et sentant la mort arriver, Stefano décide de partir seul, en bateau, à la rencontre du « K » et d’affronter son destin. Il lui révèle alors qu’il n’était pas une malédiction, mais une bénédiction : il devait lui remettre la « Perle de la Mer » qui confère « fortune, puissance, amour et paix de l’âme » à celui qui la possède. Mais il est trop tard pour le vieil homme qui meurt seul sur sa barque.
La légende du « K » :
« C’est le monstre que craignent tous les navigateurs de toutes les mers du monde. C’est un squale effrayant et mystérieux, plus astucieux que l’homme. Pour des raisons que personne ne connaîtra peut-être jamais, il choisit sa victime et une fois qu’il l’a choisie, il la suit pendant des années et des années, toute la vie, s’il le faut, jusqu’au moment où il réussit à la dévorer. Et le plus étrange, c’est que personne n’a jamais pu l’apercevoir, si ce n’est la future victime ou quelqu’un de sa famille. »L’annonce du dénouement et le bilan d’une vie :
« Jusqu’au jour où, soudain, Stefano prit conscience qu’il était devenu vieux, très vieux ; et personne de son entourage ne pouvait s’expliquer pourquoi, riche comme il l’était, il n’abandonnait pas enfin cette damnée existence de marin. Vieux et amèrement malheureux, parce qu’il avait usé son existence entière dans cette fuite insensée à travers les mers pour fuir son ennemi. Mais la tentation de l’abîme avait été plus forte pour lui que les joies d’une vie aisée et tranquille. »Le cadeau du « K » :
« Stefano la prit entre ses doigts et l’examina. C’était une perle d’une taille phénoménale. Et il reconnut alors la fameuse Perle de la Mer qui donne à celui qui la possède fortune, puissance, amour et paix de l’âme. Mais il était trop tard désormais. »Entre rêve et réalité, qu’est, en réalité, cette « perle » ? Buzzati entretient la légende et sème le doute :
« Deux mois plus tard, poussée par le ressac, une petite chaloupe s’échoua sur un écueil abrupt. Elle fut aperçue par quelques pêcheurs qui, intrigués, s’en approchèrent. Dans la barque, un squelette blanchi était assis : entre ses phalanges il serrait un petit galet arrondi. »