Ce roman d’anticipation, écrit dans l’entre-deux-guerres par le britannique Aldous Huxley, est considéré comme l’un des plus grands classiques de la science-fiction d’anticipation, aux côtés de 1984 de George Orwell (paru en 1949) ou encore Farenheit 451 de Ray Bradbury (1953). À l’instar de ces deux romans, Le Meilleur des mondes dépeint une dystopie, un genre que l’on peut considérer comme une sorte de contre-utopie, puisqu’une dystopie imagine une société où il est impossible de trouver le bonheur. Le livre s’appuie sur les réalités sociales de l’entre-deux-guerres (le fordisme, le productivisme, la sélection génétique, la montée des dictatures en Europe, ou encore le communisme) pour imaginer une société future basée sur un système de castes, lesquelles sont créés par manipulation génétique et conditionnement psychologique. C’est un monde sans religion, où toute volonté de rébellion est étouffée par un contrôle strict de la science et une censure presque totale de l’art, et la distribution d’une drogue euphorisante sans effets secondaires, le soma.
Bernard Marx : Membre de la caste Alpha-plus, Bernard est isolé des autres par son aspect physique peu commun pour la plus haute caste. Les rumeurs disent qu’il a été victime d’une erreur de conditionnement pendant l’incubation. Narcissique et lâche, Bernard se sent différent et a un désir de changement, mais il s’agit en réalité davantage d’un individu mal inséré socialement que d’un rebelle. Lénina Crowne : Membre de la caste Bêta-plus, Lénina est une belle femme parfaitement intégrée à la société. Elle est d’abord l’objet des avances de Bernard, puis de celles de John. Helmholtz Watson : Ami de Bernard, Helmholtz est un Alpha-plus brillant qui se sent limité par la société. Il se lie d’amitié avec John, le Sauvage, et finit par accepter sa différence et choisit de se consacrer à l’écriture. Linda : Mère de John, c’est une Bêta-moins qui s’est perdue dans une réserve où vivent les « sauvages », c’est-à-dire les individus qui ne sont pas intégrés à la civilisation moderne et vivent selon des coutumes ancestrales. Linda a dû passer de longues années loin de la civilisation, la laissant marquée physiquement et psychologiquement. Obèse, alcoolique puis accro au soma, elle finit par se laisser mourir, incapable de retrouver sa place dans la société. John (le Sauvage) : John est divisé entre deux mondes : il est né dans une réserve, mais sa mère vient de la civilisation. Il s’intègre mal dans la réserve, mais découvrira à ses dépens que le monde idéal que sa mère lui a décrit, celui de la civilisation, est loin du paradis qu’il imaginait. Intelligent et cultivé (il connaît sur le bout des doigts toutes les œuvres de Shakespeare), il ne s’adaptera jamais à son nouvel environnement où il est considéré comme une aberration amusante et fascinante. Mustapha Menier (l’Administrateur) : Membre du comité des dix Administrateurs mondiaux (le poste le plus haut placé de la hiérarchie du pouvoir), Mustapha est un homme cultivé mais cynique, qui a abandonné ses recherches scientifiques pour se consacrer au bonheur global. Il ne peut être atteint selon lui qu’à travers la stabilité sociale, quitte à sacrifier la liberté et les émotions intenses.
Le consumérisme : Dans la société décrite par Le Meilleur des mondes, toute l’économie et la philosophie sociale sont basées sur la satisfaction immédiate et permanente de tout désir et tout besoin, créant ainsi de la stabilité sociale. La logique est poussée jusqu’à l’absurde, aboutissant par exemple à conditionner les gens à aimer la campagne uniquement pour rentabiliser le système ferroviaire empruntés par les citoyens pour sortir de la ville. Ainsi, Ford, qui est dans le monde réel l’inventeur d’un système de production mécanique intensif, est considéré dans le roman comme un demi-dieu. L’eugénisme (ou sélection génétique) : Chaque individu est créé en laboratoire afin de correspondre parfaitement à la place qu’il occupera dans la société. Par conséquent, les individus manquent de personnalité et se ressemblent tous, sans espoir d’évolution ou de changement.
Chapitre 1
Chapitre 1
Le roman s’ouvre sur la visite du Centre d’Incubation et de Conditionnement par des étudiants, à qui le Directeur explique le processus de conditionnement physiologique permettant de créer des êtres humains prédestinés à leur future classe sociale.
Chapitre 2
Chapitre 2
La visite continue : les étudiants découvrent cette fois comment on conditionne les enfants d’un point de vue psychologique, en créant notamment des réflexes de dégoût envers certaines choses, comme les livres. Pour y parvenir, on apprend aux enfants à associer un objet à la douleur (en touchant un livre, ils reçoivent une décharge électrique). Le principe de l’hypnopédie est également expliqué : un conditionnement durant lequel les principes fondant la société sont répétés en boucle pendant le sommeil.
Chapitre 3
Chapitre 3
On assiste enfin au conditionnement social des enfants, et particulièrement concernant les relations hommes-femmes et les relations sexuelles. L’Administrateur intervint ensuite pour expliquer comment fonctionnaient les « familles » de l’ancien monde, du temps où l’on enfantait naturellement et où l’on vivait ensemble sous le même toit, un mode de vie désormais considéré comme répugnant et absurde. On fait également la connaissance de Lénina, qui travaille au centre et est intriguée par Bernard, un de ses collègues au Centre qui semble différent des autres.
Chapitre 4
Chapitre 4
Après leur journée de travail, Lénina et Bernard quittent le centre. Lénina part avec son amant du moment, Henry Foster, s’adonner à l’un des sports populaires, le Golf-Obstacles. Bernard, déprimé par son isolement social (« Je suis moi, et je voudrais bien ne pas l’être ») part rendre visite à son ami Helmholtz Watson, qui lui aussi se sent à part dans la société. Professeur brillant et respecté, il a en effet la sensation d’être limité dans son rôle social.
Chapitre 5
Chapitre 5
Le lecteur poursuit son exploration de ce monde en accompagnant Lénina et Henry, qui aperçoivent en hélicoptère des membres des castes inférieures. Le couple se félicite du système de castes : chacun est à sa place et content d’y être. Le statut des Epsilon, la caste la plus basse, paraît terrible aux Alpha (la caste la plus haute), mais eux s’en satisfont. « Tout le monde est heureux à présent. »
Bernard se rend à la Chanterie, une sorte d’église ou de temple, pour y assister à un rite inspiré par la religion. Pendant ce rituel, obligatoire pour les citoyens, les participants prennent du soma, une sorte de drogue euphorisante sans effets secondaires. Lors du rituel, les participants communient et s’unissent autour d’une même extase, que Bernard est le seul à ne pas éprouver.
Chapitre 6
Chapitre 6
Bernard et Lénina sortent ensemble, mais Lénina est déstabilisée par l’attitude de Bernard, qui souhaite éviter les foules et les divertissements, préférant passer des moments seuls et contemplatifs avec Lénina. Elle est même choquée par ses propos anti-conformistes, son désir de liberté, et ne peut répondre que par les vérités générales apprises par cœur grâce au conditionnement.
Bernard fait signer à son directeur une autorisation pour visiter une « réserve » avec Lénina au Nouveau-Mexique. Malgré la bienséance sociale qui veut qu’on n’évoque pas son passé, le directeur se laisser aller à raconter à Bernard un épisode de sa vie : des années auparavant, il s’est rendu dans une réserve similaire, où sa compagne a disparu.
À leur arrivée, Bernard reçoit un coup de fil d’Helmholtz lui annonçant que son attitude antisociale va lui valoir d’être muté en Islande, une perspective qu’il redoute plus tout.
Chapitre 7
Chapitre 7
Dans la réserve, Lénina est horrifiée par la découverte de la vieillesse, de la pauvreté et de la maladie. Bernard et elle assistent à un étrange rituel qui semble mêler des croyances païennes et des symboles chrétiens. Peu après, ils font la connaissance John, le seul habitant à parler anglais. Il les emmène voir sa mère, Linda. Celle-ci se révèle être la compagne perdue évoquée par le directeur de Bernard. Enceinte, elle a dû s’adapter pour survivre loin de la civilisation. Obèse et alcoolique, elle est dévastée par la vie qu’elle a menée.
Chapitre 8
Chapitre 8
Pendant que Lénina tient compagnie à Linda, John répond aux questions de Bernard, très intrigué par la vie qu’il mène dans la réserve. Il lui raconte alors une enfance troublée, les attaques des autres enfants qui se moquaient de lui et de la mauvaise réputation de sa mère, qui couchait avec des hommes mariés. Il lui parle aussi de son amour pour les œuvres de Shakespeare. Bernard propose à John et à Linda de les ramener avec lui à Londres.
Chapitre 9
Chapitre 9
Pendant que Lénina se repose à l’auberge après avoir pris une très forte dose de soma pour se remettre de la visite du village « sauvage », Bernard obtient l’autorisation de Mustapha Menier, l’Administrateur, pour ramener John et Linda. John s’introduit dans la chambre de Lénina pour la regarder dormir.
Chapitre 10
Chapitre 10
De retour à Londres, le directeur veut humilier Bernard devant tous ses collègues pour en faire un exemple, mais son projet est contrecarré par Bernard avec l’arrivée de John et Linda. Cette dernière accuse le directeur de lui avoir fait un enfant, et John l’appelle son « père », scandalisant l’assistance et humiliant profondément le directeur. « Ce mot (car ‟père” n’était pas tant obscène – en raison de la distance que ce terme impliquait par rapport aux secrets répugnants et immoraux de l’enfantement – que simplement grossier, c’était une inconvenance scatologique plutôt que pornographique), ce mot comiquement ordurier provoqua un soulagement dans ce qui était devenu une tension absolument intolérable. »
Chapitre 11
Chapitre 11
Le retour est difficile pour Linda, que l’on méprise pour être une mère et pour son physique très dégradé. Elle se replie peu à peu sur elle-même et sa consommation de soma la tue à petit feu. Bernard quant à lui est grisé par son succès, qui lui donne de l’importance dans ce monde où il se sentait si peu à sa place : en effet, tout le monde est avide de voir le « Sauvage » qu’il a ramené avec lui de la réserve. Bernard emmène John visiter l’école privée d’Eton, où John est choqué de voir que le mode de vie des habitants de la réserve fait l’objet des moqueries des étudiants. Plus tard, Lénina l’emmène au cinéma sentant, où un film tournant en ridicule les relations exclusives l’horrifie. Durant toute la soirée, Lénina, qui trouve John très beau, cherche à le séduire, mais celui-ci, à la grande surprise de Lénina, refuse ses avances.
Chapitre 12
Chapitre 12
Lors d’une soirée organisée par Bernard pour montrer le « Sauvage » au gratin de la ville, John refuse de sortir de sa chambre. Humilié, Bernard voit partir ses invités. Plus tard, Bernard apprend qu’Helmholtz a lui aussi des problèmes avec l’administration, car il a écrit des vers parlant de la solitude et les a lus devant sa classe. Bernard lui présente John, et les deux hommes se lient aussitôt d’amitié, suscitant la jalousie de Bernard. En dépit de son intelligence, Helmholtz reste un homme de son temps et ne peut s’empêcher d’éclater de rire quand John lui fait la lecture de Roméo et Juliette.
Chapitre 13
Chapitre 13
Lénina, déprimée par son précédent échec avec John, décide de le revoir. Celui-ci lui confesse ses sentiments et lui explique qu’il veut la courtiser, gagner son amour en se montrant digne d’elle. Lénina ne comprend rien à son comportement et commence à se déshabiller pour qu’ils puissent avoir une relation sexuelle. Bouleversé, John la traite de catin et quitte la pièce en furie, laissant Lénina incrédule et terrifiée. John reçoit ensuite un coup de fil l’informant que sa mère est mourante.
Chapitre 14
Chapitre 14
John se précipite à l’hôpital, où sa mère ne le reconnaît pas au début et le prend pour l’un de ses anciens amants. Après l’avoir finalement reconnu, elle meurt. Puis, un groupe d’enfants fait son apparition : ils sont ici pour être « conditionnés à la mort ». Choqué par leur manque de respect, John quitte l’hôpital en les bousculant.
Chapitre 15
Chapitre 15
John tombe sur une distribution de soma. Comme cette drogue a causé la mort de sa mère, il s’énerve et prend la foule à parti en leur expliquant que le soma les rend semblables à des esclaves. Il jette le soma par la fenêtre, quand Bernard et Helmholtz, alertés par téléphone, débarquent sur place. Les forces de l’ordre diffusent du soma sous forme vapeur afin de calmer tout le monde, et Bernard, Helmholtz et John sont arrêtés.
Chapitre 16
Chapitre 16
Bernard, Helmholtz et John sont reçus par l’Administrateur lui-même, qui semble comprendre le regard critique que les trois hommes portent sur la société. S’engage une discussion philosophique durant laquelle l’Administrateur admet les faiblesses du système, mais argue que la façon d’éviter la violence et de maintenir la stabilité sociale est de conditionner les gens, de faire en sorte qu’ils restent toujours satisfaits autour d’une forme de bonheur passif : « ils sont conditionnés de telle sorte que, pratiquement, ils ne peuvent s’empêcher de se conduire comme ils le doivent. » L’art et la science, dangereux pour la stabilité sociale, doivent être gardés sous contrôle. Au terme de la discussion, l’Administrateur décide d’isoler Bernard et Helmholtz dans des îles lointaines. Bernard est dévasté et quitte la pièce, tandis que Mustapha continue sa discussion avec Helmholtz, à qui il laisse choisir sa destination : ce sera les îles Falklands, où le climat difficile lui semble une bonne source d’inspiration pour l’écriture.
Chapitre 17
Chapitre 17
La discussion se poursuit entre John et Mustapha. La conversation porte maintenant sur la religion, que l’Administrateur juge inutile. Pour sa fonction d’apaisement et d’espoir, il y a le soma : « le christianisme sans larmes, voilà ce qu’est le soma. » John continue de refuser ce genre d’existence, réclamant le droit au malheur, et Mustapha lui promet que son souhait sera réalisé.
Chapitre 18
Chapitre 18
John fait ses adieux à Bernard et Helmholtz, leur annonçant qu’il part pour un lieu retiré où il pourra être seul. Il s’installe dans un phare, mais son bonheur est de courte durée : il devient une attraction pour les touristes qui veulent tous voir « le Sauvage ». Au désespoir, il se suicide par pendaison.
« On ne peut pas consommer grand-chose si l’on reste tranquillement à lire des livres. »
Chapitre 3 « Le bonheur effectif paraît toujours assez sordide en comparaison des larges compensations qu'on trouve à la misère. Et il va de soi que la stabilité, en tant que spectacle, n'arrive pas à la cheville de l'instabilité. Et le fait d'être satisfait n'a rien du charme magique d'une bonne lutte contre le malheur, rien du pittoresque d'un combat contre la tentation, ou d'une défaite fatale sous les coups de la passion ou du doute. Le bonheur n'est jamais grandiose. »
Chapitre 16 « Et c’est là, dit sentencieusement le Directeur, en guise de contribution à cet exposé, qu’est le secret du bonheur et de la vertu, aimer ce qu’on est obligé de faire. Tel est le but de tout conditionnement. Faire aimer aux gens la destination sociale à laquelle ils ne peuvent échapper. »
Chapitre 1 « Ne remettez jamais à demain le plaisir que vous pouvez prendre aujourd’hui. »
Chapitre 6