Machiavel est, entre 1498 et 1512, légat de la République Florentine, alors que l’Italie est encore morcelée et que les États italiens n’ont de cesse de se faire la guerre. Il est donc au centre de la diplomatie et des luttes de pouvoirs. C’est dans le cadre de ses fonctions qu’il rencontre César Borgia, qui lui servira de modèle pour Le Prince. En 1512, il est renvoyé de ses fonctions car les Médicis installent une monarchie à Florence. La même année, il commence à écrire Le Prince. Ce livre a certainement pour Machiavel un but politique : celui de montrer aux Médicis qu’il connaît l’exercice du pouvoir, qu’il n’est pas défavorable à la monarchie, et ainsi, qu’il peut être utile à leurs côtés. Il s’agit donc d’un traité politique, dans lequel Machiavel explique quelle est la meilleure manière de gouverner pour arriver au pouvoir et surtout, y rester. Son livre vise à montrer la voie de l’unification de l’Italie, rêve caressé par tous les États italiens. On peut souligner enfin que Le Prince de Machiavel n’est pas, contrairement à ce que la langue fait penser « machiavélique ». Il s’agit plutôt de théories politiques et philosophiques pragmatiques.
Le Prince est composé de 26 chapitres. Les premiers chapitres expliquent le fonctionnement de l’Italie du XVIe siècle, avec la répartition des États en républiques ou monarchies et les tensions politiques qui s’y forment. Ensuite, Machiavel se fait plus théorique, et met en valeur un prince qui serait idéal en décrivant son parcours. Ainsi, il montre par quels moyens on peut conquérir le pouvoir mais souligne que le plus important reste de le conserver. Cette pérennité du pouvoir est obtenue par des décisions militaires et des postures diplomatiques précises. La dernière partie est consacrée à la morale qui doit être appliquée par le prince. Ainsi, le prince doit recourir d’une part à la ruse du renard, et de l’autre à la force du lion. Il doit rester maître des apparences et toujours contrôler son image publique. Le prince doit parfois être sans pitié, mais doit aussi savoir contrôler le peuple, en lui montrant des vertus morales comme la générosité ou l’honnêteté. L’équilibre entre les deux est fragile, et c’est pourquoi le prince doit être lucide et résister aux apparences trompeuses avec lesquelles il joue. Le but de Machiavel est de rendre le prince efficace.
« Gouverner c’est mettre vos sujets hors d’état de vous nuire, et même d’y penser ».