Le Roman de la momie paraît d’abord en feuilletons dans le journal Le Moniteur Universel du 11 mars au 6 mai 1857, avant d’être édité en avril 1858 chez Hachette.
L’artiste romantique, victime du « mal du siècle » qu’est la mélancolie, éprouve la nécessité de s’évader hors des limites de la condition humaine, et l’ailleurs de l’exotisme et le dépaysement constituent une échappatoire. C’est dans ce contexte que le romantisme du début du XIXe siècle témoigne d’un attrait pour l’Orient et ses pays lointains, tel que l’Égypte qui devient une véritable mode dans tous les arts.
Théophile Gautier voit ses amis Gustave Flaubert et Maxime Du Camp partir pour l’Égypte en 1849 et les lettres qu’il reçoit sollicitent déjà son imagination. En 1856, Gautier salue la parution de l’ouvrage d’Ernest Feydeau intitulé Histoire des usages funèbres et des sépultures des peuples anciens. Les deux hommes deviennent amis et c’est à cet égyptologue français que Gautier dédie son Roman de la momie. Cette rencontre est décisive puisque Feydeau permet à Gautier d’utiliser l’importante documentation qu’il a consultée pour son livre, le guidant dans ses nombreuses recherches et lectures pour préparer la rédaction.
Gautier écrit donc Le Roman de la momie avant d’être allé en Égypte. C’est un voyage qu’il fera en 1869, pour assister à l’inauguration du canal de Suez.
Dans ce roman à la fois historique et fantastique, Gautier s’illustre dans la représentation du beau à travers les portraits de ses personnages et les descriptions des paysages de l’univers égyptien antique qui sont décrits comme des œuvres picturales.
Lord Evandale (personnage du récit-cadre) : C’est un jeune aristocrate anglais. Gautier en fait un dandy, à la mise et à l’allure irréprochables, dont la beauté masculine, présentant aussi des caractéristiques féminines, est parfaite : il est d’« une beauté dont on ne pouvait rien dire sinon qu’elle était trop parfaite pour un homme. » C’est un jeune homme cultivé et intelligent qui utilise sa fortune pour faire des recherches en Égypte. Il fera la découverte du sarcophage d’une momie ensevelie avec un papyrus faisant le récit du destin tragique de la reine Tahoser, dont lord Evandale tombe rétrospectivement amoureux. Docteur Rumphius (personnage du récit-cadre) : Il incarne le personnage du savant allemand, accompagnant lord Evandale. C’est grâce à lui que ce dernier va faire la découverte de sa vie : le tombeau de la reine Tahoser. Lord Evandale le respecte pour ses compétences archéologiques. Rumphius va surpasser les égyptologues de son époque en traduisant le papyrus trouvé dans le sarcophage en trois ans de travail.
Son portrait en fait une caricature du savant, laid, qui néglige sa tenue vestimentaire ; à l’opposé de lord Evandale. Leurs qualités sont cependant complémentaires. Argyropoulos (personnage du récit-cadre) : Argyropoulos est commerçant et directeur des fouilles. Il aborde lord Evandale et docteur Rumphius pour leur proposer de leur faire découvrir la tombe d’une momie jusque-là inviolée. En homme rusé calculateur, il évalue surtout les profits qu’il peut tirer de la curiosité des deux touristes. Pharaon (personnage du récit encadré) : Pharaon est d’abord présenté comme la figure du sacré, « dieu de granit », séparé du reste des humains. Mais le simple regard qu’il pose sur Tahoser suffit à l’humaniser : il ressent du désir et de l’amour pour cette belle jeune femme qu’il fait tout pour retrouver. Il finit par l’enlever à Poëri. Tahoser (personnage du récit encadré) : C’est la momie de Tahoser que lord Evandale et docteur Rumphius découvrent. Gautier relate l’histoire de cette reine égyptienne, inscrite sur un rouleau de papyrus enseveli avec elle. Tahoser est un exemple de beauté égyptienne. Orpheline et riche, elle est d’abord représentée avec une attitude mélancolique. Elle tombe amoureuse du jeune hébreu Poëri qu’elle aperçoit lors du retour triomphal de Pharaon, et elle se déguise en jeune femme du peuple pour pouvoir le rejoindre. Pharaon, qui tombe amoureux d’elle, l’enlève chez Poëri pour l’amener dans son palais. À la mort de Pharaon, elle règnera sur l’Égypte. Nofré (personnage du récit encadré) : Fidèle servante et confidente de Tahoser. Ahomis (personnage du récit encadré) : Oëris (chef militaire) de Pharaon. Ce très beau jeune homme est épris de Tahoser alors que celle-ci n’éprouve rien de profond pour lui. Poëri (personnage du récit encadré) : Poëri est le jeune hébreu que Tahoser aperçoit dans la foule lors du retour triomphal de Pharaon. Éperdument amoureuse de lui, Tahoser se fera passer pour la misérable Hora pour rejoindre Poëri. Celui-ci la gardera pour la faire travailler à son service. Ra’hel (personnage du récit encadré) : Jeune femme juive, d’une grande beauté dont Poëri est amoureux. Découvrant l’amour de Tahoser pour Poëri, elle acceptera que celle-ci devienne sa seconde épouse. Thamar (personnage du récit encadré) : Vieille femme âgée, c’est la servante de Ra’hel. Elle se méfie de Tahoser, qu’elle soupçonne de ne pas être de condition modeste, et révèle à Pharaon l’endroit où elle se cache. Mosché (personnage du récit encadré) : Moïse en hébreu. Avec Aharon, il demande à Pharaon de laisser son peuple sacrifier à l’Éternel dans le désert. Aharon (personnage du récit encadré) : Frère aîné de Moïse. Ennana (personnage du récit encadré) : Chef des hiéroglyphites (magiciens royaux).
La mélancolie : Au début du roman, Tahoser est en proie à une mélancolie profonde qui l’emprisonne dans l’ennui et la tristesse, jusqu’à sa rencontre avec Poëri. Pharaon plonge aussi dans une rêverie mélancolique dès lors qu’il a aperçu Tahoser. Lord Evandale, quant à lui, incarne le type du dandy du XIXe siècle en quête d’absolu qui cherche à tromper son ennui en Orient. Il sera finalement condamné à la quête incessante d’un idéal de beauté féminine incarné par Tahoser. Tendant désespérément vers cet idéal, il en vient à mépriser toutes les autres femmes, c’est-à-dire la réalité qui ne peut le satisfaire. La beauté parfaite : Tahoser et Pharaon incarnent respectivement des modèles de beauté de type oriental. Ra’hel incarne la beauté juive, tandis que lord Evandale est rapproché des canons de la beauté grecque. L’amour déçu, impossible : Tahoser, qui aime Poëri, n’est pas aimée du jeune homme, qui aime quant à lui Ra’hel. Tahoser sera aimée par Pharaon, mais elle ne l’aimera pas tout de suite, puis Pharaon mourra après la première déclaration d’amour de Tahoser. Ces amours déçues s’inscrivent dans l’histoire égyptienne, puis à un autre niveau car lord Evandale voue un amour impossible à Tahoser, qui l’empêchera d’apprécier toute autre femme de son temps. Le fantastique et le surnaturel : Gautier utilise le procédé du récit enchâssé pour redonner vie à Tahoser et au passé en renversant le sablier du temps qui propulse la narration trois-mille-cinq-cents ans en arrière. Le fantastique, ou plutôt le surnaturel, se manifeste aussi par le biais des personnages de Mosché, Aharon et des hiéroglyphites qui multiplient les prodiges. L’Orient : Gautier exploite le thème romantique de l’Orient, qui traverse son œuvre, en donnant à voir à la fois l’Égypte du XIXe siècle et l’Égypte antique dont il décrit l’univers avec précision.
Le Roman de la Momie raconte deux histoires. La première est celle de lord Evandale, du docteur Rumphius et du grec Argyropoulos, qui découvrent le tombeau d’une momie : Tahoser. Cette dernière a été ensevelie avec un papyrus racontant sa vie. L’histoire des trois explorateurs s’arrête alors pour faire place à celle de Tahoser. Jeune femme riche, elle n’est néanmoins pas heureuse. À la vue d’un jeune homme appelé Poëri, elle en tombe amoureuse et décide de se travestir en jeune femme pauvre pour entrer à son service. Dans le même temps, Pharaon a posé ses yeux sur Tahoser, et est tombé sous son charme. Alors que la jeune femme a été acceptée par Poëri et Ra’hel, et qu’elle va devenir la deuxième femme de Poëri, Pharaon enlève Tahoser qui a été dénoncée par une servante de Ra’hel. Elle reste alors au palais. On assiste à la confrontation de Moïse et Pharaon, ainsi qu’au déclenchement des sept plaies d’Égypte. À la mort de Pharaon, Tahoser devient reine d’Égypte, mais mourra jeune et seule. Un retour au temps de lord Evandale nous apprend que ce dernier ne s’est jamais marié, amoureux pour toujours de Tahoser.
L’action se déroule en Égypte, dans la vallée de Biban el-Molouk.
Prologue
Prologue
Lord Evandale, jeune dandy aristocrate anglais, est accompagné du docteur Rumphius, un archéologue allemand. Le roman s’ouvre sur une phrase de ce dernier qui exprime son intuition : « J’ai un pressentiment que nous trouverons dans la vallée de Biban el-Molouk une tombe inviolée ». Alors que les deux hommes se dirigent vers les rochers situés autour de la vallée des rois, ils sont abordés par le grec Argyropoulos, directeur de fouilles et commerçant, qui leur propose de les faire pénétrer dans une tombe jusque-là inviolée contre une importante somme d’argent.
Animés par la curiosité et le désir de faire une extraordinaire découverte, les deux touristes acceptent le marché. Après quelques difficultés, les trois explorateurs découvrent le tombeau d’une momie. Après quelques réticences exprimées par lord Evandale, ils ouvrent le sarcophage de la momie Tahoser, qui a gardé les marques d’une beauté exceptionnelle et fascinante aux yeux de lord Evandale : « À l’aspect de cette belle morte, le jeune lord éprouva ce désir rétrospectif qu’inspire souvent la vue d’un marbre ou d’un tableau représentant une femme du temps passé, célèbre par ses charmes ; il lui sembla qu’il aurait aimé, s’il eût vécu trois mille cinq cents ans plus tôt, cette beauté que le néant n’avait pas voulu décrire, et sa pensée sympathique arriva peut-être à l’âme inquiète qui errait autour de sa dépouille profanée. »
Ils découvrent que la momie a été ensevelie avec un papyrus qui raconte son histoire. Ce papyrus marque le point de départ du roman qui va permettre à Gautier, par un effet de récit enchâssé, de faire ressurgir le passé en proposant à son lecteur l’histoire de la momie Tahoser.
Chapitre 1
Chapitre 1
Le lecteur découvre alors le récit que lord Evandale, Rumphius et Argyropoulos ont pu apprécier. La narration propulse le lecteur dans l’Égypte antique, dans la cité d’Oph, qui fait l’objet d’une longue description permettant de poser le décor de cet autre niveau de narration. L’auteur présente Tahoser, la fille du grand prêtre Pétamounoph, qui l’a laissée orpheline dans sa grande et magnifique villa. Malgré ce cadre luxueux et sa condition de riche jeune femme entourée d’esclaves pour s’occuper d’elle, Tahoser est en proie à une profonde mélancolie. Aucun divertissement, y compris les talents de sa harpiste Satou, ne parvient à chasser son ennui.
Chapitre 2
Chapitre 2
Tahoser confie à sa fidèle servante Nofré la tristesse et l’ennui qui l’habitent bien qu’elle ait les moyens de satisfaire tous ses caprices. Même sa relation avec le bel Ahmosis, qui est très amoureux d’elle, l’ennuie car elle ne ressent rien de profond à son égard. Pour échapper à cette affliction, Nofré propose à sa maîtresse d’aller assister au retour triomphal de Pharaon ; ce qu’elle accepte. Mêlée à la foule, Tahoser remarque alors un jeune homme qui ne la laisse pas indifférente : « elle sortit de son apathie ». Le jeune homme, lui, n’a pas posé les yeux sur le char qui porte Tahoser et Nofré.
Chapitre 3
Chapitre 3
La foule admire le cortège fastueux mettant en scène le retour de Pharaon. Celui-ci semble très lointain, il exprime dans son attitude et son indifférence toute sa puissance : il apparaît tel un « dieu de granit ». S’il est d’abord présenté comme une figure figée et presque déshumanisée, quelque chose change en lui lorsqu’il aperçoit la belle Tahoser : « une étincelle de désir » passe dans ses yeux.
Chapitre 4
Chapitre 4
On retrouve ensuite Pharaon dans son somptueux palais, situé sur la rive gauche du Nil. Celui-ci semble tout à fait insensible aux nombreuses marques d’admiration de ses sujets, et malgré un magnifique festin, les jeunes femmes qui l’entourent et les danseuses qui tentent de le distraire, Pharaon reste plongé dans ses pensées. Un messager vient alors lui apprendre le nom de la jeune femme qu’il a aperçu dans la foule un peu plus tôt : « C’est Tahoser, la fille du prêtre Pétamounoph ! »
Chapitre 5
Chapitre 5
Ce chapitre nous décrit l’exploitation agricole de Poëri, le jeune homme qui a attiré l’attention de Tahoser. Celle-ci est animée par une forte passion pour cet homme qu’elle a à peine aperçu, et souhaite le rejoindre. Pour ce faire, elle décide de se travestir en femme du peuple et va frapper à la porte de Poëri pour implorer son hospitalité.
Chapitre 6
Chapitre 6
Tahoser prétend s’appeler Hora, être orpheline et vivre dans la misère. Le jeune homme, qui est l’intendant des biens de la couronne, l’accueille et lui propose de rester à son service. Tahoser qui, dans un premier temps doute d’avoir bien agi, va tout faire pour séduire Poëri, notamment en jouant de la mandore. Toutefois, ce talent fait naître le doute chez Poëri sur les origines modestes de la jeune femme. Celui-ci finit par s’endormir et prononce dans son sommeil le nom d’une certaine Ra’hel dont il est amoureux. Tahoser s’inquiète.
Chapitre 7
Chapitre 7
Nofré, inquiète de l’absence de sa maîtresse, demande de l’aide à Souhem, un vieux serviteur, ainsi qu’à Ahmosis pour effectuer des recherches qui restent vaines. Souhem suggère alors que Tahoser est tombée amoureuse. Pharaon, dont les pensées sont toutes tournées vers la jeune femme, est tout à fait indifférent à l’égard des belles femmes qui l’entourent et s’ébattent dans la piscine. Il décide alors de demander à son serviteur Timopht de faire porter chez Tahoser des richesses qu’il renferme dans ses chambres contenant ses trésors. Le serviteur revient bientôt pour annoncer à Pharaon que Tahoser a disparu, ce qui met Pharaon dans une rage folle.
Chapitre 8
Chapitre 8
Tahoser, sous l’identité d’Hora, est heureuse auprès de Poëri qui ne manifeste pourtant pas de passion particulière pour elle et qui la fait participer aux travaux des champs pour la distraire. Tahoser est inquiétée par les propos d’une esclave lui expliquant que Poëri appartient à la « race barbare d’Israël », accusée de pratiquer des sacrifices d’enfants au nom de leur Dieu. Tahoser voit Poëri sortir de la campagne et décide de le suivre.
Chapitre 9
Chapitre 9
Tahoser, qui ne veut pas perdre sa trace, est forcée de se jeter dans le fleuve pour pouvoir suivre Poëri, monté dans une barque en papyrus. Après avoir accosté, Poëri rejoint une jeune femme d’une grande beauté à côté d’une modeste hutte en terre. Tahoser, toujours cachée, observe la scène et comprend qu’il s’agit de Ra’hel, dont Poëri est amoureux. Tahoser s’évanouit devant la cabane.
Chapitre 10
Chapitre 10
Pharaon est désespéré depuis qu’il a appris la disparition de Tahoser. Il va habiter son palais du Nord pour changer de cadre et espérer se distraire, mais la jeune femme hante toujours ses pensées. Timopht lui apprend qu’une femme d’une grande beauté, bien que pauvrement vêtue, a été aperçue en train de traverser le fleuve au petit matin. Pharaon se persuade qu’il s’agit de Tahoser, déguisée pour une raison qu’il ignore encore. Il confie à des émissaires la mission de la retrouver. Pharaon, qui possède tous les pouvoirs en politique, vit mal son impuissance face à l’amour. Trois messagers reviennent annoncer l’échec de leurs recherches à Pharaon. Fou de rage et de désespoir, Pharaon les tue sur le champ. Mais Timopht lui explique que Tahoser est probablement chez Poëri où elle s’est rendue sous une fausse identité.
Chapitre 11
Chapitre 11
Ra’hel, qui a découvert Tahoser évanouie, la porte jusqu’à son lit avec l’aide de Thamar, sa servante. Tahoser admire la beauté de Ra’hel, tandis que Thamar émet des doutes sur la véritable identité de la jeune femme et met en garde sa maîtresse. Lorsque Poëri revient, Ra’hel comprend que Tahoser est amoureuse de lui. Thamar va chercher Mosché (Moïse en hébreu) pour guérir Tahoser.
Chapitre 12
Chapitre 12
Une fois que Tahoser est rétablie, il est convenu, avec l’accord de Ra’hel, que Tahoser sera la seconde épouse de Poëri, avec toutes les conséquences et contraintes que cela engendre, notamment à cause de leur différence religieuse. Thamar ne supporte pas l’idée de cette union et décide de révéler à Pharaon la cachette de Tahoser en échange d’une récompense pécuniaire.
Chapitre 13
Chapitre 13
Pharaon va enlever Tahoser au grand galop et l’amène dans son palais. Il lui déclare alors son amour : « Un immense ennui, pareil à celui qu’éprouvent sans doute les momies qui, emmaillotées de bandelettes, attendent dans leurs cercueils […] où souvent je restais les mains sur mes genoux comme un colosse de granit, songeant à l’impossible, à l’infini, à l’éternel. […] Mais je t’ai aperçue ; j’ai éprouvé un sentiment bizarre et nouveau ; j’ai compris qu’il existait en dehors de moi un être nécessaire, impérieux, fatal, dont je ne saurais me passer, et qui avait le pouvoir de me rendre malheureux. J’étais un roi, presque un dieu ; ô Tahoser ! tu as fait de moi un homme ! » Tahoser est déchirée entre son amour pour Poëri et la passion que lui voue Pharaon.
Chapitre 14
Chapitre 14
Lorsque Ra’hel s’éveille et s’inquiète de ne pas trouver Tahoser, Thamar rassure sa maîtresse en la persuadant qu’elle est un être maléfique. Thamar va ensuite récupérer sa récompense au palais. Tahoser, malgré l’amour de Pharaon et sa vie fastueuse au palais, ne parvient pas à oublier Poëri.
Chapitre 15
Chapitre 15
Mosché, accompagné d’Aharon (frère aîné de Moïse) vient à la rencontre de Pharaon dans son palais. Contrairement à l’usage, Mosché ne se prosterne pas devant Pharaon et paraît avec autant d’assurance et de majesté que Pharaon. Mosché lui déclare : « Ainsi a parlé l’Éternel, le Dieu d’Israël : ‟Laisse aller mon peuple, pour qu’il me célèbre une solennité au désert.” » Pharaon, ne reconnaissant pas l’Éternel dont lui parle Mosché et craignant qu’il s’agisse d’un prétexte pour prendre la fuite, refuse de laisser son peuple sacrifier à l’Éternel dans le désert.
Mosché revient quelques jours plus tard au palais pour prouver la puissance de son dieu à Pharaon en changeant son bâton en serpent. Les hiéroglyphites (personnages étranges qui ont un pouvoir surnaturel et sont les magiciens du roi) en font de même, mais le serpent de Mosché dévore tous les autres serpents. Pharaon reste cependant sur ses positions.
Chapitre 16
Chapitre 16
Quelques jours plus tard, alors que Pharaon côtoie le Nil pour voir quel degré atteignait la crue du fleuve, il rencontre Aharon et Mosché qui renouvellent leur demande. À nouveau pour prouver la puissance de son dieu, Mosché transforme l’eau du Nil en sang. Ennana, qui est la chef des hiéroglyphites, retransforme le Nil en eau puis en sang pour imiter le prodige de Mosché. Ce dernier donne alors un délai de sept jours de réflexion à Pharaon, sinon il promet un nouveau prodige. Le délai passé, l’Égypte est envahie par des milliers de grenouilles ; ce qu’Ennana ne parvient à annuler que pour un temps puisqu’Aharon reproduit le prodige. S’ensuit une suite d’atroces fléaux que les hiéroglyphites ne peuvent contrer. Lorsque Mosché se dresse sur le seuil de la chambre de Pharaon (alors que personne ne l’a introduit) pour renouveler sa demande, celui-ci décide alors d’accepter la demande des Hébreux. C’est le moment que choisit Tahoser pour déclarer son amour à Pharaon : « Je t’aime maintenant ; tu es un homme, et non un dieu de granit. »
Chapitre 17
Chapitre 17
Ce chapitre s’ouvre sur la mort du fils premier-né de Pharaon. Celui-ci ne croit pas à l’Éternel et reproche à Mosché et Aharon tous les malheurs qui ont frappé l’Égypte. Un désir de vengeance et d’extermination naît en lui. S’il a accepté que les Hébreux aillent sacrifier à leur Dieu dans le désert, il se met dans une colère noire dès lors qu’il comprend qu’ils quittent définitivement l’Égypte et se lance à leur poursuite avec son armée. Alors qu’il les a rattrapés, un miracle se produit : la mer Rouge s’ouvre pour laisser passer les Hébreux et se referme sur Pharaon et son armée.
Chapitre 18
Chapitre 18
Tahoser, veuve de Pharaon, règne sur l’Égypte et meurt peu après. Elle est déposée dans la tombe magnifique prévue pour le roi, avec un papyrus retraçant son histoire écrite par le grammate Kakevou. À la fin du roman, on ne sait qui de Poëri ou Pharaon Tahoser regretta le plus. Quant à lord Evandale, on apprend qu’il ne s’est jamais marié car il est « rétrospectivement amoureux de Tahoser, fille du grand prêtre Pétamounoph, morte il y a trois mille cinq cents ans. »
Dans ce dernier chapitre, Gautier conclut l’histoire de Tahoser (récit encadré) et termine son roman par un retour au récit-cadre ancré dans le XIXe siècle en évoquant le destin de lord Evandale, éternel amoureux transi.
« Le dernier obstacle enlevé, la jeune femme se dessina dans la chaste nudité de ses belles formes, gardant, malgré tant de siècles écoulés, toute la rondeur de ses contours, toute la grâce souple de ses lignes pures. Sa pose, peu fréquente chez les momies, était celle de la Vénus de Médicis, comme si les embaumeurs eussent voulu ôter à ce corps charmant la triste attitude de la mort, et adoucir pour lui l’inflexible rigidité du cadavre. L’une de ses mains voilait à demi sa gorge virginale, l’autre cachait des beautés mystérieuses, comme si la pudeur de la morte n’eût pas été rassurée suffisamment par les ombres protectrices du sépulcre. »
Prologue « Ses traits, d’une délicatesse idéale, offraient le plus pur type égyptien, et souvent les sculpteurs avaient dû penser à elle en taillant les images d’Isis et d’Hâthor, au risque d’enfreindre les rigoureuses lois hiératiques ; des reflets d’or et de rose coloraient sa pâleur ardente où se dessinaient ses longs yeux noirs, agrandis par une ligne d’antimoine et alanguis d’une indicible tristesse. »
Chapitre 1 « Maîtresse, répondit la harpiste, le poète et le musicien savent tout ; les dieux leur révèlent les choses cachées ; ils s’expriment dans leurs rythmes ce que la pensée conçoit à peine et que la langue balbutie confusément. »
Chapitre 1 « Le cadre était d’ailleurs digne du tableau. Au milieu de verdoyantes cultures, d’où jaillissaient des aigrettes de palmiers-doums, se dessinaient, vivement coloriés, des habitations de plaisance, des palais, des pavillons d’été entourés de sycomores et de mimosas. »
Chapitre 2