Fiche oeuvre
Les Ennéades, « Traité du Beau », Plotin
Contexte

Quand Plotin meurt en 270, il laisse à son disciple Porphyre un ensemble de traités, inspirés de la pensée de Platon. Porphyre éditera ces traités sous la forme des Ennéades. Ennéas en grec signifie « neuf ». Il s’agit de sept groupes composés de neuf traités chacun. Le « Traité du Beau » est le livre 6 de la première Ennéade.

Résumé

Dans ce traité, l’art n’est pas pris au sens de production culturelle, mais de rapport entre l’âme et le Beau. Pour Plotin, ce qui est beau est toujours un visage, un dessin, la courbe d’un fleuve : c’est un tout. L’unité de la forme est plus importante que la richesse des détails.

Le Beau n’a pas besoin de concepts, il nous appelle directement. La rencontre entre le Beau et l’âme permet un retour immédiat vers soi-même. La matière, la forme est altérée par le temps, l’espace et le corps, mais la beauté est ce qui purifie l’âme de cette altération. L’intelligence est comme purifiée par la beauté, et celle-ci va même nous emmener plus près du Bien. Le Bien pour Plotin, est « la cause de la vie, de la pensée et de l’être ». La beauté n’est pas une idée parmi les autres, elle est une dimension propre à la vie de l’être. Ainsi, le Beau permet l’élévation spirituelle. Toute tentative d’ascension vers la vérité, vers une réalité supérieure est liée à une expérience de la beauté.

Plotin justifie le fait que nous soyons attirés par la beauté en montrant que nous ne pouvons supporter la laideur, qui est l’absence de forme de quelque chose qui devrait avoir une forme.

L’âme est attirée au contraire par le beau, l’harmonie. Cette affinité entre l’âme et le beau ne peut être justifiée pour Plotin que par une origine commune en les deux entités. L’âme se complaît dans le beau parce qu’elle s’y reconnaît. Plotin, comme Platon, pense qu’il existe un monde des Idées, où toutes choses et tout concept existe en-soi. L’être humain, avant de naître, voit ce monde des Idées, puis l’oublie en naissant dans le monde physique. Mais restent en lui des fragments de ces perfections qu’il a aperçues dans le monde des Idées. Ainsi, l’Idée du Beau est présente dans son âme.

Pour apercevoir cette beauté, Plotin prône le retour en soi-même. Cela signifie cesser d’être le miroir des reflets changeants du monde extérieur, pour laisser apparaître l’image du beau qui est en nous. L’Idée du beau est présente en toute âme. Rentrer en soi, c’est donc s’ouvrir au Beau et au Bien.

Citation

« C’est encore l’âme qui rend beaux les corps auxquels on attribue cette perfection : étant une essence divine, et participant à la Beauté, quand elle s’empare d’un objet et le soumet à son empire, elle lui donne toute la beauté que la nature de cet objet le rend capable de recevoir. »