Fiche de lecture
Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire
Contexte

Cette fiche de lecture fait partie du programme pour le bac de français 2023.
Cours sur Les Fleurs du mal en 1ere

Charles Baudelaire a pour projet initial la composition d’un recueil de poèmes prenant pour thème les sept péchés capitaux, parmi lesquels le pire d’entre eux, l’ennui. Il prévoit tout d’abord d’intituler son œuvre Les Lesbiennes, avant d’évoquer le titre Les Limbes. Il publie finalement son recueil en 1857 sous le titre Les Fleurs du mal. Le livre fait scandale et Baudelaire est condamné pour offense à la morale publique, la morale religieuse et aux bonnes mœurs. Il doit verser 300 francs d'amende et supprimer six poèmes.

Les Fleurs du mal regroupe une grande partie de sa production poétique. Certains poèmes sont publiés avant la parution du recueil dans différentes revues (certains dans la Revue des Deux Mondes par exemple). Le livre connaît de multiples versions et rééditions en 1861, 1866 et 1868. L’œuvre n’est réhabilitée qu’en 1949, presque cent ans après sa première parution.

Thèmes

Le spleen : La première section comprend quatre poèmes intitulés « Spleen ». Au sein de ces textes et dans l’intégralité de cette partie, Baudelaire décrit cet état de mélancolie, d’ennui profond qui conduit à l’angoisse. Pour l’auteur, ce mal est caractéristique de l’âme humaine.
L’idéal : Le poète aspire à l’idéal, au plus haut degré de perfection. Il cherche à extraire la beauté du mal par le travail poétique afin de dépasser la souffrance propre à l’âme humaine.
La condition du poète : À travers ce dualisme entre spleen et idéal, c’est la condition du poète que l’auteur prend pour sujet. Le poème « L’Albatros » en est une parfaite illustration, comme l’albatros, le poète est marginalisé, moqué, mis au ban de la société.
La mort : Sujet principal de la dernière partie, la mort est omniprésente dans le recueil. Si elle est source d’angoisse dans la première partie, elle est présentée comme la solution ultime pour échapper au spleen.

Résumé

Les Fleurs du mal repose sur une structure soigneusement travaillée par Charles Baudelaire, comme il le revendique dans une lettre adressée à Alfred de Vigny en 1861 : « Le seul éloge que je sollicite pour ce livre est qu’on reconnaisse qu’il n’est pas un pur album et qu’il a un commencement et une fin ».

Le recueil se compose de six parties :

  • « Spleen et Idéal » ;
  • « Tableaux parisiens » ;
  • « Le Vin »,
  • « Fleurs du Mal » ;
  • « Révolte » ;
  • « La Mort ».

Ces parties sont précédées d’un prologue, « Au lecteur ».

Spleen et Idéal

Cette première partie compte 85 poèmes. Comme l’indique le titre, Baudelaire exprime son tiraillement entre son ennui, son spleen, et la poursuite d’un idéal. Avant de renvoyer au sens d’ennui, le terme anglais spleen peut être traduit par le mot « rate ». À l’époque d’Hippocrate et de la théorie des humeurs, on pensait que la mélancolie naissait d’un problème physiologique, la rate déversant dans le corps un fluide, la bile noire, responsable de la mauvaise humeur, de la tristesse. Dans cette partie, Baudelaire dresse un triste bilan, l’homme est voué depuis toujours à la faute et à la souffrance rédemptrice. Le monde réel provoque chez lui une tristesse profonde à laquelle il tente d’échapper par la recherche d’un idéal, une aspiration vers la perfection.

C’est dans cette partie que se trouvent les poèmes connus comme : « L’Albatros », « Hymne à la beauté », « L’invitation au voyage. »

Tableaux parisiens

Dans cette deuxième section, qui n’apparaît que dans l’édition de 1861, le poète tente d’atteindre cet idéal. Il se noie pour cela dans Paris et dans sa foule anonyme. Les 18 poèmes qui composent cette partie sont autant de scènes parisiennes saisies sur le vif par le poète.

La plupart des poèmes sont dédiés à des amis ou à autres artistes : à Victor Hugo par exemple, Constantin Guys ou encore Ernest Christophe.

Le Vin

Cette courte section ne compte que 5 poèmes. Baudelaire y dévoile une nouvelle tentative pour accéder à l’Idéal, cette fois-ci à travers des paradis artificiels. Les cinq poèmes sont tous consacrés au vin, ce « grain précieux jeté par l'éternel Semeur, / Pour que de notre amour naisse la poésie / Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur ! » (« L’Âme du vin »).

Fleurs du Mal

Avec ses 9 poèmes, cette section, qui donne son nom au recueil, évoque la luxure et la débauche. À nouveau, il s’agit, par ces moyens de fuir le spleen et d’atteindre l’Idéal. Mais c’est à nouveau un échec, le vice ne conduisant qu’au dégoût de soi.

Révolte

Cette section, composée de 3 poèmes, a été vivement attaquée lors du procès. Baudelaire présente ici une ultime tentative d’échapper au tiraillement entre spleen et idéal. Cela passe par la recherche d’un épanouissement spirituel, mais, dans la mesure où Dieu n’a pas répondu à la souffrance, c’est Satan que l’auteur invoque.

La Mort

Cette section composée de 6 poèmes se présente comme la conclusion du recueil. L’auteur fait le bilan des tentatives évoquées dans les parties précédentes et qui ont toutes échoué. La mort demeure le dernier espoir, « C’est la Mort qui console, hélas! et qui fait vivre ; / C'est le but de la vie, et c'est le seul espoir. » (« La mort des pauvres »).

Citation

« Là, tout n’est qu’ordre et beauté
Luxe, calme et volupté. »

« L’invitation au voyage »
« Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. »

« L’Albatros »
« Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,
Traversé çà et là par de brillants soleils ;
Le soleil et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils. »

« L’ennemi »
« Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Éternel et muet ainsi que la matière. »

« La Beauté »