Les Illusions perdues est un roman qui fait partie du vaste ensemble qu’est La Comédie humaine, une sorte de saga littéraire composée par Balzac entre 1829 et 1850, et qui inclut plus de 90 ouvrages. La Comédie humaine n’est pas un feuilleton, où chaque œuvre est la suite de la précédente, mais plutôt un ensemble divers qui comprend des nouvelles, des contes, ou encore des essais. On y trouve par contre des personnages et des thèmes récurrents. Par exemple, le personnage de Rastignac, qui apparaît dans Les Illusions perdues, est présent dans de nombreux autres romans, comme Le Père Goriot, ou La Peau de chagrin.
La Comédie humaine se veut une vaste étude sociale et psychologique, un peu à la manière de la saga des Rougon-Macquart entreprise plus tard par Émile Zola. Balzac y évoque souvent les désillusions de la jeunesse face au monde adulte, et notamment face au milieu intellectuel bourgeois parisien.
Les Illusions perdues est publié en trois fois, entre 1837 et 1843, sous la pression de l’éditeur de Balzac. C’est l’un des plus longs romans de Balzac, et il s’inscrit dans la partie Études de mœurs dans La Comédie humaine. Pour l’écrire, Balzac s’inspire de sa propre expérience dans le milieu de l’imprimerie.
Le personnage de Lucien de Rubempré évoque celui de Frédéric Moreau, né sous la plume de Flaubert dans L’Éducation sentimentale : les deux romans traitent en effet de l’excès d’orgueil et d’ambition, condamnant les deux personnages à la chute et à l’isolement social.
L’œuvre est dédiée à Victor Hugo, un écrivain proche de Balzac par ses critiques sociales et par son appartenance au mouvement esthétique du romantisme. À la différence de Hugo, cependant, Balzac se concentre sur le réalisme social dans la majeure partie de ses œuvres.
Lucien de Rubempré (Lucien Chardon) : Beau jeune homme ambitieux et quelque peu narcissique, Lucien est impatient et sa propension à tomber dans la facilité pour obtenir ce qu’il veut finira par causer sa perte. David Séchard : David se présente comme une sorte d’opposé à Lucien : pragmatique, généreux, il ne s’intéresse pas à la gloire et se satisfait pleinement de l’existence qu’il vit avec la femme qu’il aime profondément, Ève. Sa naïveté et son manque de sens des affaires, en revanche, font de lui une proie facile pour ses concurrents, et les profiteurs (dont son ami Lucien fait partie). Ève : Sœur de Lucien et épouse de David, elle est belle comme son frère, mais généreuse comme son mari. Madame de Bargeton : Comme Lucien, Louise s’ennuie dans la petite vie de province d’Angoulême, où les gens lui semblent médisants, médiocres. Comme Lucien encore, elle s’intéresse à l’art et entame une liaison avec le jeune homme en dépit des on-dits. Daniel d’Arthez : Il s’agit d’un personnage récurrent de la Comédie humaine. Écrivain pauvre mais doué, il aide Lucien à son arrivée à Paris, mais l’abandonne suite à ses revirements d’opinion opportunistes : de libéral, Lucien est devenu royaliste afin de mieux vendre ses articles. Carlos Herrera : Le prêtre qui sauve Lucien lors de sa tentative de suicide est en réalité Vautrin (mais son nom d’origine est Jacques Collin), l’un des personnages les plus importants de la Comédie Humaine. Il s’agit d’un ancien forçat charismatique, optimiste et doté d’une grande force de caractère.
La désillusion : Dans ce roman, la désillusion est totale : Lucien est déçu par Paris, par l’amour, par le métier d’auteur… Et finalement, par lui-même. Même pour David, pour qui l’histoire se termine assez bien, la désillusion a frappé : acculé financièrement, il est forcé de renoncer à ses rêves et de mettre fin à sa carrière d’inventeur. Les Illusions perdues peut se lire comme un roman sur le décalage entre l’idéal et le réel. La satire sociale : Comme souvent dans les œuvres balzaciennes, la corruption, l’opportunisme, l’orgueil sont au centre de l’intrigue. Le milieu du journalisme est particulièrement attaqué : il serait un milieu rempli d’opportunistes prêts à changer d’opinion pourvu que cela serve leur carrière, à l’instar des politiciens.
Le roman raconte le parcours de Lucien de Rubempré, qui s’ennuie dans sa province natale et « monte à Paris », plein d’espoir pour la réussite de sa carrière littéraire. L’œuvre s’articule autour de trois parties : la première sert essentiellement de mise en place, la deuxième raconte la désillusion de Lucien à Paris, et la troisième, les événements qui suivent son retour à Angoulême, où est resté son ami David.
Première partie : Les Deux poètes
Première partie : Les Deux poètes
L’histoire commence à Angoulême, où vivent deux jeunes hommes très amis, David Séchard et Lucien Chardon. David est l’héritier d’une imprimerie, cédée par son père sous des conditions si défavorables qu’il est au bord de la ruine. Grâce à sa femme Ève, qui est la sœur de Lucien, il surmonte les épreuves et invente un nouveau mode moins coûteux de production du papier. De son côté, Lucien est amoureux d’une noble, madame de Bargeton. Leur liaison provoque des commérages, les poussant à déménager à Paris.
Deuxième partie : Un grand homme de province à Paris
Deuxième partie : Un grand homme de province à Paris
La désillusion est immédiate pour Lucien, qui s’aperçoit du décalage social et économique qui existe entre lui et le cercle des aristocrates de Paris. Même madame de Bargeton lui paraît fade en comparaison aux autres femmes de la noblesse. Après avoir perdu la protection de sa maîtresse, Lucien se retrouve isolé, et ses premières tentatives de publications de ses œuvres échouent. Il fait alors la rencontre d’un écrivain, Daniel d’Arthez, qui lui présente les membres du Cénacle, un cercle de jeunes intellectuels. Lucien, impatient de devenir riche et célèbre, devient journaliste, une profession évoluant dans un univers corrompu duquel ses amis du Cénacle ont tenté de l’éloigner. Ce nouveau métier lui vaut enfin le succès qu’il attendait tant. Il s’éprend ensuite d’une actrice, Coralie, avec qui il vit bien au-dessus de ses moyens. Opportuniste, Lucien devient royaliste, au grand dam de ses amis du Cénacle. Alors que Lucien n’est plus soutenu par personne, Coralie tombe malade et finit par mourir. La mort dans l’âme, Lucien résout de retourner à Angoulême, où il compte une nouvelle fois demander de l’argent à son vieil ami David.
Troisième partie : Les Souffrances de l’inventeur
Troisième partie : Les Souffrances de l’inventeur
Subissant la concurrence déloyale d’une autre imprimerie, David est ruiné en dépit de ses nouveaux procédés de fabrication du papier. De plus, Lucien est parvenu à lui soutirer de l’argent en imitant sa signature. Très endetté, David est contraint d’aller en prison. Submergé par le remords, Lucien tente de se suicider, mais est interrompu par un prêtre du nom de Carlos Herrera. Celui-ci souhaite vivre à travers lui et lui promet tout ce qu’il veut, de l’argent, la possibilité de se venger, à une seule condition : Lucien doit lui obéir. Lucien accepte. On ne sait pas ce qu’il advient d’eux, et l’histoire revient alors à Ève et David : Ève parvient à négocier avec les créditeurs de David, et son mari est libéré de prison. Ils décident alors de partir vivre à la campagne pour une existence modeste mais satisfaisante, et les deux vieux amis ne se revoient plus.
« La résignation est un suicide quotidien. »
Troisième partie : Les Souffrances de l’inventeur
« L’un des malheurs auxquels sont soumis les grandes intelligences, c’est de comprendre forcément toutes choses, les vices aussi bien que les vertus. »
Première partie : Les Deux poètes
« Il est difficile, répondit Lucien en revenant chez lui, d’avoir des illusions sur quelque chose à Paris. Il y a des impôts sur tout, on y vend tout, on y fabrique tout, même le succès. »
Deuxième partie : Un grand homme de province à Paris
« Travailleuse, cette belle jeunesse voulait le pouvoir et le plaisir ; artiste, elle voulait des trésors ; oisive, elle voulait animer ses passions ; de toute manière elle voulait une place, et la politique ne lui en faisait nulle part. »
Deuxième partie : Un grand homme de province à Paris