Fiche de lecture
Lorenzaccio, Alfred de Musset
Contexte

Lorenzaccio est un drame en 5 actes publié en 1834 dans le second volume de Spectacle dans un fauteuil. Musset écrivait des pièces pour être lues, et non pour être jouées. C’est pour cela que Lorenzaccio est représenté sur scène pour la première fois seulement en 1896 au théâtre de la Renaissance.

Pour écrire ce drame, Musset s’est inspiré d’une ébauche de Sand, Une Conspiration en 1537. Sand s’était elle-même inspirée de la Chronique florentine de l’italien Varchi. Pour plonger ses lecteurs dans l’histoire de l’assassinat d’Alexandre Médicis en 1537 par son cousin Lorenzo, Musset s’est documenté en lisant les chroniques historiques.

Personnages

Alexandre de Médicis : Duc de Florence.
Lorenzo de Médicis : Surnommé Lorenzaccio, cousin d’Alexandre.
Marie Soderini : Mère de Lorenzo.
Catherine Ginori : Tante de Lorenzo.
Côme de Médicis : Cousin d’Alexandre.
Le cardinal Cibo : Cardinal, garant de l’autorité du pape.
Le marquis de Cibo : Frère du cardinal.
La marquise de Cibo : Femme du marquis.
Sire Maurice : Chancelier des Huit.
Le cardinal Baccio Valori : Commissaire apostolique.
Julien Salviati : Proche d’Alexandre de Médicis.
Philippe Strozzi : Républicain.
Pierre Strozzi : Fils de Philippe.
Thomas Strozzi : Fils de Philippe.
Léon Strozzi : Prieur de Capoue et fils de Philippe.
Louise Strozzi : Fille de Philippe.
Roberto Corsini : Provéditeur de la forteresse.
Palla Ruccellai : Seigneur républicain.
Alamanno Salviati : Seigneur républicain.
François Pazzi : Seigneur républicain.
Bindo Altoviti : Oncle de Lorenzo.
Venturi : Bourgeois.
Tebaldeo : Peintre.
Scoronconcolo : Spadassin.
Giomo le hongrois : Écuyer du duc.
Maffio : Bourgeois.
Autres personnages : Deux dames de la cour, un officier allemand, un orfèvre, un marchand, deux précepteurs et deux enfants, pages, soldats, moines, courtisans, bannis, écoliers, domestiques, bourgeois, etc.

Thèmes

La politique : Lorenzaccio est la tragédie du désenchantement qui fait référence, pour Musset, aux désillusions politiques de l’échec des Trois Glorieuses.

La question qui se pose est : est-ce qu’un mal peut justifier un bien dans l’action politique ? Est-ce que l’on peut justifier un crime par le désir de liberté qui l’a suscité ? Musset s’interroge aussi sur les idéaux : peut-on croire en eux ?
L’apparence et la vérité : L’opposition entre intérieur et extérieur est un thème qui traverse la pièce.
La débauche : Musset, qui est en pleine passion amoureuse destructrice avec Sand, met un peu de lui dans le personnage torturé et débauché de Lorenzo.

Résumé

Lorenzaccio est un long drame qui raconte l’histoire de Lorenzo de Médicis, un personnage complexe qui a décidé de tuer son cousin, Alexandre de Médicis, pour libérer sa cité de la tyrannie de ce dernier.

L’action de Lorenzaccio se déroule en janvier 1537 à Florence, ville qui vient de signer la paix avec Charles Quint, l’empereur d’Allemagne. Ce dernier a donné, avec la complicité du pape, le pouvoir au duc Alexandre de Médicis. Ce jeune débauché règne avec terreur sur la ville sans tenir compte du peuple ni même des autres grandes famille de Florence. Beaucoup le détestent, tout particulièrement son cousin, Lorenzo de Médicis, surnommé Lorenzaccio.

Acte I

Scène 1

C’est le carnaval à Florence. Lorenzo a acheté la vertu d’une jeune fille de 15 ans à sa mère pour l’emmener dans le lit du duc Alexandre de Médicis. Ce dernier s’approche du pavillon où la jeune fille se trouve.

Scène 2

Dans la rue, au lever du jour.
Plusieurs commerçants et bourgeois masqués commentent la situation politique de la ville. La politique et la vie d’Alexandre de Médicis sont vivement attaquées.
Ce dernier sort d’un bal déguisé en religieuse en compagnie de son fidèle Salviati qui tente de séduire la belle Louise Strozzi, mais la jeune femme le repousse.

Scène 3

Chez le marquis Cibo.
Le marquis Cibo dit adieu à sa femme, car il part à la campagne.
Le cardinal Cibo, beau-frère de la marquise, parle du mariage de la fille Nasi. La marquise critique le fait que le duc ait ridiculisé l’église en se déguisant en religieuse et elle avoue également au cardinal ses convictions républicaines. Pour finir, elle évoque le fait qu'elle reçoit des lettres enflammées du duc Alexandre qui la courtise.

Scène 4

Dans une cour du palais du duc.
Le cardinal Valori informe le duc Alexandre que le pape Paul III désapprouve les comportements de Lorenzo surnommé Lorenzaccio, mais Alexandre prend la défense de son cousin alors que le chancelier sire Maurice attaque aussi Lorenzo. Lorsque ce dernier apparaît, il se moque du chancelier et le provoque en duel, duel qui amuse Alexandre. Lorenzo s'évanouit à la vue de l'épée.

Scène 5

Devant l'église de Saint-Miniato. La foule sort de l'église.
Les belles dames de la cour les bourgeois et les favoris du duc discutent des fêtes du carnaval. Julien Salviati apparaît. Il scandalise plusieurs dames et se vante d'une promesse que lui aurait faite Louise Strozzi : coucher avec lui.

Scène 6

Le soir, sur les bords de l'Arno.
Marie Soderini, la mère de Lorenzo est en compagnie de Catherine, la tante du jeune homme. Elle regrette sa lâcheté. Elle se demande pourquoi le cynisme l’a envahi alors qu’il avait un idéal de vérité et était généreux envers les pauvres lorsqu’il était jeune. Catherine prend la défense de son neveu.
Les exilés de Florence, dont Maffio, s’en vont.

Acte II

Scène 1

Chez les Strozzi.
Philippe Strozzi, le père, s’apitoie sur la corruption qui règne dans la ville et sur la déchéance du peuple. Il ne comprend pas que la population tolère autant la débauche. Lorsque ses deux fils, Pierre et Thomas, apprennent que leur sœur Louise a été insultée par Julien Salviati (fidèle du duc Alexandre de Médicis), ils décident de la venger.

Scène 2

Le portail d'une église.
Lorenzo et le cardinal Valori rencontrent un jeune peintre optimiste du nom de Tebaldeo. Il leur montre une toile représentant le portrait de ses rêves. Lorenzo le met face à ses contradictions mais finit par lui proposer un travail. Il l’invite à venir le lendemain au palais.

Scène 3

Chez la marquise de Cibo.
Le cardinal Cibo est persuadé que le pape Paul III veut qu'il influence le duc Alexandre. Lors d’une confession, il tente alors de convaincre la marquise de Cibo, sa belle-sœur, de devenir l'amante du duc. Il pourrait ainsi profiter de l'influence de la marquise sur Alexandre, pour orienter la politique de Florence.

Scène 4

Au palais des Soderini.
Marie Soderini et Catherine, mère et tante de Lorenzo, évoquent avec nostalgie le passé lorsque Lorenzo arrive. Marie lui raconte alors son rêve de la nuit précédente dans lequel Lorenzo ressemblait à l’enfant qu’il a été. Lorenzo demande à sa tante de lui lire l'histoire de Brutus.

Son oncle, Bindo, arrive avec un ami et demande à Lorenzo dans quel camp il est : les Médicis ou les anciennes familles de Florence ? Lorenzo se met du côté des républicains. Lorsque le duc Alexandre arrive, Lorenzo lui demande des privilèges pour son oncle et son ami. Piégés, les deux hommes le remercient.
Le duc avoue à Lorenzo qu'il a séduit la marquise Cibo. Il lui demande aussi de jouer l'entremetteur auprès de sa tante Catherine.

Scène 5

Une salle du palais des Strozzi.
Le vieux Philippe Strozzi a peur pour son fils Pierre qui a décidé de venger l'honneur de sa sœur Louise. Ce dernier arrive avec deux compagnons après avoir tué Julien Salviati. Louise repousse son frère, qui est couvert de sang. Il refuse de se cacher.

Scène 6

Au palais du duc.
Tebaldeo réalise le portrait du duc Alexandre qui a enlevé sa côte de mailles. Lorenzo la prend discrètement et la jette dans un puits. Un conseiller du duc Alexandre, Giomo, soupçonne Lorenzo, mais le duc ne croit pas que son cousin soit coupable de cela.

Scène 7

Devant le palais.
Salviati est en train de mourir. Il dénonce ses assassins auprès du duc qui promet de le venger et demande à ce qu'on les jette en prison.

Acte III

Scène 1

La chambre à coucher de Lorenzo.
Lorenzo s'entraîne avec son maître, Scoroncolo, au maniement des armes. Il ne dit pas qui est l’homme qu’il veut affronter. Il s’entraîne en faisant beaucoup de bruit pour que le jour J ses voisins ne soient pas choqués par le tapage.

Scène 2

Chez les Strozzi.
Pierre Strozzi regrette de ne pas avoir réussi à tuer Salviati. Il souhaite monter un complot avec ses amis pour éliminer Alexandre de Médicis. Il convainc son père de l'accompagner chez les Pazzi où a lieu un banquet républicain.

Scène 3

Une rue.
Pierre et Thomas sont conduits en prison. Leur père déplore l'inégalité de la justice qui va condamner les fils d'une honorable famille.

Il a ensuite une longue discussion avec Lorenzo. Il lui demande de délivrer Florence d'Alexandre de Médicis. Lorenzo évoque alors son destin et ses plans : il s'est infiltré dans l'entourage d'Alexandre de Médicis et est devenu son complice de débauche pour mieux l’éliminer.
Philippe Strozzi complimente le courage du jeune homme qui va tuer le duc, même si Lorenzo ne croit pas que les Républicains profiteront de la situation pour libérer Florence de la tyrannie. Si son crime s’avère être inutile, il lui permettra malgré tout de venger sa pureté perdue à jamais.

Scène 4

Au palais Soderini.
La tante de Lorenzo, Catherine, a reçu une déclaration d'amour d’Alexandre. Il lui demande un rendez-vous en insinuant que Lorenzo cautionne ceci. Marie, la mère de Lorenzo est désespérée. Elle pense mourir de chagrin.

Scène 5

Chez la marquise.
La marquise est chez elle et attend Alexandre. Elle renvoie le cardinal.

Scène 6

Le boudoir de la marquise.
La marquise reçoit le duc et essaie de le convaincre de prendre la tête des républicains pour libérer Florence de la domination allemande. Peu touché par les discours vertueux de sa maîtresse, Alexandre préfère partir. Le cardinal apparaît.

Scène 7

Chez les Strozzi.
Philippe a invité les quarante Strozzi à souper. Il leur demande de l'aider à libérer ses fils. Durant le dîner, Louise Strozzi meurt, empoisonnée par un émissaire des Salviati. Tout le monde crie vengeance. Philippe est désespéré. Il annonce qu'il renonce de lutter et qu'il quittera Florence dès le lendemain.

Acte IV

Scène 1

Au palais du duc.
Alexandre affirme qu’il ne sait pas qui a empoisonné Louise. Lorenzo vérifie qu’il ne porte pas sa cote de mailles, et lui dit que sa tante Catherine accepte de le voir.

Scène 2

Une rue.
Les deux fils Strozzi sont relaxés par le tribunal de Florence. De retour chez eux, ils apprennent que leur sœur a été empoisonnée et que leur père a quitté Florence. Pierre jure de se venger.

Scène 3

Une rue.
Lorenzo donne rendez-vous à Scoroncolo pour le soir même. Il lui demande juste d'être présent et de n'intervenir que si l'ennemi se défend.

Lorenzo médite ensuite sur son destin. Il se demande s’il faut vraiment tuer Alexandre qui s'est montré généreux envers lui.

Scène 4

Chez le marquis de Cibo.
Le cardinal menace sa belle-sœur de révéler à son mari sa liaison avec le duc. Il lui reproche d'avoir irrité Alexandre en lui tenant des discours républicains.
Malgré tout, il lui ordonne de continuer cette relation sous peine de mettre sa menace à exécution.

Lorsque le marquis rentre, la marquise lui avoue tout.

Scène 5

La chambre de Lorenzo.
Marie, la mère de Lorenzo, est tombée malade à cause de la situation et des avances du duc à Catherine. Lorenzo discute avec Catherine des avances du duc. Puis, seul, il pleure en pensant à la mort de Louise Strozzi et au sort que pourrait connaître sa tante.

Scène 6

Une vallée avec un couvent dans le fonds.
Pierre Strozzi rejoint son père dans le couvent où il s'est retiré. Il tente de le convaincre de se joindre aux conspirateurs qui ont obtenu le soutien de François Ier et qui sont maintenant aux portes de Florence. Le vieil homme refuse de prendre les armes contre sa propre patrie.

Scène 7

Un quai sur le bord de l'Arno.
Lorsque Lorenzo avertit les républicains qu'il va bientôt tuer Alexandre, personne ne le croit.

Scène 8

Dans la plaine.
Pierre Strozzi rejoint les conspirateurs, mais comme son père Philippe n’est pas là, ils renoncent à marcher sur Florence.

Scène 9

Une place, la nuit.
Lorenzo prépare son futur crime dans les moindres détails.

Scène 10

Chez le duc.
Le cardinal Cibo et Giomo préviennent Alexandre que Lorenzo prépare un complot contre lui, mais il refuse de les croire.

Scène 11

La chambre de Lorenzo.
Le duc a suivi Lorenzo, persuadé qu’il l’emmène vers Catherine. Lorenzo tue son cousin. Son maître d’armes, Scoroncolo, découvre alors l’identité de la victime. Lorenzo cache le cadavre puis s'enfuit.

Acte V

Scène 1

Au palais du duc.
Le cadavre d'Alexandre vient d'être découvert dans la chambre de Lorenzo. Le cardinal Cibo propose Côme de Médicis comme successeur.

Scène 2

À Venise.
Lorenzo rejoint Philippe Strozzi et lui apprend qu'il a tué le duc de Florence. Le vieil homme se réjouit de cela, mais Lorenzo doute du sursaut des républicains.
Il découvre alors qu’il est accusé d'être un traître de la patrie et que sa tête est mise à prix.

Scène 3

Une rue, à Florence.
Une conversation de rue nous apprend que le marquis Cibo a pardonné à sa femme son infidélité.

Scène 4

Une auberge.
Pierre Strozzi reçoit d'un messager le soutien du roi de France. Il souhaite encore organiser un coup de force, mais ne sait pas trop comment faire.

Scène 5

Une place à Florence.
Le marchand et l'orfèvre parlent de la mort du duc et de Côme de Médicis désigné comme nouveau duc de Florence.

Scène 6

Une rue, à Florence.
Des étudiants appellent les citoyens de Florence à ne pas laisser désigner un duc sans voter.

Scène 7

Venise, le cabinet de Strozzi.
Lorenzo apprend la mort de sa mère.

Philippe et Lorenzo ne se réjouissent pas que Côme de Médicis soit nommé. Lorenzo décide de braver le danger et de se promener dans Venise.

Un domestique annonce sa mort : un homme, caché derrière la porte l'a assommé et la foule a jeté son corps dans la lagune.

Scène 8

Florence, la grande place.
Le peuple acclame Côme de Médicis. Le cardinal Cibo lui fait prêter serment. Le nouveau duc promet au cardinal de toujours respecter ses conseils.

Citation

« Quand je suis en pointe de gaité, tous mes moindres coups sont mortels ».

Acte II, scène 6
« Je n'appartiens à personne ; quand la pensée veut être libre, le corps doit l'être aussi ».

Acte II, scène 2
« Je suis rongé d’une tristesse auprès de laquelle la nuit la plus sombre est une lumière éblouissante ».

Acte III, scène 3
« Le vice a été pour moi un vêtement ; maintenant, il est collé à ma peau ».

Acte III, scène 3