Fiche de lecture
Lucien, Claude Bourgeyx
Contexte

Claude Bourgeyx est né à Bordeaux en 1943. « Lucien » est une micro-nouvelle extraite du recueil Petits Outrages, publié en 1984. Ce recueil regroupe les 34 meilleures nouvelles de l'auteur, publiées dans le journal Sud Ouest. Il s'agit là de la première publication de l'écrivain qui est aussi professeur à l'université et ne vit pas encore de sa plume.
À la fois, nouvelliste, romancier, il est également auteur de pièces de théâtre (dramaturge).

Personnages

Lucien : Lucien est le seul personnage. On ne connaît que son prénom. Le texte, écrit par le biais d'un narrateur externe, mais d'un point de vue interne, qui ne permet d'avoir que le ressenti de souffrance du personnage, sans aucun autre élément extérieur.


Thèmes

Le bien-être : Fugace, il n’est exprimé que dans le premier paragraphe : «  douillettement », «  heureux de vivre », « détendu », « Léger comme une plume », « plénitude des sens », «  bien dans sa peau ».
La souffrance et la mort : La souffrance est intense et on en retrouve tout le champ lexical : « des douleurs épouvantables », « fatalité », « on l'écartelait », « Je vais mourir », « un carcan l'emprisonnait de la tête aux pieds », « attiré vers un inconnu », « une musique abyssale », «  Le néant l'attirait », « C'est la fin ».
On note la gradation : la souffrance augmente jusqu’à la sensation de mourir.
La naissance : Paradoxalement, alors que le vocabulaire est celui de la souffrance et de la mort, il s’agit d’une naissance. Une relecture du texte permet alors de repérer les indices de l’accouchement et de retourner le sens de la lecture :
« comme s'il flottait dans l'air ou peut-être dans l'eau » : il s’agit de la poche de liquide amniotique entourant le bébé.
« C'était comme si un carcan l'emprisonnait de la tête aux pieds. Il se sentait attiré vers un inconnu… » : les contractions resserrent le bébé pour le pousser vers la sortie.
« […] il lui fallait franchir le passage » : il s’agit bien du passage physique du ventre de la mère vers l’extérieur.
« Un éclair l'aveugla. », « Un feu embrasa ses poumons. Il poussa un cri strident » : ce sont les premières secondes de vie du bébé, sorti du ventre de sa mère.

Résumé

Cette micro-nouvelle à chute, de moins de 300 mots, montre tout d'abord le bien-être de Lucien avant de témoigner de sa souffrance arrivée brutalement. Cette souffrance devient insupportable pour le personnage, jusqu'à la délivrance finale : Lucien est un bébé qui vient de naître.

Citation

« Il était heureux de vivre. Sans doute était-ce un bonheur un peu égoïste. »
Lucien n’avait connu que la solitude du ventre de sa mère et le voit comme de l’égoïsme.
 « Une nuit, le malheureux fut réveillé par des douleurs épouvantables. Il se sentit comme serré dans un étau, écrasé par le poids de quelque fatalité. Quel était donc ce mal qui lui fondait dessus ! »
Lucien ne comprend pas ce qui lui arrive.
« ‟Je vais mourir” », se dit-il. […] ‟C'est la fin” », se dit-il encore. »
Le lexique de la mort est en opposition totale avec la réalité du texte qui parle en fait d’une naissance et crée la surprise de la chute finale.
La chute où tout le texte prend sens :
« En le tirant la sage-femme s’exclama : ‟C’est un garçon !” Lucien était né. »