La rencontre de Socrate sera décisive pour Platon, qui va devenir un de ses plus fervents élèves. Il présente notamment ses idées philosophiques à travers le personnage de Socrate, qu’il met en scène dans ses dialogues. C’est ainsi qu’il rédige Ménon, nom du personnage avec qui échange Socrate autour des idées de la vertu et de la connaissance.
« Peux-tu me dire Socrate, si la vertu s’enseigne ou si elle ne s’enseigne pas, mais s’acquiert par l’exercice ? » Cette question, qui ouvre l’ouvrage, va guider le propos de Platon.
Le texte prend la forme d’un dialogue entre Socrate et Ménon, qui tentent de déterminer si la vertu s’enseigne. Le propos s’élargit sur la question de la connaissance et de son origine. La vertu dont parlent les personnages n’est pas synonyme de bonne conduite : la vertu au sens grec désigne le pouvoir de remplir au mieux la tâche qui nous est assignée. Le mot prend ainsi une ampleur politique en plus d’un sens moral.
Pour Ménon, la vertu est synonyme de la civilisation grecque et de ses grands chefs et maîtres à penser : une vertu citoyenne et politique. C’est le désir de bonnes choses et le pouvoir de se les procurer.
Pour Socrate, la vertu doit est soumise à la justice. Se dessinent ici deux conceptions du bien et de la réussite humaine. Pour Ménon, puisque l’on peut désirer le bien, nous pouvons aussi désirer le mal. Socrate refuse cette conception, pour lui, celui qui désire le mal pense que ce qu’il désire est bien. L’homme ne désire ainsi que le bien.
Pour Platon, la connaissance est présente avant la naissance. L’individu a perçu toutes les choses en soi dans le monde des idées, mais il a tout oublié lors de sa naissance. Lui reviennent parfois des bribes, des indices sur ce qu’il avait perçu. Cette connaissance est donc extérieure à tout enseignement possible, puisqu’elle est prénatale. Le souvenir de ce monde des idées est ce que Platon appelle la réminiscence : le rappel à la conscience des vérités possédées de façon latente par l’âme. S’instruire, c’est alors se souvenir de nouveau. Le rôle du philosophe n’est donc pas de donner des connaissances à ses disciples, mais de leur donner les clefs, les questions qui leurs permettent de se souvenir de ce qu’ils savent déjà. La connaissance n’est pas extérieure mais en chacun de nous. Platon sous-entend ici une dualité entre l’âme et le corps. L’âme existe avant la vie terrestre.
Ainsi, la vertu n’est pas une science qui s’enseigne mais un don de la nature, une opinion vraie, un don divin.
« Apprendre, c’est se ressouvenir ».