Les Pensées sont un ensemble de textes publié de façon posthume. Certains d’entre eux font partie d’un vaste projet de livre : l’Apologie de la religion chrétienne. Pascal commence à rédiger ses premiers textes en 1656, à l’époque où il publie les Provinciales, un roman épistolaire qui prend la défense de la doctrine janséniste contre la pensée jésuite. La doctrine janséniste, inspirée des écrits de l’un des pères de l’Église, saint Augustin, nie la liberté de l’Homme. Celui-ci est en effet voué au péché, et seule la grâce divine est en mesure de le sauver. Au contraire, les jésuites estiment que l’Homme peut se détourner du péché en exerçant son libre-arbitre.
Pascal travaille à son œuvre jusqu’à sa mort, en 1662. L’édition moderne rétablit l’ordre original voulu par l’auteur. Les Pensées, bien que disparates, constituent une réflexion approfondie sur la morale et la chrétienté, et sont considérées aujourd’hui comme un classique de la littérature française.
La religion : La défense de la chrétienté et plus précisément du catholicisme est au cœur des Pensées. Pascal s’adresse aux libertins, aux athées et aux jésuites dans une optique argumentative : il s’agit de les convaincre de la supériorité du catholicisme. La raison : Pascal oppose la raison aux passions. La raison est considérée comme l’apanage de l’homme, et comme un moyen de connaître Dieu. Elle est cependant limitée, et le sentiment est tout aussi important.
« Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. » Le divertissement : Le divertissement est compris comme un moyen de se détourner de soi et de la conscience de la mort. La condition humaine est en effet considérée comme intrinsèquement malheureuse, quelles que soient les circonstances et le statut social. C’est pourquoi « un roi sans divertissement est un homme plein de misères ».
Les Pensées suivent une ébauche de plan, et les éditions modernes distinguent différentes parties selon les périodes d’écriture et les thématiques abordées. Au long de ce recueil, Pascal aborde de nombreux sujets. Il s’agit essentiellement d’un questionnement moral et religieux, où il réfléchit à la nature de l’Homme, ce « monstre incompréhensible », à la nature de Dieu et de la relation entre Dieu et l’Homme. Ce recueil est aussi l’occasion d’analyser l’organisation de la société.
L’édition établie en 1976 par Philippe Sellier est désormais considérée comme l’édition de référence. Elle est divisée en cinq parties rangées par ordre chronologique.
Première partie : le projet de juin 1658
Première partie : le projet de juin 1658
Cette première partie, la plus longue et la plus complète, pose les bases de la philosophie pascalienne. Le doute est au cœur de sa pensée, devant le constat de la part inconnaissable de l’homme, du monde, et de Dieu. Il y aborde des thématiques typiques de sa réflexion, par exemple celle du divertissement, conçu comme seule manière d’échapper au vide inhérent à l’existence humaine.
« Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser. »
Deuxième partie : les dossiers mis à part en juin 1658
Deuxième partie : les dossiers mis à part en juin 1658
Cette partie aborde notamment le thème des miracles. Ceux-ci seraient au fondement du désir de Pascal d’écrire un livre, après avoir été témoin de la guérison miraculeuse de sa nièce, Marguerite Perrier. Cet événement renouvelle et renforce sa foi, mais il finit par juger l’argument du miracle insuffisant pour convertir les athées.
Troisième partie : les derniers dossiers de « Pensées mêlées »
Troisième partie : les derniers dossiers de « Pensées mêlées »
Pascal y poursuit sa défense de la religion. Mais la pensée religieuse de Pascal se veut avant tout fondée sur la raison et l’intelligence. Chez lui, la foi est une démarche raisonnée.
« La raison nous commande bien plus impérieusement qu’un maître ; car en désobéissant à l’un on est malheureux et en désobéissant à l’autre on est un sot. »
Quatrième partie : les développements de juillet 1658 à juillet 1662
Quatrième partie : les développements de juillet 1658 à juillet 1662
Au début de cette partie, on trouve le développement de ce qu’on appelle le « pari pascalien ». Pascal y expose l’idée que l’on a tout à gagner en croyant en Dieu, et tout à perdre en n’y croyant pas.
« Vous avez deux choses à perdre : le vrai et le bien, et deux choses à engager : votre raison et votre volonté, votre connaissance et votre béatitude ; et votre nature a deux choses à fuir : l'erreur et la misère. Votre raison n'est pas plus blessée, en choisissant l'un que l'autre, puisqu'il faut nécessairement choisir. Voilà un point vidé. Mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu'il est, sans hésiter. »
Dans cette partie, Pascal développe également des réflexions sur le peuple juif tel qu’il est décrit et présenté par la Bible. Enfin, des citations de l’Ancien Testament sont compilées et traduites par l’auteur.
Cinquième partie : les fragments non enregistrés par la seconde copie
Cinquième partie : les fragments non enregistrés par la seconde copie
Cette dernière partie est composée de divers textes aux thématiques variées, sans réelle cohérence.
« Mais, malheureux que nous sommes, et plus que s’il n’y avait point de grandeur dans notre condition, nous avons une idée du bonheur et ne pouvons y arriver, nous sentons une image de la vérité et ne possédons que le mensonge, incapables d’ignorer absolument et de savoir certainement, tant il est manifeste que nous avons été dans un degré de perfection dont nous sommes malheureusement déchus. »
Le projet de juin 1658, « Contrariétés »« La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu’il y a une infinités de choses qui la surpassent. Elle n’est que faible si elle ne va jusqu’à connaître cela. »
Le projet de juin 1658, « Soumission et usage de la raison »« Nous connaissons l’existence de l’infini, et ignorons sa nature, parce qu’il a étendue comme nous, mais non pas des bornes comme nous.
Mais nous ne connaissons ni l’existence ni la nature de Dieu, parce qu’il n’a ni étendue, ni bornes. »
Les développements de juillet 1658 à juillet 1662, « Discours de la machine »« Le sentiment de la fausseté des plaisirs présents et l’ignorance de la vanité des plaisirs absents cause l’inconstance. »
Le projet de juin 1658, « Misère »