Né en 1864, Jules Renard est le troisième enfant d’une mère peu aimante, qui deviendra sans doute Mme Lepic dans Poil de Carotte, son roman autobiographique. Il fait ses études sur Nevers puis Paris mais il les abandonne au profit de l’écriture. Il est auteur de romans et de pièces de théâtre. Il est élu à l’académie Goncourt en 1907.
Parfois perçu comme une longue nouvelle, Poil de Carotte se divise en 48 chapitres brefs. Très dialogué, le texte ressemble à une pièce théâtre dans l’écriture. L’œuvre évoque l'enfance maltraitée de François Lepic, enfant roux, d’où le surnom de « Poil de Carotte ». François est le double de Pierre-Jules.
Poil de Carotte : C'est le fils mal-aimé de la famille. Poil de Carotte est le surnom de François Lepic. Ernestine Lepic : La grande sœur de Poil de Carotte. Félix : Le grand frère de Poil de Carotte. M. et Mme Lepic : Les parents d'Ernestine, Félix et François. Honorine : La servante Agathe : La petite-fille d'Honorine, qui la remplace après son renvoi. Mathilde : Une amie de Poil de Carotte. Le parrain : C'est le parrain de Poil de Carotte. Il a de l'affection pour lui. Pyrame : Le chien de la famille Lepic.
Entre roman et théâtre : Le texte est découpé en 48 brefs chapitres qui se lisent comme des saynètes (courtes pièces comiques), comportant peu de personnages. Le texte est écrit au présent et de très nombreux dialogues le jalonnent, le rendant plus vivant. L’écriture même de ces dialogues ressemble à l’écriture théâtrale par la manière d’indiquer qui est en train de parler, comme dans cette extrait de « La timbale » :
« On s’étonne déjà :
- Tu te perfectionnes, dit madame Lepic ; te voilà une faculté de plus.
- Une rare, dit M. Lepic. Elle te servira surtout plus tard, si tu te trouves seul, égaré dans un désert, sans chameau.
Grand frère Félix et sœur Ernestine parient :
Sœur Ernestine
Il restera une semaine sans boire.
Grand frère Félix
Allons donc, s’il tient trois jours, jusqu’à dimanche, ce sera beau. »
Une œuvre réaliste et touchante : L’histoire est celle de Pierre-Jules Renard, même si le personnage est appelé François Lepic. L’auteur met une distance entre lui et son héros : c’est ce qui en fait un roman autobiographique et non une autobiographie.
Néanmoins, il met un point d’honneur à rendre son récit réaliste. Le registre de langue (ou niveau de langage) est courant : le lecteur a l’impression que c’est l’enfant qui s’exprime, avec ses propres mots. Les dialogues créent une dynamique plaisante et contribuent au réalisme. Le vécu du garçon s’inscrit dans son époque. C’est aussi la raison pour laquelle le narrateur adopte régulièrement le point de vue de l’enfant, même si le récit est à la troisième personne (narrateur externe). Cela permet également de créer l’ironie : le narrateur adulte garde une vision réaliste et cruelle sur les situations évoquées avec la mère.
« - Il ne reste plus de melon pour toi, dit Madame Lepic ; d'ailleurs, tu es comme moi, tu ne l'aimes pas.
- Ca se trouve bien, se dit Poil de Carotte.
On lui impose ainsi ses goûts et ses dégoûts. En principe, il doit aimer seulement ce qu'aime sa mère. »
Poil de Carotte tient ce surnom de ses cheveux roux et de ses taches de rousseur. Moqué par sa famille, il est vu comme un garçon stupide. Poil de Carotte est pourtant un enfant vif et ingénieux. Il est aussi très solitaire.
Poil de Carotte écope toujours des tâches les plus déplaisantes : rentrer les poules pendant la nuit (chapitre 1) par exemple. Son frère et sa sœur sont davantage protégés et choyés. Poil de Carotte est malheureux, au point qu'il a tenté de se suicider.
De plus, sa mère ment au sujet de son comportement et le fait passer pour un fils ingrat devant tout le monde(chapitre 6 : Le Pot).
Quelques épisodes sont plus légers : ceux avec Mathilde, son amie, ou son parrain (chapitres 33 et 36).
Poil de Carotte grandit et va aller au lycée, en internat, avec son frère (chapitre 29) : il prend alors de l'assurance et commence à s'opposer à sa mère et son père. Ce dernier est totalement indifférent à la situation et avoue même ne pas aimer sa femme.
Jusqu'à la révolte (chapitre 45) et à l'aveu final : Poil de Carotte n'aime pas sa mère ; son père non plus.
« Il s’appelle Poil de Carotte au point que la famille hésite avant de retrouver son vrai nom de baptême.
- Pourquoi l’appelez-vous Poil de Carotte ? À cause de ses cheveux jaunes ?
- Son âme est encore plus jaune. »
L’album de Poil de Carotte
« - Tu as tort de mentir. C’est un vilain défaut, et c’est inutile, car toujours tout se sait.
- Oui, répond Poil de carotte, mais on gagne du temps. »
L’album de Poil de Carotte
« Il fourre aussi ses doigts dans ses oreilles. Mais la tempête entre chez lui, du dehors, avec ses cris, son tourbillon. Elle ramasse son cœur comme un papier de rue.
Elle le froisse, le chiffonne, le roule, le réduit.
Et Poil de Carotte n’a bientôt plus qu’une boulette de cœur. »
La tempête de feuilles
« Tout le monde ne peut pas être orphelin. »
Coup de théâtre, Scène V
« Ainsi madame Lepic ne supporte pas qu’une autre qu’elle touche à Poil de Carotte.
Une voisine se permettant de le menacer, madame Lepic accourt, se fâche et délivre son fils qui rayonne déjà de gratitude.
– Et maintenant, à nous deux ! lui dit-elle. »
L’album de Poil de Carotte