Alfred de Musset appartient à la quatrième génération des romantiques, mouvement intellectuel et artistique qui couvre l’Europe du XIXe siècle, aux côtés de Hugo, Mérimée, Dumas et Sand. Il publie son recueil Premières poésies 1829-1835 en 1852 et il est élu à l’Académie française la même année. Son œuvre poétique (avec Nouvelles poésies 1835-1852) classe Musset parmi les grands poètes romantiques. Il écrit la jeunesse, la passion et la fantaisie.
L’écrivain est redécouvert au XXe siècle. On loue ses écrits et son théâtre qui dégagent une belle sensibilité, une exaltation de l’amour, une expression poignante de la douleur et une réflexion sur la pureté et la débauche.
Alfred de Musset est également connu pour sa relation avec l’écrivain George Sand.
Juana d’Orvado : C’est la femme brune aux sourcils noirs qui personnifie généralement la volupté, souvent la trahison, la perfidie et parfois la mort dans le recueil de Musset. On note son ardente sensualité. Elle est une sorte de don Juan féminin. Namouna : Jeune esclave enlevée à Cadix chez un riche marchand. Émilie : Représentative des femmes en « i » (les phonèmes et leur connotation sont importants chez Musset), elle symbolise la femme passionnée. Portia : Elle est un symbole de fidélité (même s’il s’agit d’une fidélité à son amant et non à son mari Luigi Onorio). Elle décide de rester avec Dalti et de vivre dans la misère. Son nom fait référence à un personnage de Shakespeare et à la femme de Brutus, qui accompagna celui-ci dans son suicide.
Les femmes : Elles sont nombreuses et surtout latines : italiennes ou espagnoles. Plusieurs femmes sont présentées, comme les prostituées qui représentent l’amour dégénéré face à l’ardeur et la sensualité des femmes amoureuses. Les femmes brunes semblent être le symbole de trahison (adultère). L’Espagne : C’est le lieu des passions qu’incarnent les femmes ardentes de ce pays et c’est également la violence des passions et de leur destinée parfois liée à la mort. Avant tout, l’Espagne est présenté comme un pays de chaleur et de désir. Le mal de vivre : Il est désigné par la fuite du temps et les souvenirs. La nostalgie ramène le poète à la mélancolie et à la réflexion triste sur sa vie et sur ses amours qui sont tous des amours déçus et trahis.
Le recueil contient vingt-et-un poèmes.
Il s’agit de premières poésies que Musset rassemble après avoir été élu à l’Académie française. La plupart des poèmes évoquent la passion amoureuse, la trahison ou encore la séduction au travers des portraits de femmes ou de paysages.
Ils sont tous dédiés à des personnages. Lorsqu’il parle des femmes, le poète présente le plus souvent le charme des femmes méditerranéennes et des brunes andalouses. L’amour que les femmes suscitent, aussi voluptueux soit-il, reste pourtant faussé car la femme n’hésite pas à tromper celui qu’elle aime. Les poèmes se succèdent (« À Juana », « À Laure », « À Julie », etc.) et dépeignent inexorablement la nostalgie d’un amour perdu.
La mélancolie gagne le poète qui trouve son inspiration dans la douleur et le souvenir tendre de l’amour.
Le recueil répond aux caractéristiques du mouvement romantique par son thème principal et la souffrance lyrique qui y est liée. La forme poétique, les figures de style employées, la sensibilité exacerbée du poète parviennent à rendre au lecteur tout le chagrin qui habite le poète délaissé.
Enfin, pour mieux comprendre l’œuvre poétique de Musset et sa posture, on peut citer la préface du recueil.
« Ce livre est toute ma jeunesse ;
Je l’ai fait sans presque y songer.
Il y paraît, je le confesse,
Et j’aurais pu le corriger.
Mais quand l’homme change sans cesse,
Au passé pourquoi rien changer ?
Va-t-en pauvre oiseau passager ;
Que Dieu te mène à ton adresse !
Qui que tu sois, qui me liras,
Lis-en le plus que tu pourras,
Et ne me condamne qu’en somme.
Mes premiers vers sont d’un enfant,
Les seconds d’un adolescent,
Les derniers à peine d’un homme. »
« Le temps emporte sur son aile
Et le printemps et l’hirondelle,
Et la vie et les jours perdus ;
Tout s’en va comme la fumée,
L’espérance et la renommée,
Et moi qui vous ai tant aimée,
Et toi qui ne t’en souviens plus ! »
« À Juana »« C’était, dans la nuit brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.
Lune, quel esprit sombre
Promène au bout d’un fil,
Dans l’ombre,
Ta face et ton profil ? »
« Ballade à la lune »
« Que j’aimais ce temps gris, ces passants, et la Seine
Sous ses mille falots assise en souveraine !
J’allais revoir l’hiver. – Et toi, ma vie, et toi ! »
« Que j’aime le premier frisson »« Comptons plutôt, ma belle,
Sur ta bouche rebelle
Tant de baisers donnés…
Ou pardonnés. »
« Venise »