Surveiller et punir, publié en 1975, s’inscrit dans le contexte de la Révolution culturelle de Mai 68 et dans le contexte des révoltes des prisons. Foucault est un auteur engagé, il crée le Groupe d’information sur les prisons (GIP) pour permettre la prise de parole des détenus, et l’amélioration de leurs conditions. Profitant de sa notoriété de philosophe, il théorise la notion de châtiment et de punition.
Foucault fait une présentation historique de l’évolution des techniques de punitions. Il montre que la punition, qui était spectaculaire, sanglante et à laquelle assistait le peuple (les supplices au Moyen Âge par exemple), qui était donc publique, s’est transformée en un acte presque tabou, secret. La sanction physique du corps du prisonnier s’est transformée en une volonté de corriger l’âme, et donc de le normaliser, de le transformer en être conforme à la société.
Vers la fin du XVIIIe siècle, le supplice en place publique n’étant plus tolérable, il faut punir autrement. L’infraction à la loi ne porte plus atteinte qu’à la personne du souverain mais à la société entière. Enfreindre la loi est devenu synonyme de trouble social et le rôle de la punition n’est plus de se venger, mais d’empêcher que le tort soit fait de nouveau. La punition doit donc décourager d’enfreindre la loi.
C’est sur l’esprit qu’il faut agir, en enseignant la discipline. Cette discipline doit être installée dans un lieu clos, où une place et une hiérarchie ont été établies. Le temps et les activités doivent être réglés. Cela implique une surveillance perpétuelle : un regard hiérarchique, une sanction normalisatrice et un examen permanent. Cette discipline impose des règles qui sont valorisées quand elles sont respectées.
Petit à petit, la prison s’est donc imposée comme la forme de ce châtiment. Mais pour Foucault, la prison est aussi le lieu qui fabrique ses objets : les prisonniers. Ils sont contraints de vivre une vie artificielle, où l’autorité est arbitraire et le pouvoir abusif. Pour lui, la prison incite à la reproduction du crime, elle ne permet pas de remettre dans le droit chemin les délinquants, mais au contraire, crée une entité où le pouvoir de punir est légitime. Pour Foucault, la prison est donc un système totalitaire, plus inhumain encore que le supplice du corps.
Foucault élargit ensuite cette analyse de la prison en décrivant l’évolution et l’avènement d’une société de surveillance, où tout est soumis à un regard hiérarchique de contrôle.
« Quoi d’étonnant si la prison ressemble aux usines, aux écoles, aux casernes, aux hôpitaux, qui tous ressemblent aux prisons ? »