Pour écrire ce roman, Chrétien de Troyes a puisé dans ce qu’on appelle la matière de Bretagne : il s’agit d’un ensemble de textes médiévaux de légendes de Bretagne, c’est-à-dire des actuelles Grande-Bretagne et Bretagne. Cette tradition celtique est différente de la tradition carolingienne, alors en vigueur en France, et de la tradition latine. La matière de Bretagne se distingue par son caractère merveilleux et irréel.
Mais l’histoire d’Yvain ne puise pas uniquement du côté des contes puisqu’il s’agit avant tout d’un roman de chevalerie se rattachant à la légende arthurienne et mettant en scène les chevaliers de la table ronde.
Calogrenant : Un chevalier de la cour du roi Arthur. Il n’est pas le héros de cette histoire, qui s’ouvre pourtant sur le récit d’une de ses aventures. Il sert de faire-valoir à Yvain. Yvain : Le cousin germain de Calogrenant et héros de cette histoire. C’est un chevalier de la table ronde. Esclados le Roux : Chevalier noir, gardien de la fontaine. Laudine : Elle est d’abord la femme d’Esclados le Roux. Après la mort de celui-ci, elle tombe amoureuse d’Yvain. Pleine de caractère, elle se met facilement en colère. Lunete : Servante de Laudine. Rusée et persuasive, elle sait comment convaincre Laudine. C’est l’amie et la protectrice d’Yvain qui la protège à son tour lorsqu’elle en a besoin. Gauvain : Ami d’Yvain, il cherche à le convaincre de conserver sa vie de chevalier errant.
L’aventure chevaleresque : En tant que roman de chevalerie, Yvain est avant tout un roman d’aventure, contant les quêtes et les exploits de chevaliers héroïques. La bravoure et la valeur d’Yvain est mise en évidence par l’échec de Calogrenant. Les combats se multiplient et sont toujours héroïques. Bien que les chevaliers semblent à l’affut de la moindre occasion de se battre, ils défendent toujours une cause qu’ils croient juste. Le merveilleux : Comme tout roman arthurien, Yvain ou le chevalier au lion fait la part belle au merveilleux. La fontaine a ainsi un grand pouvoir magique à la fois terrible, puisque source de catastrophe et de morts, et magnifique, lorsque tout se retrouve chargé d’oiseaux sublimes. Les objets magiques sont nombreux deux anneaux (celui de Lunete et celui de Laudine), un onguent miraculeux… La parodie : Mais il ne faut pas négliger la dimension humoristique très présente dans ce roman, qui s’ouvre d’ailleurs par une version parodique d’une aventure de chevalerie. En effet, le récit de Calogrenant est celui d’un anti-héros qui échoue dans sa quête. Laudine est également décrite de façon humoristique voire ironique : bien que désespérée par la mort de son mari, elle tombe amoureuse du meurtrier de celui-ci. Le combat final entre Yvain et Gauvain illustre également l’absurdité de ces quêtes héroïques. En effet, les deux amis, qui sont animés par les mêmes idéaux, se retrouvent à combattre l’un contre l’autre sans le savoir. Ils ont chacun accepté de défendre une jeune femme qui leur demandait de l’aide sans même savoir si cette cause était légitime.
À la cour du roi Arthur, le chevalier Calogrenant raconte une aventure honteuse qui lui est arrivée.
Il suivait une route indiquée par un seigneur et qui devait le mener à une fontaine merveilleuse : s’il versait l’eau sur le perron, il connaîtrait à la fois les plus grands dangers et les plus grands miracles.
Tout se produit comme l’avait indiqué le seigneur et Calogrenant verse l’eau. Une tempête terrible éclate alors, faisant de nombreux morts. Puis, comme par miracle, une infinité d’oiseaux viennent se poser près de lui. Surgit alors un chevalier noir qui se lance dans un combat avec Calogrenant, prend le dessus, et lui vole son cheval. Calogrenant, humilié, est contraint de repartir à pied.
Yvain décide de venger son cousin. Il se rend dans la forêt de Brocéliande et, parvenu à la fontaine, il est pris dans un combat avec le chevalier noir, Esclados Le Roux. Alors qu’Yvain le poursuit dans un château, il se retrouve bloqué : son cheval est mort et les serviteurs du château veulent le tuer. Mais Lunete, une servante qu’il avait auparavant aidée, lui donne un anneau qui le rend invisible et grâce auquel il parvient à s’échapper.
Yvain tombe amoureux de Laudine, la femme du chevalier Esclados, qu’il vient de tuer. Il parvient à la convaincre, grâce à Lunete, de le prendre à son service pour protéger le château et la fontaine, et comme elle accepte, ils se marient.
Le roi Arthur et sa cour, qui voulaient eux aussi trouver la fontaine, arrivent au château et se réjouissent de voir Yvain. Son ami Gauvain lui conseille de ne pas tourner le dos à sa vie de prouesses et de tournois. Laudine accepte qu’il parte à la condition qu’il rentre avant un an, et elle lui offre un anneau d’invincibilité.
Un an plus tard, comme Yvain n’est pas rentré, Laudine lui envoie une messagère qui reprend l’anneau et lui dit que Laudine ne veut plus le revoir. Yvain est désespéré et s’enfonce dans la forêt, à moitié pris de folie.
Il sera guéri par une jeune fille qui lui donne un onguent magique préparé par la fée Morgane.
Lorsqu’il reprend son chemin, Yvain assiste au combat d’un lion et d’un serpent crachant des flammes. Comme il décide d’aider le lion, celui-ci devient son ami et le suit désormais où qu’il aille. De là vient le surnom d’Yvain : le chevalier au lion.
Il parvient à un château attaqué par le géant Harpin de la Montagne, qu’il tue grâce à son lion. Il retourne alors au château de Laudine où il sauve Lunete d’une injustice dont elle était victime.
Mais il doit encore aider une autre demoiselle qui a besoin de l’aide d’un chevalier pour se défendre contre sa sœur qui veut la déshériter. Alors qu’il affronte un château maudit, où tous les chevaliers périssent, il est vainqueur grâce à son lion. Il peut maintenant se battre contre le chevalier qui défend la sœur de la jeune fille, mais les chevaliers sont de forces égales. Il s’agit en fait de son ami Gauvain, et Arthur met fin au combat.
Grâce à l’aide de Lunete, Yvain parvient à reconquérir Laudine. Yvain et Laudine vivent heureux et le chevalier devient le gardien de la fontaine magique.
« Quand je vis l’air clair et pur, de joie je fus tout assuré. Et je vis amassés sur le pin des milliers d’oiseaux. Le croit qui veut : il n’y avait branche ni feuille qui n’en fût couverte. C’était bien l’arbre le plus beau ! »« On finit par se lasser d’un confort qui dure trop longtemps. On goûte bien davantage un petit bonheur longtemps désiré qu’un grand bonheur dont on profite sans l’avoir attendu. »« Ceux qui allaient combattre étaient liés depuis longtemps de la plus vive amitié et à ce moment-là ils étaient des inconnus l’un pour l’autre. »« Dame, je ne crierai pas merci, mais je vous remercierai de tout ce que vous ferez de moi, car rien qui vienne de vous ne saurait me déplaire. »