L’allitération est la répétition d’une ou plusieurs consonnes. On considère qu’il y a répétition lorsque le son apparaît au moins trois fois de manière assez rapprochée.
Cette figure de style, qui joue sur la sonorité des mots, vise à imiter un son ou à suggérer une idée, une image, une sensation.
Pour analyser une allitération, il faut caractériser le son répété. On distingue trois sortes de sons :
- les sons fluides, doux : b, m, l, n ;
- les sons durs : k, t, p, r ;
- et les consonnes fricatives (qui évoquent un frottement) : f, s, z.
La répétition d’un son doux n’a pas le même effet sur le lecteur que la répétition d’un son dur. Selon le contexte, un son doux peut évoquer l’onirisme (le rêve), tandis qu’un son dur peut évoquer la violence, la souffrance, la colère…
Ici, l’allitération en « s » imite le sifflement des serpents :
« Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? »
Andromaque , 1667
Jean Racine
Ici, la répétition du son dur « t » révèle la violence et la cruauté du discours du loup :
« Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité. »
« Le Loup et l’Agneau », Fables , 1668
Jean de La Fontaine
Ici, la répétition du son doux « m » retranscrit l’atmosphère du rêve décrit par l’auteur :
« Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend. »
« Mon rêve familier », Poèmes saturniens , 1866
Paul Verlaine
Ici, l’allitération en « s » permet de mettre en valeur l’avarice du personnage du baron :
« On voit que, depuis longtemps, la vie du baron consiste à se lever, se coucher et se relever le lendemain sans nul souci que celui d’entasser sou sur sou. »
Mémoires de deux jeunes mariés , 1841
Honoré de Balzac