- Préparation : 30 minutes
- Temps de passage devant l’examinateur : 20 minutes
- Coefficient : 5
Introduction :
L’épreuve orale du baccalauréat de français est le premier examen oral imposé dans un parcours classique d’études. De ce fait, cette épreuve peut être redoutée par les timides qui craignent le face à face avec un professeur examinateur ; d’autres, plus sûrs d’eux, imaginent parfois que leur prestance oratoire masquera leur manque de connaissance sur les textes au programme. Or, si cet oral a bien pour but d’apprécier la qualité de l’expression orale du candidat, il permet aussi de juger sa capacité à développer un propos et à convoquer ses connaissances littéraires et culturelles pour réagir aux remarques de l’examinateur et répondre à ses questions.
Cette fiche méthodologique a pour objectif de vous rappeler les différentes parties de l’épreuve, puis de vous donner quelques clés sur la façon de présenter son oral et d’utiliser au mieux les 30 minutes de préparation.
Les différentes parties de l’épreuve
Les différentes parties de l’épreuve
Après avoir accueilli le candidat, l’examinateur lui indique le texte, le passage choisi, et la question de grammaire posée. Le candidat dispose ensuite de 30 minutes pour se préparer.
L’épreuve est organisée en deux temps : un exposé puis un entretien avec l’examinateur.
Première partie : l’exposé
Première partie : l’exposé
- Durée : 12 minutes
- Note sur 12
L’exposé porte sur un des 16 textes étudiés en classe pendant l’année. Son choix par l’examinateur ne peut donc pas engendrer le stress de l’inconnu. En aucun cas, l’examinateur ne peut vous proposer un texte qui ne figure pas sur votre liste. L’exposé se déroule lui-même en deux étapes :
- l’explication de texte (10 minutes, 10 points) ;
- la question de grammaire (2 minutes, 2 points).
- L’explication de texte
Elle contient 4 étapes :
- présentation de l’œuvre ;
- lecture du texte ;
- explication du texte ;
- conclusion.
La présentation de l’œuvre et la lecture du texte valent 2 points sur les 10 de cette partie.
Après la présentation de l’œuvre et une lecture la plus expressive possible, l’explication du texte (ou d’une de ses parties, délimitée par l’examinateur) suit une progression linéaire, c’est-à-dire qu’elle suit l’ordre du texte. Cette partie est notée sur 8 points.
- La question de grammaire
Cette question est indiquée par l’examinateur en même temps que le texte à expliquer. Elle peut donc être préparée pendant la demi-heure allouée. Elle porte sur un très court passage ou sur une phrase du texte étudié. Les notions grammaticales qu’il faut bien connaître pour répondre sont :
- l’interrogation ;
- la négation ;
- les subordonnées conjonctives employées comme compléments circonstanciels ;
- le lexique (les mots) : formation, signification.
On peut vous demander de :
- reformuler une idée exprimée dans le passage choisi en utilisant des outils grammaticaux imposés ;
- d’analyser la syntaxe du passage, c’est-à-dire d’étudier sa construction, en identifiant un procédé grammatical.
Voici ci-dessous quelques exemples fournis dans les ressources d’accompagnement du ministère de septembre 2019.
- Sujet avec reformulation :
« Je contemple la terre ainsi qu’une âme errante » (Lamartine, « L’isolement », vers 19).
Question : reformulez cette phrase de manière à faire apparaître une proposition principale et une proposition circonstancielle de comparaison.
On vous demande donc de dire la même chose que Lamartine mais autrement. Dans ce vers, la phrase est constituée d’une seule proposition ; c’est une proposition indépendante. La comparaison y est exprimée au moyen d’un adverbe (« ainsi que »). Votre tâche consiste à composer une phrase constituée de deux propositions : une principale et une subordonnée exprimant la comparaison. Plusieurs réponses sont possibles (les crochets délimitent dans les deux réponses fournies ci-dessous la proposition principale et la subordonnée de comparaison) :
- [Je contemple la terre] [comme si j’étais une âme errante.]
- [Je contemple la terre] [comme le ferait une âme errante.]
- Sujet sans reformulation :
« Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ? » (Lamartine, « L’isolement », vers 25-26).
Question : analysez l’expression de l’interrogation dans cette phrase.
Cette fois, il faut juste analyser. On attend de vous que vous trouviez le type de phrase et les mots employés pour exprimer l’interrogation. Une seule réponse est possible.
L’interrogation est exprimée par une phrase interrogative directe, caractérisée par la ponctuation (point d’interrogation), l’inversion sujet-verbe (« font » / « ces vallons, ces palais, ces chaumières ») et l’emploi d’un pronom interrogatif en tête de phrase (« que »). Ce pronom, par ailleurs COD du verbe « font », marque une interrogation partielle puisqu’elle porte seulement sur un mot de la phrase, par opposition à l’interrogation totale qui n’attend comme réponse que « oui » ou « non », ce qui n’est pas le cas ici.
Deuxième partie : l’entretien
Deuxième partie : l’entretien
- Durée : 8 minutes
- Note sur 8
L’entretien lui aussi est constitué de deux temps successifs :
- la présentation d’une œuvre (environ 3 minutes) ;
- un échange avec l’examinateur (environ 5 minutes).
Vers le mois de mai, votre professeur vous aura fait choisir une œuvre littéraire parmi les œuvres étudiées ou les lectures cursives proposées en cours d’année. Son titre apparaîtra sur votre liste. Le jour de l’oral, vous devrez présenter cette œuvre et expliquer les raisons de votre choix. Cette présentation débouchera sur un échange avec l’examinateur qui vous posera des questions que vous n’aurez pas préparées. Cet exercice nécessite donc de votre part une bonne connaissance de l’œuvre. Cet entretien permet d’évaluer votre capacité à dialoguer en vous appuyant sur votre culture littéraire et générale.
Comment présenter son oral
Comment présenter son oral
L’explication de texte
L’explication de texte
Pour bien mener votre explication, vous devez suivre cette progression :
- Présentation du texte
Présenter un texte, c’est répondre aux questions ci-dessous.
Vous ne devez pas formuler ces questions devant votre examinateur, mais seulement les réponses à ces questions.
- De quelle œuvre est extrait le texte (titre, date, courant littéraire auquel elle appartient) ?
- Qui est son auteur ?
- Dans quel parcours s’est inscrit le texte ?
- Quelle est la situation du texte dans l’œuvre complète ? Pour un roman : incipit ou excipit, partie du roman s’il y en a, chapitre. Pour un recueil de poèmes : place du poème dans le recueil si cette place a une signification particulière ou symbolique. Pour le théâtre : acte et scène.
- Quel est l’enjeu du texte, c’est-à-dire son intérêt principal ? Les textes sont en général choisis parce qu’ils ont un intérêt particulier : par exemple, pour un roman ou une pièce, le passage peut avoir une fonction dramatique importante en représentant un temps fort de l’action qui a des répercussions sur la suite.
Vous annoncez ensuite de manière claire et explicite que vous allez procéder à la lecture.
- Lecture du texte
Lisez-le à haute voix en soignant le ton, l’expression. Il faut rendre cette lecture vivante et ne pas donner l’impression que vous vous ennuyez ou que c’est une machine qui lit. Respectez bien la ponctuation, les liaisons, le type de phase (exclamation, interrogation). Ne donnez pas non plus l’impression que vous avez un train à prendre, adoptez un rythme soutenu mais pas expéditif. Tout est affaire de mesure.
L’examinateur peut vous demander de stopper votre lecture assez vite. Cela ne signifie pas qu’il n’a pas apprécié votre prestation mais qu’il est conscient que le temps passe vite et qu’il ne veut pas empiéter sur le temps réservé à l’explication.
- Explication du texte
Pendant votre année scolaire de 1re, vous aurez étudié avec votre professeur la méthode de l’explication de texte linéaire, ainsi appelée car elle suit l’ordre des lignes composant le texte. Voici, pour rappel, les grands principes à respecter :
- expliquer, ce n’est pas paraphraser (c’est-à-dire seulement reformuler le texte). Expliquer, c’est dévoiler le sens, l’interpréter, en faire ressortir l’implicite (les sous-entendus), les intentions de l’auteur ;
- l’explication associe toujours l’étude du fond (les idées exprimées) et de la forme (la manière dont les idées sont exprimées, le style, les figures de rhétorique employées).
Les remarques stylistiques isolées ne sont pas intéressantes. Si vous vous contentez de dire « ici, il y a une métaphore », cela n’est pas satisfaisant ; il faut expliquer pourquoi il y a une métaphore, ce qu’elle apporte au propos, en quoi elle permet à l’auteur de mieux exprimer ce qu’il veut dire. Les procédés relevés doivent donc toujours être analysés.
- Vos remarques doivent se succéder avec rigueur et logique ; elles doivent suivre un fil conducteur et ne pas donner une impression d’éparpillement.
- Conclusion de l’explication
La conclusion doit être brève ; elle a pour fonction de faire une synthèse de vos observations et de mettre en avant les aspects les plus importants du texte que vous aurez relevé. Vous pouvez terminer sur une note plus personnelle : donner un avis à condition qu’il soit justifié (pas seulement « ce texte me touche » mais « ce texte me touche parce que… »). Vous pouvez aussi, en toute fin, « ouvrir » votre étude en établissant des parallèles avec d’autres textes du même parcours étudiés en cours d’années ou que vous avez lus hors programme scolaire.
La question de grammaire
La question de grammaire
Vous relirez clairement le sujet en insistant sur les termes clés de l’énoncé : « reformulez » ou « analysez », avant de présenter votre réponse.
Quel que soit le type de sujet (avec ou sans reformulation), analysez bien les moyens grammaticaux que vous avez mis en œuvre pour montrer que vous avez suivi les consignes (cf. les exemples ci-dessus).
La présentation de l’œuvre
La présentation de l’œuvre
En 3 minutes, il est impossible de raconter une œuvre, d’en résumer le contenu ou de l’analyser entièrement ! Il faut donc faire preuve d’un bon esprit de synthèse pour réussir cette épreuve. Mais vous aurez eu plusieurs semaines pour préparer votre présentation. Voici la progression à suivre :
- indiquer le titre de l’œuvre, le nom de son auteur, l’époque de sa composition et éventuellement le mouvement littéraire auquel elle appartient avec son contexte historique ;
- indiquer les thèmes clés ou les personnages importants ;
- expliquer pourquoi c’est cette œuvre et non une autre que vous avez choisie. Il va falloir justifier ce choix. À la maison, demandez-vous ce que vous avez aimé et pourquoi, ce qu’éventuellement vous avez moins apprécié et pourquoi, ce que la lecture de l’œuvre vous a apporté (réflexion personnelle, connaissances historiques, psychologiques), de manière générale ce qui vous a marqué vous.
Cette présentation est l’occasion d’exprimer votre individualité, ce en quoi vous êtes une personne unique. Montrez-le dans la dernière étape de cette présentation. Ne cherchez pas à copier une présentation toute faite avec des arguments basiques.
L’entretien
L’entretien
C’est au cours de l’entretien que vous aurez l’occasion de donner plus de détails sur l’œuvre, de développer certains points.
Il n’existe pas de déroulé type de l’entretien puisque c’est l’examinateur qui le dirige par ses questions et remarques.
Il faut bien écouter les questions de l’examinateur pour ne pas répondre à côté. N’hésitez pas à lui demander de reformuler si vous n’avez pas compris ce qu’il vous demande.
Maintenant que vous avez bien compris en quoi consiste l’épreuve de l’oral et dans quel ordre procéder dans chacune de ses étapes, voici quelques conseils pour bien utiliser les 30 minutes de préparation qui vous seront accordés.
Quelques conseils pour les 30 minutes de préparation
Quelques conseils pour les 30 minutes de préparation
Le seul moyen de ne pas gâcher ces précieuses minutes, c’est d’être conscients que vous n’aurez pas le temps d’écrire tout ce que vous aurez à dire devant l’examinateur. De plus, si vous avez bien travaillé pendant l’année, vous limiterez considérablement votre stress et perdrez moins de temps à retrouver votre calme intérieur !
- Sitôt installé, relisez bien le texte sélectionné par l’examinateur.
- Ne rédigez pas de phrases sur votre brouillon. Notez seulement dans un style télégraphique les idées principales ou ce que vous risquez d’oublier. Indiquez clairement le numéro du vers ou de la ligne auxquels correspondent vos notes pour ne pas vous perdre en chemin.
- Aérez votre brouillon : aménagez de grands espaces entre vos notes sur les différentes lignes ou vers du texte. N’hésitez pas à numéroter vos pages si vous utilisez plusieurs feuilles, on ne sait jamais.
- Ne pas tout rédiger vous évite d’être pris par le temps et d’avoir la tentation de lire votre brouillon une fois devant l’examinateur. Votre brouillon est comme une bouée de sauvetage : il doit vous aider à ne pas couler en cas de difficultés mais vous n’êtes pas obligé d’y rester accroché pendant toute la traversée !
Pour ne pas oublier les points importants à expliquer, vous pouvez, à l’aide de marqueurs de différentes couleurs, faire des repérages sur le texte (mots importants à expliciter, figures de style, réseaux lexicaux…) : les points sur lesquels vous appuierez votre étude ressortiront mieux.
Conseil : pour la forme, demandez l’autorisation à votre examinateur de procéder ainsi.
Conclusion :
Pour avoir toutes les chances de réussir votre prestation orale le jour du bac, il est donc fortement conseillé de réviser avec sérieux les explications faites en classe pendant l’année scolaire et de vous exercer à l’oral en classe ou en binôme à la maison, devant un camarade jouant pour l’occasion le rôle du professeur examinateur. Conscient que vous vous êtes bien préparé, vous partirez plus confiant à l’épreuve !