Crédit image : Georg Friedrich Schmidt, 1745
Antoine-François Prévost est né le 1er avril 1697 dans une famille de robe (magistrat et religieux) du Pas-de-Calais. Il étudie au collège Jésuite d’Hesdin et se destine à une carrière religieuse. Mais en 1711, à l’âge de 15 ans, il perd sa mère et sa sœur. Il s’enrôle un an après dans la guerre d’Espagne qu’il finit par fuir. Il revient à la religion et fuit à nouveau pour se réengager dans l’armée en 1718.
Finalement, il s’engage chez les bénédictins à Saint-Maur en 1720. En 1725, il est ordonné prêtre à Evreux, en Normandie. Trois ans plus tard, il quitte le monastère sans autorisation et se réfugie à Londres où il devient le précepteur du fils du notable Eyles. Prévost tente alors secrètement de se marier avec la fille de son employeur qui le fait expulser sur le champ en Hollande. Il prend alors le nom d’Antoine-François Prévost d’Exiles. En 1731, il tombe amoureux de Lencki Eckhard qui le ruine. En 1733, il revient en Angleterre et tente d’escroquer Eyles mais finit en prison.
Il rentre en France grâce au prince de Conti dont il prend la charge d’aumônier. En 1739, son père meurt et en 1740, Prévost retrouve Lencki et fuit en 1741 à Bruxelles, criblé de dettes. Cette même année, il rompt avec Lencki et retourne en France à Paris pour mener une vie moins agitée : installé à Chaillot, il tente de rembourser ses dettes en compagnie de Catherine Genty.
En 1754, il est sous la protection du pape Benoit XIV, ce qui lui permet de déménager à Saint-Firmin pour se consacrer à l’écriture en 1760. Le 25 novembre 1763, il meurt d’une crise d’apoplexie à Courteuil.
Mémoires d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde - (1728) Manon Lescaut - (1731) Cleveland - (1731) Pour et contre - (1734)
L’œuvre littéraire de l’abbé Prévost est en particulier marquée par sa vie : la première moitié de cette dernière fut particulièrement agitée, faite de fuites, d’amours éphémères et de problèmes financiers.
C’est en 1728, alors âgé de 30 ans qu’il fait paraître ses mémoires, Mémoires d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde, qui comprend L’Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut : le roman s’inspire très clairement de la vie de Prévost et il fit un grand scandale à l’époque puisque le Parlement de Paris le condamna à être brulé. De fait, en 1731, le roman est retiré des mémoires mais publié en Hollande. Cette même année, il ajoute à ses mémoires Cleveland.
En 1734, il peut à nouveau publier Manon Lescaut en France, cette fois-ci, indépendamment de ses mémoires. Il publie en 1734 Pour et Contre, et un an après Le Doyen de Killerine, inclus dans ses mémoires.
En 1740, il présente des histoires romanesques dans Histoire d’une grecque moderne.
À la fin de sa fin de sa vie, il fait des traductions : latine avec Lettres de Cicéron en 1745 et anglaise avec Clarisse Harlowe de Richardson en 1751.
Il publie sa dernière œuvre monumentale et enrichie en 1754, Histoire générale des voyages.
« Je lui ai entendu dire bien des fois qu'il n'avait rien aimé sérieusement jusqu'alors, et que se sentant tout d'un coup si excessivement touché il en avait frémi, comme par un pressentiment secret des peines que l'amour allait lui causer. »
Mémoires d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde , 1728
« C'est un fonds excellent de revenu pour les petits, que la sottise des riches et des grands. »
Manon Lescaut , 1728
« On n’est guère capable de dissimulation dans une grande douleur. »
Cleveland , 1731
« La malheureuse fin d’un engagement trop tendre me conduisit enfin au Tombeau. C’est le nom de l’engagement que je donne à l’Ordre respectable où j’allais m’ensevelir, et où je demeurai quelque temps si bien mort, que mes parents et mes amis ignorèrent ce que j’étais devenu. »
Pour et contre , 1734