Crédit photo : auteur inconnu, 1905
Alain-Fournier, de son vrai nom Henri-Alban Fournier, naît en 1886 à la Chapelle-d’Angillon, dans le département du Cher. Ses deux parents sont instituteurs. Après une enfance heureuse, il décide de préparer le concours pour l’École Normale Supérieure au lycée Louis-le-Grand, à Paris. Il y fait la connaissance de Jacques Rivières, le futur directeur de la NRF. Les deux hommes se lient d’amitié et entretiennent par la suite une correspondance abondante.
Mobilisé en 1914, Alain-Fournier rejoint l’armée et participe à plusieurs batailles avant de trouver la mort dans le bois de Saint-Rémy. On ne retrouvera son corps que 77 ans plus tard, dans une fosse commune creusée par les Allemands.
Le Grand Meaulnes - (1913) Miracles - (1924) Correspondance avec Jacques Rivière - (1926 (posthume)) Lettres à Jeanne - (2014 (posthume))
Alain-Fournier est l’homme d’une seule œuvre. Lors de son service militaire, entre 1907 et 1909, il écrit des poèmes et des nouvelles qui seront publiés de manière posthume par son ami Jacques Rivière. En 1910, il commence la rédaction du roman qui deviendra un classique, Le Grand Meaulnes. Pour ce livre, il s’inspire de sa propre enfance dans le Cher, ainsi que de Jeanne Bruneau, une jeune modiste qu’il rencontre à cette période. Le roman est publié en 1913 et reçoit d’excellentes critiques, manquant de peu le prix Goncourt.
Le Grand Meaulnes raconte l’histoire d’Augustin Meaulnes, l’ami d’enfance du narrateur, François Seurel. Semi autobiographique, le roman a conservé une grande modernité dans son évocation nostalgique de l’enfance, ainsi que dans sa narration proche de l’onirisme. En effet, la subjectivité du narrateur, qui fait le récit d’événements qui sont arrivés à quelqu’un d’autre, déforme la réalité et la rend incertaine. Le rêve tient également une place importante dans le récit, brouillant encore davantage les frontières entre le réel et le conte. À la fois récit de vie, roman d’aventure et roman d’adolescence, Le Grand Meaulnes raconte l’épopée de deux amis vers l’âge adulte : il s’agit d’une thématique universelle qui contribue encore aujourd’hui au succès du livre.
« Mais quelqu’un est venu qui m’a enlevé à tous ces plaisirs d’enfant paisible. Quelqu’un a soufflé la bougie qui éclairait pour moi le doux visage maternel penché sur le repas du soir. Quelqu’un a éteint la lampe autour de laquelle nous étions une famille heureuse, à la nuit, lorsque mon père avait accroché les volets de bois aux portes vitrées. Et celui-là, ce fut Augustin Meaulnes, que les autres élèves appelèrent bientôt le grand Meaulnes. »
Le Grand Meaulnes , 1913
« Je n’ai pas gardé d’autre souvenir que celui, à demi effacé déjà, d’un beau visage amaigri, de deux yeux dont les paupières s’abaissent lentement tandis qu’ils me regardent, comme pour déjà ne plus voir qu’un monde intérieur. »
Le Grand Meaulnes , 1913
« Le bonheur est une chose terrible à supporter. Surtout lorsque ce bonheur n’est pas celui pourquoi on avait arrangé toute sa vie. »
Correspondance avec Jacques Rivière , 1926
« Les rideaux sont fermés, aux carrefours déserts…
Fraîches, Elles ont quitté le rouet et la porte
Pour la fraîcheur et la gaieté des lointains verts…
… Quelque part, un piano sanglote… »
Miracles , 1924