David Goodis est né en 1917 à Philadelphie et a fait des études de journalisme avant de travailler dans une agence de publicité. Il occupe ses loisirs par l'écriture de romans policiers pour des pulps américains : les pulps sont des publications de mauvaise qualité et de gros tirage, vendues à bas prix et généralement spécialisées dans la littérature dite de genre : science-fiction, fantastique, policier.
En 1939, il déménage à New York et travaille à la radio. Après plusieurs années à essuyer le refus des éditeurs, son roman Cauchemar est enfin publié en 1946 : le livre est adapté au cinéma l'année suivante, sous le titre des Passages de la nuit, avec un casting prestigieux. David Goodis est engagé par la Warner Bros. La fin de sa vie sera plus sombre, marqué par la maladie de son frère schizophrène et par sa propre plongée dans l'alcool.
Cassidy's girl - (1951) La lune dans le caniveau - (1953) La Blonde au coin de la rue - (1954) Tirez sur le pianiste - (1956)
Auteur d'une œuvre sombre, souvent considérée comme une sous-littérature dans son pays, David Goodis rencontre un grand succès en France. Plusieurs de ses livres y sont adaptés au cinéma : c'est notamment le cas du deuxième film de François Truffaut, Tirez sur le pianiste.
Au total, 12 de ses livres seront adaptés au cinéma, dont une grande partie par des réalisateurs français. La télévision s'est également emparée de son œuvre.
David Goodis reste un auteur culte, dont l'œuvre est un archétype du roman noir américain, dont il a contribué à fixer les lois du genre. Il est également l'un des auteurs phares de la célèbre collection " série noire " de Gallimard.
« Il y a longtemps que j’ai perdu le sens des valeurs morales. La seule chose en laquelle je crois aujourd’hui, c’est une simple règle d’arithmétique, et rien de plus. C’est qu’on peut tous survivre et s’en tirer si on obtient deux quand on additionne un et un. »
Cassidy's girl , 1951
« Il y a forcément mieux que cette vie-là. Ça ne peut pas continuer comme ça éternellement, jour après jour, la même routine minable sans rien faire, nulle part où aller, sinon rester planté au coin de la rue, à attendre, attendre… »
La Blonde au coin de la rue , 1954
« Puis, petit à petit, le brouillard se leva, les disques ralentirent et il se rendit compte qu’il était en train de s’en sortir. Comme son cerveau se remettait en marche, il gardait les yeux fermés, se disant de ne pas penser au présent, de ne même pas jeter un coup d’œil pour savoir où il se trouvait. »
La lune dans le caniveau , 1953
« Il n’y avait pas de réverbère, aucune lumière dans cette rue étroite du quartier de Port Richmond, à Philadelphie. Une bise glaciale soufflait du Delaware tout proche, faisant fuir les chats errants vers les caves chauffées. La pluie de fin novembre cinglait par rafales les fenêtres obscurcies par la nuit, aveuglant l’homme qui venait de tomber. À genoux sur le bord de la chaussée, la respiration haletante, il crachait du sang et se demandait s’il n’avait pas une fracture du crâne. Fonçant à l’aveuglette, tête baissée, il s’était écrasé le front contre un poteau télégraphique. »
Tirez sur le pianiste , 1956