Crédit image : Portrait de Denis Diderot (1713-1784), Louis-Michel van Loo, musée du Louvre, 1767
Denis Diderot naît à Langres en 1713. Son père était maître coutelier, et sa mère fille de tanneur. Entre 1723 et 1728, Diderot étudie dans un collège jésuite. Ses parents le destinent à une carrière ecclésiastique, qui ne l’intéresse pas plus que l’idée de reprendre l’affaire de son père. Il étudie la théologie et la philosophie à Paris, puis il commence à s’intéresser à la littérature et au théâtre. Il apprend l’anglais, et écrit quelques articles pour le Mercure de France.
En 1742, il fait la connaissance de Jean-Jacques Rousseau, avec qui il noue des liens d’amitié. Sa vie de bohême finit par agacer son père, qui le fait enfermer dans un monastère. Il s’en échappe et épouse en secret Anne-Antoinette Champion. Il commence sa carrière littéraire par la traduction. À cause de ses écrits matérialistes, il est sous surveillance et en 1749, on l’arrête pour l’incarcérer au château de Vincennes durant 3 mois. Diderot prend ensuite la tête du projet de l’Encyclopédie, et améliore ainsi sa situation financière. Ses idées divergent de celles de Rousseau et les deux hommes finissent par se brouiller, jusqu’à une rupture totale en 1770. Il obtient les faveurs et la protection de Catherine II de Russie, qui le met à l’abri du besoin. Il décède en 1784 à Paris.
Le Fils naturel - (1757) Jacques le fataliste - (1796) La Religieuse - (1796) Supplément au Voyage de Bougainville - (1796)
Diderot est un écrivain complet qui a renouvelé les genres du théâtre et du roman. En théâtre, il s’illustre notamment par l’invention d’un nouveau genre dramatique, le drame bourgeois. Celui-ci se situe entre la comédie et la tragédie, afin de dépasser la simple farce et d’éviter la lourdeur de la tragédie. Le drame bourgeois s’ancre dans la réalité et les problématiques de son temps, et ne respecte pas le principe d’unité de temps et de lieu établi par le théâtre classique.
Diderot renouvelle également le genre romanesque. Avec Jacques le fataliste, il signe un roman à la trame non linéaire, sous la forme d’un dialogue contenant de nombreuses digressions. L’œuvre s’inspire du roman Vie et opinions de Tristram Shandy, gentilhomme de Laurence Sterne, un roman profondément moderne et déroutant.
Enfin, Diderot est passé à la postérité pour son travail de philosophe et d’encyclopédiste. De 1747 à 1765, il dirige ce projet d’anthologie raisonnée des connaissances, dans lequel il rédige près d’un millier d’articles.
« Comment s’étaient-ils rencontrés ? Par hasard comme tout le monde. Comment s’appelaient-ils ? Que vous importe ? D’où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l’on sait où l’on va ? Que disaient-ils ? Le maître ne disait rien ; et Jacques disait que son capitaine disait que tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas est écrit là-haut. »
Jacques le fataliste , 1796
« L’homme est né pour la société ; séparez-le, isolez-le, ses idées se désuniront, son caractère se tournera, mille affections ridicules s’élèveront dans son cœur ; des pensées extravagantes germeront dans son esprit, comme les ronces dans une terre sauvage. »
La Religieuse , 1796
« Parcourez l’histoire des siècles et des nations, tant anciennes que modernes, et vous trouverez les hommes assujettis à trois codes, le code de la nature, le code civil et le code religieux, et contraints d’enfreindre alternativement ces trois codes qui n’ont jamais été d’accord. »
Supplément au Voyage de Bougainville , 1796
« On avale à pleine gorgée le mensonge qui nous flatte, et l’on boit goutte à goutte une vérité qui nous est amère. »
Le Neveu de Rameau , 1821