Crédit image : E. T. A. Hoffmann, autoportrait de Ernst Theodor Amadeus Hoffman, avant 1822
Crédit photo : Jörg P. Anders
©Galerie nationale des musées nationaux de Berlin - Preußischer Kulturbesitz
Ernst Theodor Amadeus Hoffmann est né en 1776 en Prusse-Orientale, une région qui est aujourd’hui divisée entre la Russie et la Pologne. Il fait des études classiques dans une école protestante et apprend la musique. Il entre ensuite à l’université de Königsberg où il étudie le droit sous la pression de son oncle, car lui-même n’est guère intéressé par cette carrière. Il a l’occasion de suivre les cours du philosophe Emmanuel Kant, qui enseigne dans cette université. Au début des années 1800, il continue sa carrière de juriste à Varsovie, où il est mis en contact avec la vie artistique foisonnante de l’époque et découvre les œuvres des romantiques allemands, comme celles de Novalis et des frères Schlegel. Il se consacre à la composition d’opéra et à la peinture. Adepte de la caricature, il donne à des dieux égyptiens les visages de ses supérieurs, ce qui lui attire des ennuis. Lorsque Napoléon sépare la Prusse de la Pologne en 1806, il est mis à pied et repart vivre à Berlin, alors occupée par les troupes napoléoniennes. Entre 1808 et 1813, il devient chef d’orchestre au théâtre de Bamberg. Il se consacre à la critique musicale et à la création de divers ballets et opéras, et il publie son premier conte, Le Chevalier Gluck, dans lequel il met en scène le personnage récurrent de Johannès Kreisler, un musicien. En 1814, il perd son emploi et est contraint de reprendre une carrière de magistrat. Après le succès en 1817 de son opéra Ondine, il produit l’un de ses ouvrages majeurs, Le Chat Murr. Atteint de syphilis, il meurt en 1822, à l’âge de 46 ans.
Les Élixirs du diable - (1815-1816) Contes nocturnes - (1816-1817) Le Chat Murr - (1819-1821) Les Frères de Saint-Sérapion - (1819)
E.T.A. Hoffmann (son nom de plume) est surtout connu pour ses contes fantastiques et son roman satirique Le Chat Murr, qui est l’autobiographie d’un chat poète (le chat porte le même nom que celui de l’auteur). Hoffmann est à l’origine d’un fantastique réaliste, nouveau dans la littérature allemande. En effet, le fantastique surgit dans le quotidien, dans un environnement familier, citadin, souvent décrit avec humour. Passionné dès l’enfance par les histoires de fantômes, il met en scène diverses figures du genre de l’épouvante, jusqu’au grotesque : enterrés vivants, automates, vampires, doubles… Cependant, ces figures semblent devoir être lues au deuxième degré. En effet, dans l’œuvre d’Hoffmann, l’esprit humain repose sur un équilibre précaire entre la raison et la folie, entre le quotidien et l’extase, et cet équilibre est souvent rompu.
Cette forme de fantastique a influencé de nombreux écrivains comme Gérard de Nerval, Baudelaire, Edgar Poe ou encore Franz Kafka.
« Il est dans la nature de l’homme d’éprouver un vif dépit lorsque le péril qui le terrifiait devient sous ses yeux un vil épouvantail sans consistance. Ce qui lui fait plaisir, c’est l’idée d’avoir échappé à un danger réel, et non que le risque ait été imaginaire. »
Le Chat Murr , 1819-1821
« Pourquoi t’apitoyer ainsi sur celle que le Ciel, dans sa toute-puissance, a jugée digne de quitter la terre au moment même où, comprenant le néant de ce monde, son cœur était rempli d’une immense nostalgie qui l’attirait vers le royaume de l’éternelle félicité ? »
Les Élixirs du diable , 1815-1816
« C’est un méchant homme qui vient trouver les enfants lorsqu’ils ne veulent pas aller au lit, et qui leur jette une poignée de sable dans les yeux, à leur faire pleurer le sang. Ensuite, il les plonge dans un sac et les porte dans la pleine lune pour amuser ses petits enfants qui ont des becs tordus comme les chauves-souris, et qui leur piquent les yeux, à les faire mourir. Dès lors l’image de l’Homme au Sable se grava dans mon esprit d’une façon horrible. »
« L’Homme au sable », Contes nocturnes , 1816-1817
« Sans doute, tu t’es réveillé de ton rêve… Mais à quoi bon ? il t’en est resté le ravissement inexprimable dont la blessure meurtrière, sous les apparences de la vie ordinaire, ne cesse de déchirer l’âme… n’est-il pas vrai ? Autour de toi, tout te semble alors désert, sinistre, exsangue. »
Princesse Brambilla , 1820