Crédit photo : Tilemachos Efthimiadis, 2014
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La vie d’Eschyle est très peu documentée. L’auteur est né aux environs de 526 av. J.-C. dans la région de l’Attique. Il appartient à la noblesse athénienne et est présent lors des troubles civils qui entraînent la fin de la tyrannie des Pisistratides. Il est également contemporain des guerres qui opposent les Grecs à l’invasion perse. Il participe aux deux batailles de Marathon, ainsi qu’à celle de Salamine, en 480 av. J.-C. Il se rend en Sicile, où il mourra à Géla en 456 av. J.-C.
Les Suppliantes - (490 av. J.-C. (env.)) Les Perses - (472 av. J.-C.) Les Sept contre Thèbes - (467 av. J.-C.) Orestie - (458 av. J.-C.)
Eschyle est le premier des trois grands auteurs tragiques, avant Euripide et Sophocle. En 484 av. J.-C., il remporte la première place au concours tragique, et en 472 av. J.-C., il écrit Les Perses, une pièce directement inspirée par son expérience militaire, qui l’a profondément marqué. Seules sept pièces nous sont parvenues, sur une centaine rédigée tout au long de sa vie. Il gagne treize fois le concours tragique, et pour l’ultime fois en 458 av. J.-C. avec l’Orestie. Son principal rival sera Sophocle, encore jeune lorsqu’il lui enlève la victoire lors du concours de 468 av. J.-C.
Chez Eschyle, le mécanisme tragique repose essentiellement sur le politique. La plupart de ses tragédies évoquent la guerre, comme une menace qui pèse sur la cité. Eschyle, qui a bien connu les champs de bataille, fait preuve d’un certain pacifisme : dans son théâtre, le bon dirigeant est celui qui sait éviter les combats. La spécialiste de littérature antique Jacqueline Romilly dira même que le théâtre d’Eschyle « résonne à chaque instant du bruit de la guerre ». On y trouve également une idée de justice divine, les dieux venant punir l’orgueil démesuré des humains (qu’on appelle, dans le cadre de la tragédie, l’hybris). Cette justice se manifeste par une action directe des dieux, par exemple en modifiant le cours de la guerre (comme c’est le cas dans Les Perses), ou en faisant peser une malédiction qui peut s’étendre sur des générations (comme on peut le voir dans l’Orestie).
« LA REINE :
Amis, quiconque a fait l'expérience du malheur sait que lorsqu'une vague de maux s'est abattue sur eux les hommes s'effrayent de tout, tandis que si le destin les favorise, ils se persuadent que le vent de la prospérité ne cessera jamais de souffler pour eux. »
Les Perses , 472 av. J.-C.
« Tes pensées sont orgueilleuses et tes cris pleins d'excès,
Tout comme ton esprit qui délire
Et veut encore du meurtre.
Ça se voit, cela éclate dans tes yeux pleins de ton sang caillé.
Déshonorée, sans amis,
Tu paieras coup pour coup. »
Orestie , 458 av. J.-C.
« C'est le vin d'Arès que le sang des hommes ! »
Les Sept contre Thèbes , 467 av. J.-C.
« OCÉAN :
Ne comprends-tu pas, Prométhée, que, pour traiter la maladie colère, il existe des mots médecins ?
PROMÉTHÉE :
Pourvu qu'on trouve le moment où l'on peut amollir le cœur – au lieu de prétendre réduire par la force une passion qui forme abcès.
OCÉAN :
Mais, à un zèle téméraire, vois-tu donc un châtiment attaché ? Instruis-moi.
PROMÉTHÉE :
La honte d'une peine inutile et d'une candeur étourdie.
OCÉAN :
Laisse-moi alors être malade de ce mal : rien de mieux que de paraître fou par excès de bonté. »
Prométhée enchaîné