Francis Ponge est né en 1899 à Montpellier, dans une famille protestante relativement aisée. Après une enfance heureuse, il échoue dans ses études de philosophie. Dès cette époque, il s'intéresse à la littérature et à la politique. Pendant la Première Guerre, il adhère au parti communiste.
Pour gagner sa vie, il travaille aux Messageries Hachette, devient militant communiste et délégué syndical. Il entre dans la Résistance dès 1940. Après la guerre, il obtient un poste de professeur qui lui laisse le temps d'écrire aussi bien de la poésie que des essais.
Le Parti pris des choses - (1942) Proëmes - (1948) La rage de l'expression - (1952) Comment une figue de parole et pourquoi - (1977)
Le grand travail de Francis Ponge a toujours porté sur la langue qu'il cherche à nettoyer de ce qui la sclérose. La tension du poète vient de ce que la langue est l'un des seuls outils d'expression dont nous disposons, mais que ce n'est pas pour autant sa fonction première que de transcrire le monde. Ponge a toujours cherché comment dire tout simplement, y compris les choses les plus banales, d'où ces poèmes qui tentent de coller à la réalité qu'ils veulent décrire, à commencer par les objets familiers du Parti pris des choses. Son interrogation se porte principalement sur le lien qui unit la chose et le mot, lien que la poésie pourrait rendre indissociable. Cette écriture est par ailleurs pleine d'humour, Ponge travaillant la matière sonore de sorte à multiplier les jeux de mots.
Dans ses œuvres suivantes, Ponge cherche à comprendre le fonctionnement de la langue de manière générale et plus particulièrement du français, dans une réflexion quasi linguistique.
« On pourrait presque dire que l’eau est folle, à cause de cet hystérique besoin de n’obéir qu’à sa pesanteur, qui la possède comme une idée fixe.
Certes, tout au monde connaît ce besoin, qui toujours et en tous lieux doit être satisfait. Cette armoire, par exemple, se montre fort têtue dans son désir d’adhérer au sol, et si elle se trouve un jour en équilibre instable, elle préférera s’abîmer plutôt que d’y contrevenir. Mais enfin, dans une certaine mesure, elle joue avec la pesanteur, elle la défie : elle ne s’effondre pas dans toutes ses parties, sa corniche, ses moulures ne s’y conforment pas. Il existe en elle une résistance au profit de sa personnalité et de sa forme. »
Le Parti pris des choses , 1942
« La surface du pain est merveilleuse d’abord à cause de cette impression quasi panoramique qu’elle donne : comme si l’on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes.
Ainsi donc une masse amorphe en train d’éructer fut glissée pour nous dans le four stellaire, où durcissant elle s’est façonnée en vallées, crêtes, ondulations, crevasses… Et tous ces plans dès lors si nettement articulés, ces dalles minces où la lumière avec application couche ses feux, -- sans un regard pour la mollesse ignoble sous-jacente. »
Le Parti pris des choses , 1942
« Quelque chose d’éclatant voilé, de splendide voilé, d’étincelant voilé, de radieux voilé. Ce qui est curieux, c’est que la chose éclatante en question soit voilée par l’excès même de son éclat »
La rage de l’expression , 1952
« Ne jamais essayer d’arranger les choses. Les choses et les poèmes sont inconciliables. »
La rage de l’expression , 1952