Crédit photo : Jac. de Nijs / Anefo
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Georges Simenon naît à Liège en 1903 au sein d’une famille aisée. Dès son adolescence, il décide de consacrer sa vie à écrire des livres. Il est déscolarisé dès 1916 afin de soutenir sa famille (son père a des problèmes cardiaques). Après de petits boulots, il devient journaliste pour La Gazette de Liège. C’est à cette période que naît son intérêt pour les affaires criminelles qui lui inspireront ses nombreux romans policiers. Son métier l’amène également à connaître de près le milieu de la nuit, qui lui servira aussi de source d’inspiration. En 1922, après la mort de son père, il s’installe à Paris. Dès ses débuts, Simenon est un écrivain très prolifique qui écrit huit heures par jour. Attiré par les voyages, il découvre l’Afrique, l’Europe de l’Est, ou encore la Turquie, dont il fait des sujets de reportages. Durant la Deuxième Guerre mondiale, il refuse de s’engager. Certains de ses biographes le soupçonnent d’antisémitisme, car il aurait refusé d’aider des réfugiés belges juifs, tandis que son frère s’est engagé dans la Waffen-SS de Wallonie. À cette époque, il entretient une abondante correspondance avec l’écrivain André Gide, qui s’intéresse beaucoup à lui et à son œuvre. Après la guerre, il s’installe aux États-Unis, courtisé par Hollywood qui veut adapter ses œuvres au cinéma. Il retourne en Europe en 1955, et en 1972, il commence la rédaction d’une longue autobiographie. Il décède en 1978, à l’âge de 86 ans, laissant derrière lui 193 romans et 158 nouvelles.
Le Chien jaune - (1931) L’Auberge aux noyés - (1938) La Boule noire - (1955) La Chambre bleue - (1964)
Simenon est surtout connu pour sa série des Maigret, qui a été adaptée à la télévision. Ce personnage récurrent, qui apparaît dès 1929, devient une figure de détective emblématique : bourru, un peu solitaire, mais démontrant une grande intelligence et une compréhension affûtée de la psychologie humaine. Cette série pose les bases du policier francophone moderne, autour d’intrigues relativement simples, mais dans une atmosphère sombre, et avec des personnages hauts en couleur. La structure même des romans peut se comparer au « roman à clé » à l’anglaise, à la façon d’Agatha Christie : un meurtre est commis, l’enquêteur découvre le coupable, et dans le chapitre final, dévoile le cheminement de pensée qui l’a mené à ces conclusions. Ce chapitre final permet ainsi au lecteur de réfléchir rétrospectivement à l’intrigue, et parfois, à se rendre compte qu’il aurait pu trouver le coupable lui-même s’il avait su lire les indices.
Dans la vaste œuvre de Simenon, on retrouve souvent des thématiques semblables, même hors roman policier : l’auteur aime en effet mettre en scène des personnages qui dissimulent sous le vernis de la respectabilité de sombres machinations au sein de petites communautés, un peu, une nouvelle fois, comme dans les romans d’Agatha Christie.
« Les heures se fondaient les unes dans les autres comme les tons se fondaient dans le ciel. »
Le Coup-de-Vague , 1939
« Un homme en voyage est toujours un tantinet ridicule, parce qu’il voudrait que les choses se passent comme chez lui. »
Maigret chez le coroner , 1949
« Rien n’empêche un médecin d’être fou, ni un fou d’être médecin. On dit même que les aliénistes sont presque tous leurs propres clients. »
Le Fou de Bergerac , 1932
« Les pauvres sont habitués à refréner l’expression de leur désespoir, parce que la vie les attend, le travail, les nécessités de tous les jours, de toutes les heures. »
Le Pendu de Saint-Pholien , 1931