Auteur
Henri Michaux
Biographie

Henri Michaux est né à Namur en 1899. Après des études de médecin, qu'il ne mènera pas jusqu'au bout, Michaux voyage en tant que matelot à partir de 1919. Il continuera à faire de nombreux voyage même après avoir quitté cette profession, explorant notamment l'Asie et l'Amérique du Sud.
En 1948, sa femme meurt, instaurant une rupture dans la vie de Michaux. Il racontera sa douleur et son deuil dans Nous deux encore.
Installé à Paris depuis 1924, Michaux s'insère dans le monde artistique et fréquente écrivains, peintres et poètes. Il se met à la peinture et au dessin, et à partir de 1955, il expérimente l'usage de drogues et notamment de mescaline, dont il documente les effets dans ses écrits.

Bibliographie sélective

Un certain Plume - (1930)
Un barbare en Asie - (1933)
La nuit remue - (1935)
Connaissance par les gouffres - (1961)

Œuvre

Mystérieuse, souvent onirique et absurde, parfois violente et mordante, l'œuvre de Michaux se démarque par son ampleur et son originalité. Michaux est l'auteur de nombreux récits de voyage, dont le style s'écarte grandement des lois du genre : il s'agit moins d'une observation ethnologique de peuples et de civilisations lointains que d'analyse poétique cherchant à retranscrire une expérience et une relation au monde. Ses écrits mêlent réalité et imaginaire pour créer un univers qui lui est propre.
Michaux est également peintre et dessinateur : les techniques plastiques sont pour lui une manière de dépasser la limitation du langage et des mots et il considère ses dessins comme un prolongement de ses poèmes.

Citations

« Qu’est-ce qu’une civilisation ? Une impasse. Non, Confucius n’est pas grand. Non, Tsi Hoang Ti n’est pas grand, ni Gautama Bouddha. Mais depuis on n’a pas fait mieux. Un peuple devrait être honteux d’avoir une histoire. Et l’Européen tout comme l’Asiatique, naturellement. C’est dans l’avenir qu’ils doivent voir leur Histoire. »
Un barbare en Asie , 1933

« Dans un stupide moment de distraction, Plume marcha les pieds au plafond, au lieu de les garder à terre.
Hélas, quand il s’en est aperçu, il était trop tard.
Déjà paralysé par le sang aussitôt amassé, entassé dans sa tête, comme le fer dans un marteau, il ne savait plus quoi. Il était perdu. Avec épouvante, il voyait le lointain plancher, le fauteuil autrefois si accueillant, la pièce entière, étonnant abîme. »
Un certain Plume , 1930

« Être vivant, c’est être prêt. Prêt à ce qui peut arriver, dans la jungle des villes et de la journée. D’une prévoyance incessamment et subsconciemment ajustée. L’état normal, bien loin d’être un repos, est une mise sous tension en vue d’efforts à fournir… Mise sous tension si habituelle et inaperçue qu’on ne sait comment la faire baisser. L’état normal est un état de préparation, de disposition vers les gouffres »
Connaissance par les gouffres , 1961

« Je peux rarement voir quelqu’un sans le battre. D’autres préfèrent le monologue intérieur. Moi, non. J’aime mieux battre.
Il y a des gens qui s’assoient en face de moi au restaurant et ne disent rien, ils restent un certain temps, car ils ont décidé de manger.
En voici un.
Je te l’agrippe, toc.
Je te le ragrippe, toc.
Je le pends au porte-manteau.
Je le décroche.
Je le repends.
Je le redécroche.
Je le mets sur la table, je le tasse et l’étouffe.
Je le salis, je l’inonde.
Il revit.
Je le rince, je l’étire (je commence à m’énerver, il faut en finir), je le masse, je le serre, je le résume et l’introduis dans mon verre, et jette ostensiblement le contenu par terre, et dis au garçon : "mettez-moi donc un verre plus propre".
Mais je me sens mal, je règle promptement l’addition et je m’en vais. »
La nuit remue , 1935