Crédit image : miniature de la Bibliothèque nationale de France, XIIIe siècle
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Jean Bodel est un poète picard, né et mort à Arras, ville dont il constitue un personnage emblématique.
Sa vie est mal connue. La précision de ses poèmes laisse penser qu’il a voyagé, conformément à la tradition des trouvères qui étaient des poètes itinérants, compositeurs et chanteurs. Son œuvre, qui couvre plusieurs genres littéraires, révèle une grande culture littéraire.
Atteint de la lèpre, il meurt dans une léproserie d’Arras en 1205.
Jeu de saint Nicolas - (1200 (env.)) Chanson des Saisnes - (null) Fabliaux - (null) Congés - (1205 (env.))
Considéré à son époque comme un auteur majeur, il est encore admiré aujourd’hui pour ses qualités lyriques et épiques et pour sa grande originalité.
Le Jeu de saint Nicolas est un mystère, genre théâtral religieux très prisé au Moyen Âge, écrit autour des années 1200. Écrite après la fin de la troisième croisade, probablement suite à une commande de l’ordre de Saint-Nicolas, la pièce raconte la conversion des Sarrazins au christianisme. Souvent comprise comme une œuvre de propagande incitant à une quatrième croisade, elle a également été lue, au contraire, comme un appel à la non-violence.
La Chanson des Saisnes est une chanson de gestes qui raconte la guerre entre Charlemagne et les Saxons, sans doute composée avant 1202. Comme de nombreux trouvères, Jean Bodel est également l’auteur de Fabliaux (courts récits).
Son œuvre la plus personnelle est certainement les Congés, écrit alors que le poète avait attrapé la lèpre : avant de s’enfermer pour y mourir dans une léproserie, Jean Bodel fait dans ce texte ses adieux à ses amis et à sa famille. Ce texte, très original pour l’époque, ouvre un genre nouveau, celui de la poésie personnelle et autobiographique, qui inspirera Rutebeuf et Villon.
Son œuvre très variée exerça une influence profonde sur les poètes de langue d’oïl.
« C’est sur vous que tout le monde
doit prendre modèle en mourant ainsi,
car Dieu reçoit avec une grande douceur
ceux qui veulent venir avec lui.
Qui le servira de bon cœur
ne perdra jamais sa peine,
mais il sera couronné dans les cieux
de la couronne que vous avez »
Jeu de saint Nicolas , 1200 (env.)
« Seigneur, si je suis jeune, ne m'ayez en dépit
Car on a vu souvent grand cœur en corps petit. »
Jeu de saint Nicolas , 1200 (env.)
« Saint homme, sois joyeux, n’aie pas peur
tu convertiras le roi et délivreras ses barons
de leur folle religion, et ils seront fidèles à la foi
des chrétiens… »
Jeu de saint Nicolas , 1200 (env.)
« Congé je prends, de cœur marri,
De ceux qui doucement m'aidèrent…
Moitié sain et moitié pourri. »
Congés , 1205 (env.)