Jean Giono est né en 1895 dans une petite ville entre la Haute-Provence et les Alpes nommée Manosque où il vit une enfance simple et heureuse. Il est issu d’une famille prolétaire : son père est cordonnier et sa mère est repasseuse. En 1911, suite à des problèmes financiers, il doit interrompre ses études à l’âge de 16 ans pour travailler dans une banque. Parallèlement, il lit en autodidacte les auteurs antiques, en particulier Virgile et Homère. À 22 ans, il est mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, et il participe notamment à la tuerie de Verdun en 1916, dont il ressort traumatisé.
Pendant l’entre-deux guerres, il reprend son emploi à la banque et se marie avec Élise Maurin en 1920 avec qui il aura une fille, Aline, en 1936. C’est pendant la fin des années trente qu’il connaît un succès littéraire. En dehors de son travail de banquier, Giono se promène beaucoup dans les montagnes avoisinantes où il écoute les légendes régionales contées par des bergers. Suite à la crise économique de 1929, il est contraint de quitter son emploi, ce qui lui laisse tout le loisir d’écrire.
Suite à la parution de Colline la même année, Giono connaît un succès international, ce qui fait connaître son cercle littéraire dans le hameau du « Contadour » où se retrouvent depuis 1935 des fidèles et se développe une pensée pacifiste et antifasciste. Pendant ces années, Giono se rapproche du parti communiste.
La Seconde Guerre mondiale éclate en 1939 et Giono la déserte. Cela entraîne une incarcération de deux mois à Marseille. Il est relaxé. En 1942, il rencontre à Paris des responsables allemands et sa maison est la cible d’un attentat l’année suivante. Au sortir de la guerre en 1944, il est emprisonné pendant sept mois car il a écrit pour un journal collaborateur. Suite à cela, Giono se retranche, s’isole et écrit énormément, ce qui lui vaut d’être élu à l’Académie Goncourt en 1954. Mais en 1962, il est victime d’une crise cardiaque qui se réitèrera 8 ans plus tard, à sa mort, le 8 octobre 1970.
Colline - (1929) Regain - (1930) Un roi sans divertissement - (1947) Le hussard sur le toit - (1951)
L’œuvre de Giono est marquée en deux temps, ses écrits pendant l’entre-deux guerres et ses écrits après la Seconde Guerre mondiale. Au début de sa carrière d’auteur en 1924, Giono publie dans la revue marseillaise La Criée des poèmes en prose. Deux romans portent Giono vers la notoriété : Colline en 1929, suivi de Regain en 1930. Pour André Gide à Paris, « un nouveau Virgile » est né en Provence. En 1932, il publie son roman autobiographique, Jean le bleu, puis, Que ma joie demeure qui paraît en 1935 et connaît un grand succès auprès de la jeunesse. En 1937, Giono publie son manifeste du pacifisme Refus d’obédience. En 1940, il traduit le célèbre Moby Dick suivi d’un hommage à son auteur Pour saluer Melville. En 1943, il écrit plusieurs pièces de théâtres, dont Voyage en calèche qui est censuré.
Après la Seconde Guerre mondiale, Giono délaisse le lyrisme et les éloges à la Nature et écrit sur l’Homme et la société de manière plus critique. En 1947, paraît Un roi sans divertissement, un chef-d’œuvre contant les sévices d’un tueur en série dans les Alpes profondes. En 1951, Giono fait cesser les calomnies qui l’entachent depuis la fin de la guerre en publiant Le Hussard sur le toit, recevant un grand succès. À la fin de sa vie, Giono travaille beaucoup sur les adaptations cinématographiques de ses ouvrages avec par exemple L’Eau vive (1958), Crésus (1960) et Un roi sans divertissement (1963).
« Il lui prend soudain le doux désir de s'abandonner dans le vent du destin comme une bourrasque qui colle aux reins et emporte. Un peu de repos ! Du repos, et des seuils chauds pour boire le soleil et fumer la pipe. »
Colline , 1929
« Il ramasse ses braies ; le velours est encore gonflé d'eau. Il tord sa chemise, puis, il se la noue sur le ventre, puis il met ses souliers. Elle le regarde faire. Elle sait ce qui va arriver. C'est tout simple :
- Viens, dit Panthurle, on va à la maison.
Et elle a marché derrière lui dans le sentier. »
Regain , 1930
« On ne peut pas vivre dans un monde où on croit que l’élégance exquise du plumage de la pintade est inutile. »
Un roi sans divertissement , 1947
« Les oiseaux s'éveillaient dans le vallon où il descendit. Il ne faisait pas frais même dans les profondeurs encore couvertes des ténèbres de la nuit. Le ciel était entièrement éclairé d'élancements de lumière grise. Enfin, le soleil rouge, tout écrasé dans de longues herbes de nuages sombres émergea des forêts. »
Le hussard sur le toit , 1951