Crédit photo : Holger Motzkau, 2008
©Holger Motzkau
Né dans une famille aisée, Jean-Marie Gustave Le Clézio vit une enfance marquée par les voyages. Il naît à l’île Maurice, dont il revendique l’héritage culturel, puis séjourne au Nigéria avant d’étudier à Nice, à Aix-en-Provence, Londres et Bristol. Sa carrière littéraire décolle très tôt, à l’âge de vingt-trois ans, avec la publication de Procès-Verbal, inspiré par le mouvement littéraire du Nouveau Roman et influencé par L’Étranger d’Albert Camus. Après avoir effectué son service militaire au Mexique et étudié le maya et le nahuatl (langue aztèque), il passe plusieurs années avec des tribus indiennes au Panama. Il enseigne ensuite dans diverses universités dans le monde et en 2008, il reçoit la distinction littéraire la plus prestigieuse, le prix Nobel de littérature, pour son roman Ritournelle de la faim. Toujours grand voyageur, il défend une littérature de langue française qui englobe l’ensemble de la francophonie, et pas seulement les écrivains français. En 2010, il reçoit la plus haute distinction mexicaine accordée aux étrangers, l’ordre de l’Aigle aztèque, pour son travail de spécialiste des civilisations antiques mexicaines.
Le Procès-verbal - (1963) L’Africain - (2004) Ourania - (2006) Ritournelle de la faim - (2008)
Dans les années 60 et 70, J.-M.G. Le Clézio est surtout influencé par les recherches formelles du Nouveau Roman, et notamment par des auteurs comme Michel Butor, Nathalie Sarraute ou Georges Perec. Il aborde des thématiques sombres dans des univers urbain emplis d’angoisse.
Vers la fin des années 70, son œuvre se tourne vers des sujets plus légers et un style plus lyrique. Il évoque l’enfance, le mysticisme, un rapport étroit et fusionnel avec la nature et le monde matériel. Ses romans sont également imprégnés par ses multiples voyages. Ainsi, L’Africain évoque le Nigéria, Ourania le Mexique, Étoile errante Israël et la Palestine. Le roman qui lui a valu le prix Nobel, Ritournelle de la faim, est inspiré par sa mère et raconte l’histoire d’une adolescente pendant la Seconde Guerre mondiale.
« L’on est pris dans la stupeur des soirées d’enfance, comme dans de la glu ; et l’on se noie au milieu du brouillard, après quelque repas, en face d’une assiette décorée de houx, étrangement vide, où traînent encore des plaques de potage. Puis viendra le temps des berceaux, et l’on meurt étouffé dans les langes, suffoquant de petitesse et de rage. »
Le Procès-verbal , 1963
« L’Afrique, c’était le corps plutôt que le visage. C’était la violence des sensations, la violence des appétits, la violence des saisons. »
L’Africain , 2004
« La guerre n’a pas de sens pour les enfants. D’abord ils ont peur, puis ils s’habitent. C’est quand ils s’habituent que ça devient inhumain. »
Ourania , 2006
« Cette faim est en moi. Je ne peux pas l’oublier. Elle met une lumière aiguë qui m’empêche d’oublier mon enfance. Sans elle, sans doute, n’aurais-je pas gardé mémoire de ce temps… »
Ritournelle de la faim , 2008