Auteur
Jean Pic de la Mirandole
Biographie

Jean Pic de la Mirandole est né à Modène dans une famille fortunée. Enfant très précoce et très doué, doté d’une mémoire prodigieuse, il fait très tôt des études en grec et en latin. À la mort de sa mère, il se détourne de ses études de droit canonique pour étudier la philosophie, d’abord à Ferrare, puis à Padoue. Il y apprend l’hébreu et l’arabe, ce qui lui permet d’étendre son champ d’étude déjà vaste. Il s’initie à la kabbale, ce qui lui donnera l’idée d’étendre cette méthode d’exégèse au christianisme et de créer la Kabbale chrétienne.
Il fréquente les milieux humanistes italiens et fait également un long séjour à Paris. À Florence, il fait la connaissance de Laurent de Médicis qui sera son protecteur toute sa vie.
Pic de la Mirandole a le projet d’organiser à Rome un grand débat où les érudits répondraient à ses 900 thèses philosophiques qu’il vient de faire publier. Mais le pape Innocent VIII fait interdire le débat et condamne certaines des thèses, accusées d’hérésie. Ce n’est que grâce à l’aide de Laurent de Médicis que Pic échappe à la prison.
Il meurt dans des circonstances mystérieuses, alors qu’il était devenu disciple de son vieil ami Savonarole. Des recherches récentes ont conclu à une mort par empoisonnement.

Bibliographie sélective

900 Thèses philosophiques, kabbalistiques et théologiques - (1486)
Apologie : Une Controverse sur Origène à la Renaissance - (1487)
L’Être et l’Un - (1491)
Disputation contre l’astrologie - (1496)

Œuvre

Pic de la Mirandole reste dans l’histoire comme l’exemple d’un parfait érudit et d’un des meilleurs représentants de l’humanisme. Son apport majeur est d’avoir fait traduire et étudié de nombreux textes religieux et philosophiques, et notamment d’avoir introduit l’étude de la kabbale dans la philosophie. S’efforçant de réunir la philosophie et la théologie, ce qui lui valut d’être mis en danger par l’Inquisition, il défend ainsi la doctrine du syncrétisme : chaque religion est portée par une même vérité, qui est seulement regardée depuis un point de vue différent ; d’où la légitimité et la nécessité de toutes les étudier.
Son autre grand travail fut de réconcilier deux doctrines philosophiques jugées incompatibles, le platonisme et l’aristotélisme. Bien que lui-même soit davantage marqué par Platon, il s’efforça de montrer la très grande importance d’Aristote. Il opère ainsi une synthèse entre les deux penseurs, qu’il cherche à rattacher au christianisme.

Citations

« Chacun a en lui-même dix punitions : ignorance, tristesse, inconstance, cupidité, injustice, luxure, envie, perfidie, colère, méchanceté. »
900 Thèses philosophiques, kabbalistiques et théologiques , 1486

« Faire de la magie n’est pas autre chose que de marier le monde. »
900 Thèses philosophiques, kabbalistiques et théologiques , 1486

« C’est la philosophie, précisément, qui m’a appris à dépendre de ma conscience plutôt que des jugements du dehors, et à toujours me soucier moins des mauvaises opinions sur mon compte que de la nécessité de ne rien dire ou faire de mal moi-même. »
De la dignité de l’homme , 1486

« Qu’une sorte d’ambition sacrée envahisse notre esprit et fasse qu’insatisfaits de la médiocrité, nous aspirions aux sommets et travaillions de toutes nos forces à les atteindre (puisque nous le pouvons, si nous le voulons). »
De la dignité de l’homme , 1486